Chapitre 2 : Regarde toi

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- Et donc ? À qui ai-je l'affaire ?

Ils étaient partis, et la trappe s'était ouverte sur le visage joueur de l'homme dont je ne connaissais rien, mais qui m'avait pourtant sauvée.

Je me hissa sur le rebord et sorti de ce trou humide qui a assuré ma survie pendant une dizaine de minutes.

- Je n'ai pas vraiment de nom, dis-je.

- C'est la deuxième fois que je croise l'un d'entre vous.

Je sursaute et me retourne vers lui.

- Tu es au courant...?

- Heum...oui! L'OCO a beau le cacher, je m'en suis toujours douté. Je me disais que, quelque part dans le monde, il devait y avoir des gens libres qui n'obéissent pas aux règles imposées.

- Libres ? Je ricanna et m'approcha de lui. Dans tes rêves peut-être, la réalité est bien différente.

- Je sais que j'ai tout à apprendre, alors on a qu'à dire que tes réponses constitueront ton loyer pendant un temps ? Ça te dit ?

Carrément même. Y'avait pas meilleur deal. Tout ce dont je rêvais était un foyer dans lequel je pourrais vivre sans inquiétude.

- Je marche.

- Nikel ! S'exclame t-il enthousiaste.

Je me demande si dans quelques jours il sera toujours aussi passionné par notre cas. Probablement non, une fois qu'il aura appris la tuerie dont nous sommes victimes.

Je fis quelques pas vers le couloir avant de m'arrêter.

- Ça te dérange si je vais me doucher ?

- Non vas y...euh...

- Tu n'as qu'à m'appeler Moon.

- Ki-...Namjoon.

Il voulait probablement ne pas m'embarrasser avec son nom, étant donné que je n'en possédais pas.
C'était certainement ça.

Enfin il ne sait pas que je l'ai déjà entendu tout à l'heure. Kim Namjoon...et il n'avait pas l'air d'être n'importe qui. La simple évocation de son nom a fait trembler un Killer et, ça, je le gardais dans un coin de ma tête.

Oui, je l'enviais. Mais j'avais pas trop eu le choix. Je n'avais pas choisi d'être née là bas, ni que mes parents meurent à mes 4 ans...

Je hoche simplement la tête et parcours le couloir au parquet imitation bois à la recherche d'une salle de bain.

[...]

L'eau tiède coule le long de ma peau sale.
Prendre une douche est un bien être considérable pour moi. C'est quelque chose de rare, et presque de divin.

Je sors de la cabine après quelques minutes et me regarde longuement dans le prestigieux miroir.

Evidemment, même propre, j'étais misérable, affreuse, monstrueuse.
Mes joues étaient creusées par la faim, mes cernes coloraient mon visage d'un bleu nuit et ma peau s'étirait en apparence de rides.
Des bleus et des hématomes couvraient certaines parties de mon corps, notamment les coudes et les genous, à force de tomber.

Je soupirais et laissais ma main glisser le long de mon visage, avant de me tourner vers la porte d'où quelqu'un venait de toquer.

Je m'enroula rapidement dans une serviette qui me paraissait propre avant d'entrouvrir la porte.

Namjoon détournait le regard, tendant sa main qui tenait des vêtements propres.

Je les saisi et le remercia.

Je n'avais pas l'habitude d'être traitée ainsi, alors je restais sur mes gardes.

Je me change rapidement en enfilant le t-shirt noir ainsi que le long short rouge de mon hôte.

Je sortis ensuite de la salle de bain pour me diriger vers la cuisine.

Je prenais mes aises, certes, mais il me fallait profiter de la bonté passagère d'un citadin.

Le salon est vide, mais je peux apercevoir une silhouette s'activer dans la cuisine.

Je m'approche et, quand il s'apercoit de ma présence, il se retourne en me détaillant, precisémment mes jambes bleutées.

- Oh mon dieu ! Tu es si maigre !

- Non, tu trouves ? Sérieusement je vis dehors Nam...dis-je avec sarcasme.

- Nam ? Fit il étonné.

- Ça te dérange ?

Il me sourit et fait un signe négatif de la tête avant de reprendre sa cuisson qui me donnait l'eau à la bouche.
Mon ventre criait famine tant que j'avais envie de sauter sur cette nourriture avant même qu'elle ne cuise.
Ça faisait combien de temps depuis la dernière fois où j'avais mangé un repas cuisiné ?

- Allez, il faut que tu manges, conclut-il. Assieds toi sur le sofa.

Je ne me fis pas prier et m'affala sur ma matière moelleuse et veloutée.
En face de moi se trouvait une table basse en verre ainsi qu'un télévisieur écran géant sur le mur.

Namjoon s'approcha et me tendit mon assiette.

- Fais gaffe, mange doucement. Ça doit faire longtemps que tu n'as rien avalé et tu risques de vomir.

Je hochai la tête tandis qu'il s'installa à mes côtés.

Je posais mon assiette sur mes genoux et me ruais sur la nourriture trop parfaite pour mes papilles inexpérimentées.

Namjoon rigola face à cette scène et se saisit d'un objet rectangulaire. Il appuya sur un bouton et l'écran plat s'alluma comme par magie. Une personne enfermée dans l'écran se mit à parler.

- C'est une série. The hundred ? Tu connais ?

Je le fixe avant de lever un sourcil, lui faisant comprendre que ce n'était pas le genre de questions à poser.

- Nam..., soupirai-je.

J'étais assez embêtée par la situation. Namjoon était enthousiaste à l'idée de tout savoir sur moi et les autres, alors que je n'avais que ma vision des choses pour le contenter.

Mon monde réduit à l'état de ridicule, animé par les fuites désolantes et les recherches peu fructueuses.

Voilà ce qu'était mon monde, voilà à quoi se résumait ma vie.

- Moon, aimerai tu pouvoir sortir dehors sans que l'on t'interpelle ? Demanda Namjoon, plongé dans ses pensées.

Je souris à cette pensée mais reviens vite à la réalité.

- Ce serait un rêve.

Il se tourne vivement vers moi et me regarde de ses yeux pétillants.

- Alors que dis-tu de le réaliser demain ? Me propose t-il posément, un sourire aux lèvres.

MoonChild / K.Nj. [FINI] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant