Emma Pyren

XII : Le plan d'Elisa

Le lendemain, je fus réveillée par un appel d'Elisa. Je mis un temps à me resituer, tout en décrochant.

- Allô ?, fis-je d'une voix enrouée tout en sortant de la chambre pour ne pas réveiller Danaé.

- Allô, je te réveille ?

- Un peu... 

- Il est midi, même moi qui ne suis pas du matin j'étais réveillée.

- T'es aux horaires de l'hôpital, c'est normal... Attends, midi déjà ?

Je l'entendis pouffer derrière le téléphone.

- T'as fait la fête hier ?

- Non, Danaé a eut besoin de parler, je t'expliquerai..

Je l'entendais respirer fort dans le combiné.

- Tu te tapes un sprint dans les couloirs ?, demandai-je surprise

- Non, je marche en ville. Je viens de sortir de l'hôpital

- Oh... tu es sûre que ça va aller...?

- Emma, arrête de jouer les mamans poules. Je suis parfaitement rétablie, ça a marché.

- Qu'est-ce que t'as fait exactement ?

- Un bain d'étoile. T'es chez toi ?

- Non, je suis chez Dan, du coup. Tu veux qu'on se rejoigne quelque part ?

- Ouais, au parc près du lycée.

- Ok, j'arrive.

Je raccrochai juste pour entendre la porte de la chambre s'ouvrir sur une Danaé fatiguée.

- Salut, je t'ai réveillée..?

Elle acquiesça en se frottant les yeux.

- C'était qui ?, marmonna-telle

- Elisa. Je vais la rejoindre au parc... sans doute par rapport à l'Ordre Gemme, tu veux venir ?

Elle acquiesça.

- Ça m'aidera beaucoup de voir que je suis pas seule.

Nous nous préparâmes donc et rejoignîmes Elisa au parc. En me voyant arriver avec Danaé, Elisa sembla confuse et me jeta un regard embêté.

- T'inquiète, elle est au courant, m'empressai-je de dire, elle aussi a reçu une lettre.

Elisa se détendit alors.

- Oh, je vois. Décidément, à croire qu'ils s'acharnent sur notre groupe d'amis.

Je souris et m'assis à la table de bois, tandis que Danaé prenait place dessus. Elisa prit la parole.

- Bon.... Je ne pense pas retourner avec mes parents de sitôt. Ils sont à l'hôtel, vu que la maison a cramé. Je leur ai dit que j'allais chez toi.... en vérité, j'ai plutôt prévu de disparaître de la circulation.

- Hein ? Pourquoi ?, m'exclamai-je inquiète.

- Mais enfin, réfléchis ! Si jamais l'incendie est de leur fait, c'est simple pour eux de me traquer dans mon quotidien. Et vous devriez faire pareil d'ailleurs, même si je ne vous l'imposerai pas.

Danaé fronça les sourcils.

- Tu penses que l'incendie qui t'a envoyé à l'hôpital est l'oeuvre de l'Ennemi qu'ils citent dans la lettre ?

Elisa acquiesça.

- C'est une possibilité et je ne veux pas prendre le risque de l'ignorer. Si je vous préviens c'est parce que je vous fais confiance. Donc j'aimerais que vous gardiez le silence à ce sujet... N'en parlez à personne. Pas même à Gaël, rajouta-t-elle en me regardant

- Pourquoi ?, demanda Danaé

- C'est lui qui m'a dit qu'Elisa était en danger..., répondis-je, donc on préfère se méfier... je te l'ai dit hier soir, il me semble.

- Pardon, j'ai oublié beaucoup de choses... c'est tellement... fou !

Je comprenais ça. Elisa reprit.

- Si jamais vous voulez me contacter, voici mon nouveau numéro. Je vous le donne à vous et à vous seules, ne le divulguez sous aucun prétexte.

Elle posa un papier sur la table et nous nous empressâmes de le copier dans notre téléphone.

- Et ne mettez pas mon nom. Mettez Irène plutôt.

- Irène ?

- Mon deuxième prénom. Quand vous m'appellerez, vous direz Irène également.

Nous acquiesçâmes.

- Mais comment tu vas faire pour l'école ?, demanda Danaé

- J'y ai réfléchi et je n'ai pas encore trouvé de réponse. Bref, dès que j'aurais besoin de vous contacter ce sera par ce numéro.

Elle me tendit ensuite le papier.

- Brûle-le, je ne veux pas qu'on tombe dessus.

- Ici..? Tu n'as pas peur qu'on..

- On ne te verra pas. J'ai choisi spécialement cette table parce qu'on ne peut voir ce qui s'y passe que d'un seul côté. Côté que je surveille actuellement. Personne ne nous verra, vas-y.

Je m'exécutai, laissant les cendres du papier s'envoler, subjuguée par toutes les précautions qu'elle avait prises. Elle se leva.

- Bon j'y vais. Faites vraiment attention à vous les filles. Et en cas de besoin, contactez-moi.

Nous acquiesçâmes et elle partit, nous laissant là, à contempler à quel point elle était bien plus préparée que nous.