Chapitre 14 :

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- Je savais bien que tu me mentais. Je ne compte pas pour toi, pas du tout... Je ne compte pour personne de toute façon... je ferais mieux de mourir tout de suite... fit-Elle, avant de fermer la porte.

Je reste comme un idiot, la bouche grande ouverte, incapable d'émettre un seul mot. Pourquoi devait-elle dire cela ? C'est déjà assez difficile comme ça ! Comment peut elle oser prétendre que je n'en ai que faire d'elle ?! Comment peut elle même songer à mourir ?! Est-elle aveugle à ce point ? Si elle meurt je ne m'en remettrais pas.

J'ai tellement envie de la rattraper, de m'excuser, de l'embrasser, mais je ne peux pas. Une fois de plus le destin s'acharne sur moi, sur nous. Elle me prend pour un monstre : elle a raison. Elle est même bien loin du compte. Margaret Tilny. Jamais je ne pourrais oublier le nom de ma pire erreur. Comment réagira-t-elle en apprenant que je suis responsable de la mort de sa meilleure amie ?!! Elle me haïra, me crachera des choses encore plus horribles que ce soir. Je ne pense pas pouvoir supporter son regard haineux posé sur moi.

Je sais que plus le temps passe sans que je ne lui avoue, plus sa colère sera terrible. J'ai le cœur en miette. Elle avait l'air si blessée mais surtout effrayée. Je lui ai fait peur comme le premier jour. Seulement ce jour là j'étais dans la peau d'un nazi, aujourd'hui elle a eu peur alors que j'étais vraiment moi. Et si elle avait raison et si j'étais pire que mon père ? Et si ce que j'avais de plus profond était effrayant, repoussant ?

Un mal de tête intense me prend et je n'ai qu'une envie : me fracasser la tête dans le mur pour arrêter de penser.

BOUM !

Je sursaute, les sens en alerte. Inquiet, je me précipite dans le couloir. En quelques secondes mon sang se glace dans mes veines. Un corps est allongé à même le sol dans le fond du couloir. Je me précipite au près d'Aline.

- Aline ? Aline ! Aline !!

Je la secoue mais rien n'y fait, ses yeux restent résolument fermés. Ma respiration se fait plus haletante. Mes mains tremblent alors que je soulève sa tête pour la poser sur mes genoux. Un mince filet de sang lui coule du front. Ni une ni deux je la soulève et je m'empresse de retourner dans ma chambre. Une fois qu'elle est au chaud dans mon lit, je ferme la porte à double tour.

Je ne sais pas quoi faire. Mon Dieu ! Ce que j'ai pu être con ! La laisser partir comme ça en pleine nuit, dans un camp d'extermination, triste et blessée, non mais quel abruti ! Je pousse un cri de rage et d'un coup de bras fait valser tous ce qui se trouvait sur ma table de chevet.

Je tire sur mes cheveux avec colère. Je n'en peux plus de cette situation. Déjà que je ne suis pas capable de la protéger, il faut en plus que je la blesse !

- Maximilian ! Maximilian ! Maximilian !

Je me stoppe net. Aline a les yeux toujours fermés mais elle répète mon nom en boucle. Ce constat me calme instantanément. Elle a besoin de moi. Il faut que je fasse quelque chose.

Je pose ma main sur son front et remarque que sa température est bizarrement élevée. Quelle inconscience de sortir en pleine nuit alors qu'elle vient de faire une fausse couche !! Je prend alors du tissus que je mouille avant de le poser sur son front. Alors que j'allais me relever pour poser le broc d'eau, je sens qu'elle m'attrape le poignet avec force.

- Reste...

Euh... reste ? Il me semble que ça veut dire bleibe... Elle veut vraiment que je reste ?

- Maximilian reste...

Ni une ni deux, je vais poser le broc et retourne m'allonger à ses côtés. A peine je suis sous les draps qu'elle s'agrippe à moi comme si j'allais disparaître. Une douce chaleur partant de mon cœur irradie tout mon corps. Je ne peux empêcher un sourire radieux de se dessiner sur mes lèvres. Je vais la laisser dormir ici cette nuit et demain je la virerai même si je n'en ai pas envie. Mais pour l'heure je profite des derniers instants. J'enroule alors mon bras autour de ses épaules et embrasse ses cheveux. Elle pose sa petite main sur ma cicatrice, comme si cela ne la dérangeait pas, comme si elle n'avait que faire de mon passé. Une idée germe dans mon esprit.

En un battement de CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant