Chap. 12 Sous la lune

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J'empile les retards... Mais bon, je devrais être capable de me dégager un peu plus de temps à l'avenir, donc je reviendrai peut-être sur un rythme de publication plus agréable ! Sur ce, bonne lecture !
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Chap. 12 Sous la lune

[Aomine]

    J'avais fait comme il me l'avait demandé : sitôt mon explication sur mon absence aux dortoirs terminée, je retrouvai ses appartements. Vides bien sûr. Alors il me fallut l'attendre, en silence puisque je n'avais rien le droit de faire.

    Je savais qu'il me permettait bien trop, que je n'étais même pas censé aspirer à certaines choses qu'il m'offrait sans même y réfléchir... Alors oui, finalement je pourrais m'occuper pendant cette attente, je pourrais même sans doute quitter la pièce et n'y plus revenir avant ce soir, sans même qu'il ne me punisse. Mais non. Je restais immobile, assis sur un sofa, les yeux rivés vers la porte. Je voulais le voir.

    Depuis cette nuit, il me fallait pouvoir le regarder droit dans les yeux. Il fallait que je comprenne, que je réponde à mes questions folles... Alors j'attendais ; docilement.

    J'observais les fresques représentant l'histoire de l'Égypte, des guerres, du Nil et des dieux. Kagami vivait dans ce luxe, et pourtant il n'avait pas pris cet air désagréable des personnes d'importance. Un ange peut-être... Cet homme était mon ange à moi du moins, celui qui allégeait mes chaînes, qui épongeait mon front et me faisait regarder le ciel pour me faire comprendre qu'il y avait de l'espoir.

    Il entra, tout sourire.
"Tu ne meurs pas de faim ?"
Si... bien évidemment.
"Ça va."
Il ricana.

    Rapidement après, un serviteur entra avec un immense plateau de fruits. Une véritable corne d'abondance... la démesure était présente. L'homme salua bassement le prince et sortit. J'avais presque oublié la position du rouge... Il était si naturel avec moi.
"Vas-y, sers-toi."
Je déglutis de surprise et de hâte mêlée, avant de me lever et de tendre le bras vers la corbeille.
"Merci," soufflai-je.
Il se contenta de rire et de s'avancer vers moi. Là, il déposa une main sur une de mes épaules et m'observa d'un œil bienveillant et amusé.

    "Kagami ? articulai-je la bouche pleine.
-Mm ?
-Pourquoi tu fais tout ça ? Toujours...
-Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu me donnes... J'essaie de te rendre la pareille au maximum, même si je sais que j'en suis incapable.
-Kagami... Tu me donnes tellement... Toi non plus, tu ne te rends pas compte..."
Il s'assit à mes côtés et se pencha sur moi. Ses yeux cherchèrent les miens pendant plusieurs secondes, s'échappaient, revenaient, hésitaient, s'embrasaient... puis se détournèrent totalement.

    L'homme appuya sa tête contre mon épaule et soupira lourdement.
"Quand peut-on ressortir ?"
Je souris.
"Dès ce soir, je suppose, à moins que tu n'aies un empêchement."
Il ne répondit rien. Intérieurement, ma joie explosait ; je me contentais de quelques délicieuses dattes.

***

    Le vent avait un autre souffle ici... L'air un autre goût, une saveur... La liberté effleurait mon visage. Je tournai un œil vers mon voisin ; ma bouche s'assécha.

    La tête balancée vers l'arrière, les yeux mi-clos dont les cils courbés, d'un brun rougi tendaient vers le ciel, les cheveux dont les étranges boucles virevoltaient au vent... Je pus soudain sentir mon cœur battre dans ma poitrine, la heurter puissamment. Lui aussi sentait cette délivrance unique... mais elle n'était pas la cause de cette ardeur dans mes poumons.

    Il tourna la tête, lentement et souleva légèrement ses paupières. Ses lèvres légèrement ouvertes portaient une teinte rosée brunie par la nuit. Je frémis. Il se pencha. Vers moi.

    Mon cœur me faisait mal, mon esprit me quittait. Je laissai mes yeux se fermer presque entièrement, tournant mon corps vers celui du fils du soleil. Une de ses mains atteignit mes hanches et me rapprocha du corps musculeux de l'adolescent. Je me laissai faire, totalement perdu.

    Nos bouches s'avançaient, se cherchaient dans l'hésitation. Puis je sentis une douce chaleur irradier mes lèvres, s'écraser sur elles avec douceur. Cette sensation nouvelle était... étrange... et assez agréable, je dois dire...

    Nous nous séparâmes pour immédiatement recommencer, toujours incertains, puis de plus en plus, assurants nos gestes. Nos bouches s'enlaçaient, décidaient de se garder entre elles. Nos corps se collèrent ; une de mes mains prit appui dans ses cheveux pour approfondir l'échange.

    Puis, d'un coup, sonnés, nous arrêtâmes. Nous restâmes dans les bras l'un de l'autre, silencieux, sans nous regarder.

    Nous nous lâchâmes finalement, avec une sorte de gêne.
"Kagami...
-Excuse-moi...
-Je..."
Ma bouche se clos, je ne savais quoi dire.

    Le rouge s'assit, les pieds battant au-dessus du vide. Ses yeux fixaient les toits plats où les gens mangeaient par les beaux jours. Il devait être perdu, lui aussi... Moi, je le regardais. Nous nous étions aimantés. Et j'avais apprécié.

    "Viens à côté de moi."
J'obéis docilement, restant silencieux. Je voulus tout d'abord garder mes distances, mais mon corps refusa et m'assit presque contre lui.
"Aomine... Si je te dis que tu peux fuir, là, que tu peux par un mot me sommer d'arrêter tout... que je te garderais comme serviteur aux yeux des autres, mais que je te laisserais vaquer à tes occupations, faire ta vie... dirais-tu ce mot ?"
Mon cœur tambourinait dans mon poitrail. Mon souffle se fit erratique.

    "Non."
Je le sentis frémir.
"Malgré ce que j'ai fait ?"
Je gardai le silence, sentant sa question inaboutie.
"et que je risque fortement de refaire ?"
Voilà mon choix.

    Je devais répondre... C'était fou...
"Tu le dirais ?"
J'étais tiraillé entre les deux options, ne comprenant plus rien à ce qu'il se passait.

    Mes yeux cherchaient les siens. Non, il fixait le vide, dans l'attente.
"Non... murmurai-je. Non, je ne le dirais pas."
Il y eut un silence ; il ne s'attendait pas à ces mots, je le savais bien.

    "Tu... Je suis très sérieux, Aomine.
-Je le suis aussi. — Cela ne m'a pas déplu, au contraire.
-Tu sais... ce que cela signifie pour moi ?
-Non. Non, et je ne sais même pas ce que cela signifie pour moi. Mais je veux vivre cela."
Je fermai les yeux, ne comprenant pas même mes paroles, ni leur signification, ni leur portée.

    "Et ton amie ?
-Satsuki ? Pourquoi parles-tu d'elle ? Elle n'a jamais été qu'une sœur à mes yeux. C'est de nous dont il est question.
-Aomine... Tu es fou."
Je saisis son menton et tournai son visage face au mien. Un sourire narquois, léger, tâcha mes lèvres, tandis que mon regard s'assombrissait un peu plus. Mes cils se jouaient de ma vision, la rendant de plus en plus faible au fur et à mesure du temps qui s'écoulait.
"C'est bien possible."
Nos bouches s'embrassèrent tendrement ; c'était différent des baisers précédents. Il n'y avait rien pour décrire ce que je ressentais... C'était comme s'il n'y avait plus rien, rien que nous, la lune et ce baiser. Mon ventre frémissait d'un agréable picotement qui se répandait le long de mon échine et mélangeait mes dernières pensées cohérentes.

    Avec regret, je me retirai, à peine, juste assez pour que le contact soit rompu. Nos souffles symbiotiques se mêlaient, d'un rythme calme mais d'une profondeur qui différait d'une simple respiration. Un sourire commun naquit de cette réalisation.

    Dans la nuit nous n'étions que deux silhouettes se découvrant... pas de prince... pas d'esclave...
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Trop de bonheur... Cela ne peux durer, vous vous en doutez ! Rendez-vous au plus vite pour la suite ! Bye, Kagamine ❣️

Saphirs du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant