Note de l'auteur:
Par soucis de réalisme et étant férue des langues, les dialogues sont parfois en allemand ou autres. Pour que ce soit compréhensible pour tout le monde, la traduction est dans les commentaires.********************************
Je suis allongé dans mon lit et je contemple froidement ma nouvelle chambre. Vue sous cette angle, elle paraît incroyable. Elle fait deux fois la taille de celle que j'avais avant et elle est beaucoup plus luxueuse. Je pourrais être content, je pourrais, mais je ne le suis pas. Seul un idiot se réjouirait d'un peu de nourriture et d'un bon lit en oubliant où il est. Je ne suis sûrement pas là pour prendre des vacances, loin de là. Je ne sais même pas ce que je fiche ici. Ce n'est pas ma place. Je ne suis pas... comme eux. Je ne veux pas de cette responsabilité que mon père m'a égoïstement confié. Mon père est un enfoiré et je suis bien le seul à le penser.
Trois petits coups sont frappés à la porte. Je soupire avant de me lever des draps chauds. J'enfile rapidement une chemise que je boutonne sommairement avant d'ouvrir sur Herta. La petite secrétaire écarquille les yeux et ses pupilles sont encore plus agrandis par ses verres de lunettes. Elle porte son traditionnel tailleur vert de la Wehrmacht et me souris timidement, le rouge aux joues.
- Gut...Guten Morgen Herr Himmler... bredouille-t-elle.
Es tut mir leid, Sie zu stören, aber...- Entbinden Herta. Soupirais-je.
Elle déglutit. Je sais bien que je l'impressionne et qu'elle a un petit faible pour moi mais ce matin je suis de mauvaise humeur.
- Sie müssen sich Obergruppenführer Pohl anschließen, um neue Bewohner zu finden...
-Gefangenen Herta, sie sind Gefangenen, répondis-je froidement. Und warum ist meine Anwesenheit gefragt? Kann er nicht es allein machen ?
- Nun, normalerweise ihr Vater...
- Es ist gut, dass ich verstanden habe.
Je la chasse d'un regard avant de refermer la porte. Je m'appuie contre et pousse un long soupire. Voilà le merveilleux cadeau que mon cher Père m'a laissé : la direction du camp d'Auschwitz. Quel poste honorable !! Tous ces foutus Nazis rêveraient d'être à ma place, pour une histoire de prestige et de service rendu à la nation je crois. On en parle de ce qu'ils font à l'humanité toute entière ? Enfin bref c'est mon rôle maintenant. Avant que mon père ne soit appeler auprès du Führer, il dirigeait le camp et moi j'étais un soldat comme un autre. Mais selon lui, il était plus gratifiant pour moi que je ne fasse pas partit du bas peuple et que je me distingue. Il croit que le régime va gagner et sera surpuissant pour toujours. « Le Führer te rendra bien ce don de ta personne » qu'il m'a dit. Je ne vois pas où est le don de ma personne, il s'agirait plutôt du don de la vie de milliers d'innocents.
Je déteste cette situation. Dès que je ne suis pas seul je dois enfiler ce foutu masque du salaud nazi et ça m'est insupportable. Ce matin je vais devoir « accueillir » nos nouveaux travailleurs et prisonniers mais aussi et surtout nos prochains cadavres. Je vais devoir superviser la sélection et choisir qui mérite de travailler pour l'Allemagne et qui doit mourir. Faire cela me répugne. Ce n'est pas moi. Moi, je ne suis pas indifférent face à la mort de millions de personnes et pourtant je vais devoir les regarder froidement tout en sachant ce qui va leur arriver.
Quand je n'étais qu'un simple soldat, je m'immisçais dans la foule et je choisissais un enfant au hasard. Ensuite je faisais mine de l'emmener pour lui administrer une correction, mais en fait je le cachais dans mes appartements. Étant le fils du dirigeant, personne ne venait fouiner de mon côté et le week-end suivant je faisais sortir l'enfant dans une petite valise. Je racontais que je rendais visite à des amis sur Cracovie mais en fait je rejoignais un orphelinat qui cachait mes protégés. Puis je revenais le lundi et passais la semaine à essayer d'en sauver un autre.
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En un battement de Cœur
Ficción históricaAline a 19 ans, elle est juive et résistante. Son pire démon : les nazis. Déportée à Auschwitz, elle va comprendre que rien n'est prédéfini, découvrir que parmi ces soldats certains ont un cœur. Le Reichführer Himmler est l'exception qui confirme la...