XV : Drôle de soirée

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Une fois rentrée chez moi, je m'étais faite assaillir de questions par Danaé. Nous étions seule à la maison, ma mère travaillant encore tard ce soir-là. Inquiète pour moi, elle m'avait dit un nombre incalculable de fois que si je voulais, elle pouvait dire non. Elle n'avait arrêté de me harceler que lorsque je lui avais dit que Danaé resterait avec moi.

Nous étions donc en train de préparer à manger... du moins je préparais à manger, et Danaé me regardait en essayant me prenant la tête pour que je lui raconte ma sortie avec Gaël.

- Mais il y a rien à dire !, m'exclamai-je en coupant les poireaux.

- Tu rougissais quand tu es rentrée ! Il s'est forcément passé quelque chose ! Il t'a embrassée, je suis sûre

- Mais non, Dan ! Ça fait trois fois que je te dis non ! Aïe !

Je venais de me couper, déconcentrée par les questions de mon amie. Du sang perla au bout de mon doigt et, par réflexe je le mis à la bouche. En soupirant, je décidais de me rincer le doigt, tout en sortant du désinfectant. Cependant, alors que j'allais pour le passer sous l'eau, je vis la plaie se refermer doucement. Surprise, j'observais Danaé. 

- C'est toi qui a fait ça ?

Elle me regarda, sans comprendre.

- Quoi donc ?

Je lui montrais mon doigt, complètement guéri.

- Me soigner.

Elle parut tout aussi surprise que moi.

- Hein ? Non. Je peux pas soigner moi, je peux seulement ressusciter. 

Prises de panique, nous commençâmes à regarder autour de nous, craignant de découvrir un intrus.

- Tu crois qu'il y a quelqu'un ?, murmura Danaé à mon oreille. 

Tout en serrant sa main dans la mienne, je secouais la tête.

- J'en ai aucune idée, répondis-je sur le même ton, je préférerai découvrir que j'ai une régen passive, là tout de suite.

- Ok, j'ai un plan... on continue comme si de rien n'était. Mais prépare-toi à tout cramer au moindre bruit, dit-elle

- Quoi ? Mais t'es folle !, chuchotai-je

- Non, mais si y a vraiment quelque chose et que ça voulait nous attaquer, ça l'aurait fait depuis longtemps. Alors que si on le repère, il risque peut-être de justement réagir de manière violente.

Son raisonnement tenait la route, je repris donc à couper mes poireaux pour nous faire une fondue de poireaux, tout de même prête à foutre le feu à tout ce qui paraîtrait suspect. Je n'aimais pas utiliser le feu pour détruire, mais quelques fois, ça ne faisait pas de mal. Et puis, Danaé n'ayant aucun pouvoir offensif, ce devrait être moi l'attaquante du duo. Nous reprîmes notre conversation, tout de même toujours tendues.

- Bon qu'est-ce qu'il a fait alors ?, demanda Danaé avec un air détaché.

Elle était vraiment bonne comédienne, plus aucune trace d'inquiétude ne figurait sur son visage. Je ne me débrouillais pas aussi bien.

- Mais rien ! Il m'a dit que j'étais jolie dans cette robe, c'est tout, bafouillai-je 

Elle tapa sur le comptoir. 

- Je le savais ! Tu lui as tapé dans l'oeil ! Bon. Bah tu sais ce que t'as à faire.

- Quoi donc ?

- Le draguer, le charmer, le séduire. Le faire tomber fou amoureux de toi, et te servir de lui... OU tomber toute aussi amoureuse et jouer les Roméo et Juliette.

Je rougis violemment à cette idée.

- Il n'en est pas question ! Et en plus, on n'est même pas sûres qu'on doit s'en méfier. Laisse-le vivre, veux-tu ?

Elle me regarda avec un sourire en coin.

- Tu commences à le défendre, tu sais ce que ça veut dire...

- Que c'est un bon ami ! Rien de plus. Maintenant fous-moi la paix où je mets du piment dans ta part.

- Roh, ça va... Tu devrais me remercier quand même.

Je me tournais vers elle, l'air ahurie.

- Te remercier pour quoi au juste ?

- Bah c'est moi qui t'ai fait toute belle ! 

Je soupirais.

- Je dois bien admettre que tu avais raison pour cette tunique... elle rend très bien en robe... Mais vire-moi ce sourire débile de ton visage, ce n'est pas à cause du compliment de Gaël !

Elle sourit de plus belle.

- Ah mais j'ai rien dit, c'est toi qui imagine des choses...

Je me tus, renfrognée. Je continuais à cuisiner.

- Bah alors, tu boudes ?, me fit Danaé au bout de 5 min de silence, Tu devrais pas t'es bien plus belle quand tu souris.

Je l'ignorais, faisant cuire mes poireaux avec attention. Je couvris mon wok et sortis mes pavés de saumon pour commencer à les préparer.

Danaé commença à me chatouiller.

- Arrête !, m'exclamai-je, Tu sais que j'aime pas ça !

Elle continuait.

- Oh un petit sourire ! Tiens donc ! C'est que tu es encore capable d'en faire dis-moi !

J'éclatais de rire, cherchant à me débarrasser de mon amie.

- A-arrête ! Je cuisine !

- Pas tant que tu n'as pas avoué que ce compliment t'a donné envie de te faire jolie plus souvent.

Je tentais de résister, mais finalement les chatouilles étaient beaucoup trop fortes.

- Ok, ok ! J'avoue ! Ça a joué...

Elle arrêta, sautillant sur place.

- Je le savais !

Je repris la cuisine, le rose aux joues.

- Les aveux sous la torture n'ont aucune valeur, marmonnai-je

Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Il est vrai que ça m'avait fait plaisir. Mais le plaisir venait du compliment, pas vraiment de la personne. Je n'avais juste pas l'habitude de ce genre de compliments.

Danaé me laissa continuer ma cuisine.

- Prétends ce que tu veux, en attendant je ne serais pas surprise le jour où tu m'annonceras que tu sors avec lui.

Je levais les yeux aux ciel, ignorant sa dernière remarque.
Alors que nous mangions, nous reçûmes toutes les deux un message. L'écran de nos téléphones indiquait "Irène". Le nouveau numéro d'Elisa.

Le message était le suivant.

"Si l'on vous demande, j'ai déménagé. C'est la version que j'ai donné à l'école et à nos amies. Je m'occupe de gérer mes parents. Faites vraiment attention, et vérifiez bien que vous n'ayez pas de marques inconnues sur le corps ou sur vos vêtements."

La dernière phrase retint notre attention.

- Des marques inconnues ?, fis-je

Danaé haussa les épaules, aussi perdue que moi. Décidément, cette histoire me paraissait de plus en plus étrange.

Emma PyrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant