XXVII : La détresse d'Alix

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Le lendemain, après le travail, mes pas m'avaient à nouveau guidée vers ce parc. Une fois de plus, le froid faisait qu'il était absolument désert. J'étais à nouveau seule dans cet endroit isolé du monde. Mais.. pas pour longtemps.

Alors que je faisais à nouveau apparaître une petite flammèche au creux de mes mains, j'entendis une voix derrière moi.

- Tu es revenue ! Oui !

Je me tournais vers l'entrée du parc, juste à temps pour voir Alix me foncer dessus. Elle se jeta sur moi, me serrant avec force au niveau de la taille. Je faillis tomber, déséquilibrée.

- Je suis contente que tu sois là, fit-elle, je voulais pas être seule à attendre mon grand frère.

Je lui souris, tandis qu'elle me lâchait finalement.

- Gaël va venir ?

Elle hocha la tête.

- Oui ! Je suis sortie de l'école, il doit venir me chercher juste après son école, lui. Mais... j'avais pas envie de l'attendre à la maison... papa est en colère..

Sa petite voix triste me brisa le coeur. Comment une si petite fille pouvait porter sur ses épaules quelque chose d'aussi lourd..?

- Gaël m'a dit de l'attendre au parc, si je ne voulais pas rentrer à la maison. Du coup je suis là ! Parce que... papa me fait peur. Et je ne veux pas que Gaël et lui se battent...

Je la pris dans mes bras, ne sachant pas trop quoi faire de plus. Elle avait l'air vraiment triste. Je lui proposai de nous asseoir sur un banc pour discuter. Elle hocha la tête et nous nous assîmes sur le banc au fond du parc. Elle fit un petit sourire.

- Tu sais... quand Gaël me dit qu'ils jouent à la bagarre, je sais très bien qu'ils ne jouent pas... Mais... mais Gaël serait trop malheureux si je lui disais que je savais... Parce que... il essaie toujours de me protéger.

Son sourire triste me rappela celui de Gaël. Un sourire, comme pour se consoler soi-même. Un sourire pour ne pas trop inquiéter les autres, pour se dire que la situation n'est pas si horrible. Ce sourire-là, sur le visage d'une petite fille de son âge, m'atteint au coeur, d'une profonde déchirure. 

Elle leva les yeux vers moi.

- Dis... t'es une fée, hein..? Tu peux exaucer les voeux..? Parce que j'aimerais que Gaël et papa arrêtent de se battre. Des fois, même... Papa il me crie dessus et il veut qu'on se batte, quand Gaël est pas là. Alors moi... je vais dans les toilettes et je ferme à clé. Tu sais.. ça me fait peur, parce qu'il tape très fort à la porte pour que j'ouvre. Dès fois, j'ai l'impression qu'il va casser la porte. Et puis... il finit par s'en aller. 

Des larmes commençaient à couler sur ses petites joues. Je me sentais.. si impuissante. Je voulais aider cette petite... mais.. je ne pouvais rien faire. Elle leva un regard vers moi, empli d'espoir et de détresse.

- Tu... Tu peux nous aider ? Les fées... ça aide les gens, hein..?

J'aurais voulu lui dire que oui, que tout allait s'arranger. Mais je ne pouvais que faire face à sa détresse. 

- Tu sais... je... je ne suis pas une fée assez forte pour... pour exaucer les voeux. Je voudrais t'aider, vraiment... du plus profond de mon coeur, mais... 

Je vis l'espoir s'éteindre au fond de ses prunelles. Elle baissa le regard, résignée.

- Oh... d'accord. C'est pas grave alors... je voulais pas t'embêter..

Elle essuya doucement ses larmes d'un revers de manche. Reniflant comme pour ravaler sa détresse. Tout son être semblait crier à l'aide, et moi j'étais là. Impuissante. Elle continuait de sangloter doucement, malgré ses efforts pour arrêter de pleurer.

Emma PyrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant