Chapitre 6

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Nous roulons longtemps sans bruit, parfois troublés par un gloussement hystérique de l'un de nous. Je fixe l'horizon et mon cerveau tourne en boucle les évènements d'il y a moins d'une heure. Enfin, la question de notre destination et de notre itinéraire s'impose dans mon esprit. Je garde le silence jusque là resté imperturbé, prend une grande inspiration, et demande :
« On va où ?
- Tout droit, pour aller jusqu'au BI » Répond Lucas.

J'hésite à le reprendre, pour lui dire que, moi, je veux rentrer chez moi, retrouver mes parents qui, au passage, doivent être morts d'inquiétude, mais mes souvenirs me rattrapent et mon désir d'aider les personnes qui étaient prisonnières avec moi il y a peu de temps m'envahit. De toute façon, si je ne les aide pas, je vais le regretter très longtemps. Fichue conscience !

Le trajet se prolonge sans accrocs, et sans bruit aussi, jusqu'à ce que j'aperçoive un quatre-quatre semblable au notre quelques mètres devant nous. J'écrase la pédale de frein et Lucas et Sabrina sont projetés en avant. Ceux-ci me jettent des regards interrogateurs et je leur indique la voiture. Heureusement, les occupants de la fourgonnette semblent ne pas nous avoir remarqués et ils continuent leur route. Notre soulagement est de courte durée car elle s'arrête et fait marche arrière.

Je sens la panique monter et ma respiration s'accélérer. Soudain, Lucas ouvres la porte et saute à terre. Nous l'imitons et rampons sous la voiture. Des hommes armés sortent du véhicule bleu. Je plaque ma main contre ma bouche pour réprimer un cri d'horreur, mais malheureusement, Sabrina n'a pas la même idée et laisse échapper un gémissement. Quelqu'un se baisse et nous attrape violemment par le col. Mon cur bat la chamade et mon esprit s'emballe. Et si ils étaient des cannibales qui vont nous démembrer, nous manger et laisser nos yeux sur le sable...

Tout a coup, Lucas empoigne quelque chose dans sa veste, le pointe sur la poitrine de notre gardien, presse la détente et nous tombons au sol arrosés par une pluie de sang et d'organes. Je réprime un haut-le-cur à la vue des boyaux. Les collègues du garde arrivent en courant mais Lucas à déjà son pistolet prêt à tirer. Il lance dans une voix autoritaire que je ne lui connaît pas :

"Vous nous laissez, et je vous laisse."

Sur ce, les hommes prirent leurs jambes à leur cou. Nous rentrons dans notre voiture le cur battant, mais un sourire de soulagement plaqué sur notre visage.

Soudain, un des gardes passe la tête par sa fenêtre, sort son arme, et tire. Nous nous plaquons au sol, et le laser désintégrant atteint la voiture. Pile à l'endroit où se trouvait le moteur.

Nous nous levons lentement et nos visages se décomposent à la vue de ce qui reste de notre seul moyen de locomotion. C'est une sensation étrange de voir tous nos espoirs réduits à néant dans l'espace d'une seule petite seconde.

Droit dans les yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant