Le Nouveau Ciel

Chapitre 11 : Deux grands s'opposent

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Si Nami avait parlé à n'importe quelle autre personne avec un ton aussi irrité, celle-ci se serait sûrement énervée et l'aurait envoyée balader pour lui avoir crié dessus de la sorte.
Robin n'avait fait aucun des deux, pour des raisons répondant elles aussi au nombre de deux :

Premièrement, la brune, après une semaine en compagnie de la jeune rousse, commençait à la connaître, et mettait dans un coin de sa mémoire chaque trait de sa coéquipière qu'elle apprenait. Nami était une personne très maligne, malgré son caractère sévère et têtu, elle savait se montrer pensive, et, comme si ses pensées n'avaient pas assez de place pour rester dans sa tête, des paroles le plus souvent incompréhensibles sortaient de sa bouche, alors que son regard était encore dans la vague. Logique mais peureuse, même si des fois le réfexe humain de protection prenait le dessus sur ses hésitations constantes, il était sûr d'une chose : celle-ci ne se laissait jamais faire, et, entêtée comme elle l'était, si elle considérait avoir raison, Robin n'avait plus son mot à dire.
Deuxièmement, car Nami AVAIT raison, et s'opposer à ses propositions serait complètement idiot de la part de la jeune brune, d'autant plus que c'était elle qui depuis le début indiquait les directions à prendre et conseillait Robin à merveille sur les détails de leur "escapade".

Aussi la jeune brune continuait de faire le même rêve, sans une amélioration au niveau de son sommeil. La même agitation habitait ses nuits, jusqu'à ce qu'à un moment donné elle finissait par se réveiller en sursaut, avec une certaine frustration.

Ce jour ci les deux femmes s'étaient rapatriées à l'abri dans une étable du village qui semblait abandonnée par ses propriétaires, à cause de la pluie torrentielle qui leur était tombée dessus lors de la nuit.
Nami et Robin, trempées jusqu'aux os et essoufflées, avaient courru au village en espérant trouver un abris, un petit peu plus confortable que leur ex bout de buisson.
Robin était perdue dans ses pensées, lorsque, en plein travail de "Rallumage de feu" comme elle l'aimait l'appeler, Nami lui demanda avec le plus grand sèrieux du monde :

- Dis, tes Dieux, tu as besoin de les prier, ou... ?

La brune s'était tournée vers sa coéquipière, le sourire aux lèvres, quoique surprise que la rousse aborde un tel sujet :

- Non. Ils n'éxigent pas qu'on les prie. Tant qu'on est heureux et que l'on se comporte bien, ils le sont aussi.

- Je voulais dire... maintenant que la majorité de la population les a oublié, ils ne vont pas envoyer un message pour ... je sais pas, demander de l'aide aux dernières personnes qui ont la foi en eux.... je m'y connais pas en religion moi !

- Les Dieux ne sont pas très implicites. S'ils devaient m'envoyer un message, je ne le comprendrait sûrement pas tout de suite ...

- Hm.

Nami repris vivement ses occupations, jusqu'à ce qu'une étincelle de la même couleur que sa cheveulure jaillisse avec fougue du silex qu'elle frottait frénétiquement.
Robin la regarda faire, consciente qu'elle devrait tôt ou tard apprendre elle aussi à allumer un feu.
Sans qu'elle ne puisse le prévoire, ses pensées prirent très vite le dessus sur sa concentration, et son regard cerné quitta les mains de Nami pour ne regarder que le vide complet.
La question de Nami était très interressante : les Dieux ne cherchaient donc pas à l'appeler, ou même à se signaler ? Peut être devait-elle se lancer, avant eux, prendre la première initiative.
Elle jeta un coup d'œil vers la saccoche, soigneusement posée sur du foin mouillé. Le cuir était écaillé, abîmé en arraché à quelques endroits. Robin pria pour que les Livres Ancestraux n'eussent pas été touchés.
Depuis qu'elle était sortie de sa bulle de confort, elle n'y avait pas touché une seule fois.
Elle avait peur. Mais peur de quoi ? Étais-ce ça dont lui parlait GrandPa ? Les responsabilités. Se dit-elle intèrieurement. Les reponsabilités me font peur.
Elle n'avait jamais été responsable d'aussi précieux objets. Son Grand-père lui avait déjà confié la garde de la maison, lorsque des fois il s'absentait, et la brune croyait être responsable des précieux ouvrages, mais à présent la réalité la rattrapait tel la foudre : elle était actuellement en possession des 5 Livres ancestraux, des armes contre le gouvernement, que celui-ci recherchait férocement, et elle était actuellement la seule à savoir les lire. Devait-elle s'inquièter pour son propre cas ?
Nami, malgré les anecdotes terribles de sa semaine passée au sein de cette effroyable armée, ne semblait pas extèrieurement inquiète... bien sûr qu'elle l'était, mais aucun des deux ne se rendait réellement compte de leur situation critique.
Si quelqu'un lui avait dit qu'elle suivrait une inconnue au sang chaud à travers le monde, une idée aussi folle que celle qu'elles avaient en tête, elle ne l'aurait pas crue.
Pourtant elle était là, dans cette vieille étable, à regarder la rousse s'obstiner à allumer un feu sur du foin trop humide pour y parvenir, sereinement assise à coté des 5 armes les plus recherchées de la planète.
Tout cela était éxcitant.
Une autre etincelle fit briller les murs humides et froids de leur camp de fortune, et Nami posa la flamme sur le socle qu'elles avaient soigneusement composé de branches et de grosses pierres rigoureuses. Au grand ravissement de Nami et Robin, la pièce qui était quelques temps avant éclairée par la maigre luminosité de la lune qui filtrait par l'unique fenêtre sans vitre dont était dotée la grange, se fit plus lumineuse, et une vague de châleur inonda la pâleur de leur teint glacé.