J'essaye de capter le regard de la petite Hanneke. Elle ne m'accorde aucune attention et s'amuse à faire des grimaces à son frère. Ce dernier rit en se plaquant une main sur la bouche. Je lance un regard désapprobateur à Woadek qui s'arrête de rire. J'attrape doucement Hanneke par les épaules et la force à me regarder.
- Es ist kein Spiel Hanneke !
J'essaye depuis 10 minutes d'expliquer à la petite fille qu'ils doivent rester discrets. Cette semaine j'ai fait des recherches et j'ai appris malheureusement que la mère des jumeaux était morte dès son arrivée au camp. Je compte bien honorer ma parole et sortir ses enfants de cet enfer.
Les surveiller pendant une semaine n'a pas été chose aisée. Habituellement quand il y en a un, je lui amène un livre s'il est en âge de le lire ou alors un hochet pour qu'il ou elle ne s'ennuie pas quand je suis absent mais avec deux aucun jeu ne les intéresse. Ils préfèrent jouer entre eux et évidement ils crient, rient et chantent. J'ai vécu en accéléré ce que c'est que d'être parent et ça m'a un peu vacciné. J'ai eu excessivement du mal à leur faire comprendre que s'ils faisaient du bruit ils risquaient de mourir. Malheureusement ils sont trop petits pour comprendre, fort heureusement contrairement à leur mère ils comprennent l'allemand. Leur père est allemand d'après Hanneke.
Nous sommes maintenant vendredi et je dois les faire sortir d'ici clandestinement. Nous sommes sur le départ et pourtant impossible de leur expliquer ce qu'ils vont devoir faire. Je soupire avant de décider d'agir autrement.
- Willst du ein Spiele machen ?
Hanneke hoche la tête avec un grand sourire.
- Und du ? Willst du spielen ?
- Ja ! S'écrit Woadek.
- Gut, Also. Mein Spiel ist einen Spiel für die große Person. Ich weiß nicht, ob ihr wenig groß seid.
- Ja ! Ja ! Ich bin große ! S'écrit Woadek.
- Ich auch ! Réplique Hanneke.
- Also. Es ist einen Spiel sehr kompliziert. Ihr musst nicht sprechen und niemand müsst ihr hören.
- Dein Spiele ist seltsam. Fait remarquer Hanneke, en haussant un sourcil.
- Chhhhh ! Du sagst das, weil du immer sprichst !
- Es ist Falsch ! S'énerve Hanneke.
- Hey hey ! Les arrêtais-Je. Wir werden nicht spielen, wenn sie streiten.
Ils se calment tous les deux et je peux enfin continuer mon explication.
- Ihr spielt mit den Soldaten. Sie sind die Böse und sie müssen ihr nicht sehen.
- Wie kann man unsichtbar werden ? Me demande Woadek, émerveillé.
- Mit meinem Koffer. Wenn du in mein Koffer ist, wirst du unsichtbar. Habt ihr verstanden ?
- Ja ! Répondent-ils en même temps.
Je leur montre de la main la valise que j'ai posé sur mon lit. Les enfants sautillent sur place, persuadés qu'elle va les rendre invisible à la vue des allemands. J'ouvre la valise et les enfants commencent à se battre pour savoir qui rentrera en premier. Je les sépare encore une fois et attrape Woadek et le hisse dans la valise. Le petit s'allonge et je peux constater avec joie que mes calculs sont bons. J'aide ensuite Hanneke à s'installer dans la valise. Les deux enfants sont plutôt serrés mais je pense que ça devrait aller. Ils me regardent attendant avec impatience le moment où le jeu va enfin commencer.
- Ihr seid fertig ? Ja ? Das Spiel beginnt jetzt !
Je respire un grand coup et referme la valise en faisant attention de ne pas leur faire mal. Je vérifie que les trous d'aération que j'ai percés dans la valise ne sont pas bouchés ou trop visibles. Tout est en place.
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En un battement de Cœur
Historical FictionAline a 19 ans, elle est juive et résistante. Son pire démon : les nazis. Déportée à Auschwitz, elle va comprendre que rien n'est prédéfini, découvrir que parmi ces soldats certains ont un cœur. Le Reichführer Himmler est l'exception qui confirme la...