Emma Pyren

XXII : Ô Roméo... Pourquoi es-tu Roméo ?

Les jours passèrent sans que je recroise Gaël. J'étais à la fois soulagée et triste. Quelque chose au fond de moi aurait espéré pouvoir le revoir. Son regard empli de détresse l'autre nuit, ses gestes doux,... j'avais du mal à croire qu'il puisse être mêlé aux plans de l'ennemi. Et puis.. il n'avait même pas cherché à appliquer de runes sur moi les deux fois où l'on s'était revus... Il aurait essayé de me pister s'il était de leur côté, non ?

- Emma ?, fit Elisa, À quoi tu penses ?

Je papillonnais des yeux, redescendant sur terre. Elisa et moi étions en train de ranger les décorations de noël. Nous n'avions jamais trouvé le temps de le faire jusqu'ici. J'étais à présent penchée au-dessus du sac de guirlande depuis 10 bonnes minutes.

- Oh euh... rien...

- Tu ne veux pas me dire..? Pourtant ça a vraiment l'air de te tracasser depuis quelques jours. Il se passe quelque chose à ton travail ? En-dehors ?

Je baissais les yeux. Comment lui expliquer ma situation sans révéler le fait que j'avais revu Gaël..?

- Je... Il y a.. cette personne dont j'ai envie d'être proche... mais on m'a dit qu'il pourrait me faire du mal... J'essaie de m'en tenir éloignée mais... Quelque chose en moi a vraiment envie d'en apprendre plus et de rester avec lui...

Elle ne répondit pas, le regard bas. Un silence s'installa avant qu'elle soupire.

- T'as revu Gaël, n'est-ce pas ?

Je me figeais. C'était si évident ? Elisa soupira à nouveau.

- Emma... On n'a pas quitté nos familles respectives pour rien...

- Je sais...

- Tant qu'on n'a pas éclaircit le mystère autour de Gaël on ne peut pas se permettre de garder contact et de l'innocenter.

- Je sais...

- Tu sais mais tu continues de le voir !

- Non ! Je.. c'était un accident... La première fois il m'a aperçue sur mon lieu de travail et... La deuxième fois je me suis dépêchée de rentrer ! Je ne lui ai pas plus parlé... J'ai même vérifié les runes ! Il n'en avait mise aucune...

Elisa soupira.

- On ne peut pas se contenter de se dire que s'il ne fait pas trop de choses suspectes il est gentil. Il suffit d'une chose pour que ce soit suspect. Tu ne peux pas juste te dire que comme ça fait longtemps il a sûrement changé de camp !

Je ne dis rien. Je savais bien qu'Elisa avait raison. Mais ça me faisait mal... je voulais passer du temps avec lui et juste me sentir bien. C'était un bon ami et... Et je ne voulais pas le perdre de vue. Je voulais qu'il soit plus qu'un ami ! Je me sentais bien à ses côtés... je ne voulais pas laisser passer ça. Mes joues prirent une couleur rouge. J'avais beau ne pas vouloir me l'avouer, je ressentais quelque chose pour Gaël. C'est pour ça que ça me faisait si mal de le traiter comme un ennemi.

La main d'Elisa se posa sur mon épaule. Elle m'offrit un regard empli de compassion. Se rendait-elle compte de ce que j'éprouvais pour lui ? Je l'ignorais. Je savais juste qu'elle avait raison. Il fallait que je me détache de ces sentiments.

- Je comprends à quel point ça doit être difficile pour toi, Emma. Et je sais que tu comprends ce que je te dis. Je sais que tu comprends l'importance de tout ça. Alors... je te laisse y penser. J'espère juste que tu seras capable de dire non.

Je baissais les yeux et me remis à ranger. Je n'avais pas le choix. En temps de guerre, il fallait pouvoir réfléchir avec la tête et non avec le coeur. Je ne devais pas leur offrir une arme contre moi.