𝑩𝑳𝑶𝑶𝑫 𝑨𝑵𝑫 𝑮𝑶𝑳𝑫. (KIM TAEHYUNG)

14 ; well, shit

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖙𝖊𝖗 𝖝𝖎𝖛
𝓦𝓮𝓵𝓵, 𝓢𝓱𝓲𝓽

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─═ڿڰۣڿ☆ڿڰۣڿ═─
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LES YEUX DU COMMODORE sautaient sur chaque coins de la pièce, observaient chaque détail sur les papiers peints, chaque fissure sur le plafond pour éviter de croiser le regard terne de la jeune femme qui se trouvait en face de lui. Assise sur une chaise placée à quelques centimètres du lit, Rowena l'observait calmement, penchée en avant, les coudes sur les genoux, s'amusant avec sa lame secrète. Elle pouvait facilement voir les gouttes se sueur courant sur la peau de son otage, la façon qu'il avait de s'hydrater les lèvres – ce qui, en soit, ne servait à rien puisqu'elles redevenaient aussitôt sèches – et ce tic nerveux que faisait sa jambe en tressautant sur les planches de bois formant le sol. Il avait peur, et il essayait de ne pas le montrer, cachant au mieux sa respiration rapide, avalant difficilement sa salive, la gorge nouée.

Finalement lassée du silence pesant qui régnait dans la pièce, Rowena soupira puis se laissa glisser contre le dossier de la chaise, jambes et bras croisés. Encore une fois, son regard noir parcourut le visage du Commodore qui fuyait toujours son regard, le dos tendu, les muscles crispés.

- Commodore Chamberlain, je vous trouve bien silencieux, fit-elle remarquer en adoptant une moue faussement déçue.
- Qu'est-ce que cela peut vous faire, maudit pirate ?

Rowena pinça ses lèvres et hocha doucement la tête avant de sourire doucement.

- Rien, c'est vrai. Je préfère vous savoir silencieux plutôt que de devoir subir vos vociférations concernant votre envie de voir mon « espèce » s'éteindre.

Le Commodore rit amèrement, semblant retrouver son état naturel – celui d'un homme dont la haine envers les pirates était si immense qu'il pouvait à peine croiser le regard de Rowena, ayant peur de choper une maladie ou quelque chose du genre. Il tourna finalement la tête vers la brune et encra son regard dans le sien. Si celui de Rowena ne contenait rien d'autre qu'une flamme d'amusement – cette flamme qui ne cessait jamais de briller dans ses yeux –, le regard du Commodore, lui, reflétait une colère sourde et un sentiment de honte enfoui derrière ses iris noires. Honte de se laisser faire par une bête, un singe, un animal. Honte d'être figé par la panique, à deux doigts de se pisser dessus devant un gamin d'à peine vingt ans.

- Vous feriez mieux de vous taire, sale rat, ou votre langue vous sera coupée et ensuite...
- Et ensuite votre corps pendra au bout d'une corde, soupira Rowena en se levant, roulant des yeux, oui, je sais. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où l'on m'a adressé cette phrase, mais voyez-vous, Commodore, la vérité est que je n'en ai rien à faire. Si je dois mourir, soit. Je mourrais. Peu importe la façon dont je mourrais, j'accepterai mon destin.

Le Commodore la suivit du regard alors qu'elle allait se poster devant la fenêtre se trouvant juste à côté du lit. Au loin, derrière les maisons de Nassau se dessinait le camp Britannique. Il était difficile de le voir derrière la brume et l'obscurité de la nuit, mais on pouvait remarquer le feu des torches disparaissait lorsqu'un soldat passait devant. Ce même camp qui, d'ici quelques minutes – et si tout se passait bien – allait être réduit dans une explosion de cendre et de poudre. Rowena pouvait toujours sentir ce sentiment amer brûler en elle, cette tempête qui se battait dans sa tête et dans son cœur. Nassau n'était pas la plus belle ville des Bahamas. Elle puait la pisse, la merde et l'alcool. Les habitants tombaient facilement malade et il n'était pas rare de voir, au croisement d'une rue, un homme gerber ses tripes sur le sol, toussant à s'en arracher la gorge. Parfois, il y avait tellement de pirates ivres-morts sur le sable qu'il était pratiquement impossible de traverser la plage sans marcher sur un corps inconscient. Mais Nassau était leur ville qui puait la pisse, la merde et l'alcool. Nassau était leur maison, ils avaient tellement de projets pour elle, et tous ces projets tombaient à l'eau à cause du Roi et de ses chiens.