Chap. 10 Erreur

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Et me revoilà ! Cette fic part vraiment dans la durée, je suis désolée de pas être plus présente. En tout cas, je publie dès que je peux, et j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira ! Bonne lecture !
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Chap. 10 Erreur

[Kagami]

"Mais même ce pagne est de trop bonne qualité pour passer inaperçu, tu ne penses pas ?"
Le basané prit un des pans de mon vêtement entre ses doigts. Ses deux billes abyssales sourirent d'un pétillement.
"Seul un bon marchand pourrait voir de la richesse dans cette pénombre... Ne t'inquiète pas...
-Tu viens avec moi, pas vrai ?
-Bien sûr."
Nous partageâmes un sourire complice.

Le tanné déposa une cape sur mes épaules et rabattit la capuche sur mon front.
"Parfait... Allons-y."
Il me prit par la main et me guida hors de mes appartements. Nous nous plaquâmes à un mur, échappant au regard de Mehi.
"Que fait-il ici ? m'étonnai-je.
-Il est souvent dans les environs. Viens, passons par là."
Il m'attira d'un côté, au travers des couloirs, jusqu'à une porte dérobée.
"Comment connais-tu ce passage ? m'étonnai-je.
-J'ai fait mes repérages avant, tu sais quand on est marchand, il faut apprendre à se sortir de situations compliqués. Allez, viens."
Après quelques minutes à parcourir le palais, nous finîmes dehors, évitant discrètement les gardes. L'homme était habile et félin, se faufilai en me tenant assez fermement.

Nous nous retrouvâmes en ville. Il faisait presque noir, et l'homme me sourit.
"Allez, viens, on va monter sur un toit. Je sais que tu fais ça au palais.
-Comment tu-
-Je sais tout," sourit le hâlé en bondissant sur une façade qu'il gravit avec une étonnante facilité.
Je ris et saisis sa main pour m'élever sur le toit, pas que j'en eus réellement besoin. Je me hissai avec la force de son bras et époussetai mes genoux ayant légèrement frotté le mur de glaise.

Je me redressai et souris devant le palais se dessinant face à moi, dont la plus haute tour pointait vers l'étoile rouge d'Horus.
"C'est Hamarkhis là-bas," soufflai-je en indiquant l'astre.
Le tanné, surpris, se retourna pour regarder.
"Horus rouge, tu dis ? J'avais déjà entendu ce nom... — Tu prêtes foi en la représentation religieuse de l'astronomie ?
-Bien sûr : si les étoiles portent le nom des dieux, c'est qu'elles représentent une partie de leur histoire. Et Nout nous permet de les contempler la nuit... Elle veille sur notre sommeil, tout comme Bès.
-Ta foi est belle."

Un instant, je laissai mes yeux se perdre sur l'homme pensant, fixant le ciel, s'agrippant à certains astres, les délaissant ensuite pour d'autres... Sa beauté au clair des étoiles, et d'Aset brûlait mes iris d'une passion débordante qui coulait peu à peu jusqu'au bout de mes doigts. Ce sentiment là, je ne saurais l'expliquer...

"Quand la nuit est sombre et terne, que les nuages inondent le ciel, et que la lune se cache, trouver son chemin est plus difficile. Souvent, il faut poser le camp et attendre patiemment que le soleil ne nous guide le lendemain. C'est le seul astre fidèle, celui qui revient toujours et qu'on ne peut manquer... Mais vois-tu, lorsque l'on est pressé, reprit-il, ses saphirs noirs pétillant d'adrénaline et de souvenirs, il faut parfois continuer le voyage. Alors souvent, je me fie à celle que j'appelle la petite sœur du soleil, un peu moins fidèle, mais bien plus perceptibles que ses comparses. Elle brille de mille feu et indique l'ouest le soir, l'est le matin, il suffit de garder la notion du temps qui passe. Ishtar..."
Je fronçai les sourcils : ce nom d'étoile m'était inconnu, mais il venait sans doute d'autre part...

"Parles-tu de Douaou ?
-Je ne sais pas, mais on ne peut la manquer. Si mes souvenirs sont bon, Ishtar est une déesse de beauté et d'amour, ce peut être Hathor pour vous.
-Dans ce cas, il s'agit bien de Douaou."
Nous nous sourîmes légèrement.

Pendant plusieurs minutes, nous restâmes silencieux, à regarder le ciel. Je me sentais plus libre ici, l'air me semblait différent, fraîchissant agréablement mes poumons à chaque inspiration. D'un coup, j'eus peur de perdre un instant, réalisant qu'il nous faudrait bientôt rentrer ; ma plénitude laissa place à un sentiment d'urgence total. Je saisis la main du hâlé et l'entraînait plus loin, sur d'autres toits, essayant de visualiser les potentiels obstacles laissés lors des repas ou par les enfants.

"Où m'emmènes-tu comme ça ?
-Je n'en sais rien," ris-je avant de sauter au sol, me rattrapant accroupi, d'une main au sol.
L'adolescent me suivit, tout sourire. Et d'un coup, il se fit morne, le regard braqué sur la Grand place.
"Qu'y a-t-il ? N'est-ce pas beau ?"
Il ne répondit pas, tandis que moi, j'avançai sur la place publique, imaginant les marchands de toutes parts, les harangues et négociations, les enfants et bétails...

Il était resté en retrait. D'ailleurs, il n'avait même pas bougé. Je revins vers lui, alerté par ce comportement si inhabituel. Ses yeux ne brillaient plus. Ils étaient aussi vide que l'enfer...
"Aomine..."
Je posai mes mains sur ses épaules et tentai de capter son regard. Mais il garda la tête basse et ses poings se serrèrent.

Il tremblait maintenant.
"Aomine, dis-moi !"
Il prit une profonde inspiration et releva la tête. Ces magnifiques opales de kyanite se trouvaient recouvertes d'une couche épaisse et ronde de larmes tremblantes. Je ne voulais pas qu'il pleure... Qu'avais-je dis ? qu'avais-je fait ?

Battement de cil ; je crus mourir : le flot se déversa, sans même qu'une expression ne traverse le visage absent du serviteur.

Je le pris dans mes bras, le serrai de toute ma force, lui murmurai de se calmer avec la plus profonde douceur dont j'étais capable de faire preuve.

"Partons de là, viens un peu plus loin et remontons sur un toit."
Il m'obéit, me suivit sans une seule fois ouvrir la bouche.

Je le forçai à s'assoir, caressant son cou à la jonction de sa mâchoire et de ses cheveux.
"Explique-moi...
-Je veux rentrer..."
J'hésitai à insister mais restai muet après réflexion.

Après de longues minutes de silence, les larmes disparurent du visage du métis. Nous nous levâmes et rentrâmes, discrètement. Quand le tanné voulut regagner ses appartements, je le retins au poignet et l'attirai dans ma chambre.
"S'il te plaît, Kagami, je ne veux pas parler maintenant...
-Je ne te demande pas de parler."
Il haussa un sourcil et me fixa profondément ; je soupirai en un léger sourire.
"Reste pour la nuit."
Il finit par opiner, le visage dur et crispé.

Nous nous assîmes contre un mur et restâmes silencieux. Son souffle bloqué se débrida peu à peu pour recouvrer un rythme normal. Il avait les yeux clos, les traits de plus en plus lâches... Sa mâchoire, cependant, gardait la trace de sa nervosité. Je me laissai choir sur le côté en quelque sorte, pour que nos épaules nues s'épousent. Je ne comprenais ces pulsions me prenant...

J'avais refusé qu'il  retourne dans ses quartiers. La confrontation avec les autres esclaves ne pouvait actuellement pas lui être bénéfique... quoiqu'évidemment cette explication ne soit qu'un prétexte pour le garder plus longtemps en ma compagnie.

Un temps après, l'homme recommença à trembler. Il avait la tête détournée et le mouvement de ses épaules me montrait bien qu'il pleurait. Jamais je n'eus cru qu'un homme si fort pouvait pleurer...
"Kagami..."
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Et voilà ! J'espère que ça vous a plu ! Rendez-vous dès que possible pour enfin connaître la source de ce mystérieux mal ! Bye, Kagamine ❣️

Saphirs du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant