XVIII : Avec Elisa

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- Ne bouge pas, j'arrive, m'avait dit Elisa

Je n'avais pas bougé, j'étais restée recroquevillée contre le mur, tremblant comme une feuille. Sous un lampadaire, sur la route principale, je ne risquais rien. Personne n'oserait venir m'agresser.

J'entendis des pas approcher, et je levais la tête, paniquée. Il ne s'agissait que d'Elisa. Je me serais précipitée vers elle si je pouvais me lever. Elle s'accroupit près de moi.

- Tu n'es pas blessée ?, me demanda-t-elle avec un ton bienveillant

Je secouais la tête.

- Tu peux te lever ?, ajouta-t-elle

Je baissais les yeux et marmonnai.

- I-il me faut un peu de temps.

Elle posa une main sur mon épaule. Son contact me fit un bien fou. Je n'étais pas seule, je pouvais m'en sortir.

- Prends ton temps, d'accord ? Respire, ensuite on va se tirer de là, et tu seras en sécurité. Tu me fais confiance ?

Je hochais la tête, tentant péniblement de me calmer. Il ne m'était rien arrivé et il ne m'arriverait plus rien, maintenant. Une inquiétude persistait pourtant.

- Et Danaé..? O-on peut pas la laisser t-toute seule...

Elisa acquiesça.

- On ira la chercher demain.

Sur ses mots, elle m'aida à me relever. Elle me conduisit hors de la ville. Nous marchions lentement, et je sentais parfois le regard d'Elisa s'assurer que je suivais toujours. Elle observait autour de nous.

Elisa m'avait amenée dans la forêt qui bordait la ville, où elle avait monté un petit camp. Elle m'avait appris qu'elle changeait d'emplacement régulièrement et que les premiers temps, elle avait placé son camp plutôt derrière la colline, qui était suffisamment éloignée de la ville pour éviter qu'on l'y trouve. 

Nous avions passé la nuit là-bas. Je me demandais comment elle faisait pour ne pas avoir froid, au milieu de la forêt en début d'hiver. La réponse avait été simple : elle avait froid malgré toutes les bouillottes qu'elle avait emporté. J'avais passé une nuit de merde en conclusion à ma soirée de merde. 

- On va prendre un appart toutes les trois, annonça Elisa en guise de bonjour

- Hein..?

- Je restais par ici pour m'assurer d'être là si vous aviez besoin d'aide. Mais puisque tu t'es fait agressée, c'est trop. Et ça me tape sérieusement sur les nerfs de dormir dans le froid. Donc on récupère Danaé et on se trouve un appart dans une autre ville.

- Mais...

- Le seul problème c'est qu'on pourrait nous tracer... Mais avec l'hiver qui arrive, on ne peut vraiment pas rester dans les bois. On mourra de froid si on ne meurt pas à cause de l'Ennemi.

Elle leva le visage vers moi.

- Au fait, des nouvelles concernant les marques ?

Je fus surprise. C'est vrai que je ne l'avais pas mise au courant.

- Oui... J'en avais effectivement deux sur moi. Ce sont des runes que Gaël a tracées. Mais j'ai eu la preuve que c'était pour me protéger... l'une d'elle était une rune de soin.

Elisa sembla surprise à la mention de Gaël.

- Ça explique certaines choses... mais pose d'autres questions. Qu'est-ce que Gaël faisait dans ma chambre ?

Je la regardais sans comprendre.

- Hein ?

- Tu te rappelles que tu m'as dit que c'était mon sort qui m'avait protégée des flammes ? Ce n'est pas le cas. Si c'est la glace qui m'a effectivement protégée, la rune n'était pas de mon fait. Je n'ai rien dit sur le coup parce que je cherchais à comprendre. Gaël a sûrement tracé une rune dans ma chambre... mais comment savait-il que j'étais en danger ?

- Peut-être qu'il l'a tracée une fois que l'incendie était déclenché ?, suggérai-je

- Dans ce cas, pourquoi ne pas m'avoir sortie directement ? Je suis certaine que ça aurait été plus simple... Sauf s'il a une raison de ne pas m'aider. La rune n'aurait eu que le rôle de temporiser le temps qu'on me sorte de là. Que tu me sortes de là en l'occurrence.

J'étais perdue. Je pensais qu'en apprenant à Elisa que les runes venaient de Gaël, elle finirait par l'innocenter. Au lieu de ça, ça jouait en sa défaveur. 

- Bon, quoiqu'il en soit, tâchons de récupérer Danaé. Plus vite on sera parties, mieux on se portera.

- Mais... l'école ? Et nos parents..?

Elisa me jeta un regard blasé.

- T'as risqué on ne sait quoi hier et tu penses à ton bac ? Je pense qu'il te manque ce qu'on appelle le sens des priorité.

Je baissais les yeux.

- Tu.. as raison.

Ceci fait, nous nous dirigeâmes à nouveau vers la ville. Cette aventure prenait des proportions que je n'aurais jamais imaginé.

Emma PyrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant