Le bout de mes doigts est recouvert d'encre bleue marine. J'ai beau adorer le dessin, je commence à en avoir marre. J'ai recommencé au moins 8 fois la même affiche, reproduisant à chaque fois la même erreur. Il faut dire que je n'ai clairement pas la tête à ce que je fais.
Hier soir, après qu'Aline et Lina m'aient aidé à me relever, je les ai suivies jusque dans la petite cuisine de Lina. Je n'avais jamais goûté de Tcholent auparavant et malgré le fait que ce soit très bon, je n'en avais presque pas mangé tant la douleur dans mon dos était intense. Non seulement la douleur était atroce mais surtout je me sentais inutile. Je pensais tout ceci loin derrière moi, mais ce n'est pas le cas. Je me sens faible. Je n'ai même pas réussi à la défendre. Ce Lukas est plus petit que moi et franchement moins musclé et pourtant il a suffit d'un coup pour qu'il me mette à terre. Le repas était, pour ma part, morose, malgré les tentatives d'Aline. Je suis resté plongé dans mes pensées toute la soirée et quand Aline s'est finalement endormie, agacée par mon attitude, j'ai continué à fixer le plafond. J'ai attendu toute la nuit que la douleur disparaisse mais ce n'est pas arrivé. Je me suis torture l'esprit sans vraiment savoir pourquoi. Au petit matin j'étais d'encore plus mauvaise humeur, et cela ne s'est pas arrangé au fil de la journée. Pourtant il a bien fallut commencer ce à quoi nous nous étions engagés.
Une mission a lieu aujourd'hui. Aline a tout de suite sauté sur l'occasion. Bien sûr j'ai refusé mais elle a insisté en me rappelant que j'avais donné mon accord. J'ai bien été obligé de reconnaître qu'elle avait raison. Je voulais alors venir avec elle, mais Frédérick a sympathiquement fait remarquer qu'avec mon dos c'était impossible. Et bien sûr Aline était d'accord. Ils sont partis tous les deux dans une pièce, pour qu'il puisse lui expliquer rapidement le plan. Impossible de savoir de quoi il s'agit. C'est pour ma sécurité apparement. S'il savait à quel point je m'en contre fou de ma sécurité à moi.
Donc je me retrouve à passer mon après-midi dans un sous-sol, à dessiner des affiches, sans savoir dans quelle mission s'est embarquée Aline, ni même si elle va bien. En plus d'être inutile, je suis inquiet, non... Pire, je suis mort d'inquiétude. Sans compter qu'elle est en compagnie de ce foutue Lukas. L'idée qu'ils soient ensemble, me tend au plus haut point. Je ne le supporte pas, mais comme présentement je ne peux rien y faire, je suis obligé de prendre mon mal en patience et d'attendre qu'elle rentre.
- Maximilian du überlaufst immer noch das Blatt ! Intervient Malika.
Je sursaute et lance un regard à ma feuille. En effet, à être trop perdu dans mes pensées, j'ai fait un gros trait un plein milieu. Malika me tend gentiment une autre feuille. Elle est plutôt gentille comme fille, mais elle n'a pas beaucoup de conversation.
- Wie viele Plakate planen Sie zu zerstören? Me demande Ernest de sa voix de grand emmerdeur.
- Ich kann etwas anderes zu zerstören. Je grince.
- Er ist nicht falsch. Intervient Léon, en faisant une moue.
- Siehst du nicht, dass er andere Dinge im Sinn hat. Répond Markus, en remontant ses lunettes sur le bout de son nez.
Je lui lance un regard noir. Qu'est-ce qu'il en sait lui d'abord ? Aline pourrait très bien être en danger. Je ne sais pas ce qu'elle est en train de faire et le fait que je ne le sache pas, prouve que c'est dangereux. Rien que de penser qu'elle pourrait être arrêtée, ou pire tuée, j'ai des envies de meurtres. J'essaye de me concentrer sur ma nouvelle feuille mais je suis tellement à cran que je réussis à plier la mine de mon stylo.
- Du bist wirklich ein Champion du ! Raille Ernest.
Mein Gott ! Il commence à me porter sur les nerfs celui là ! Avec sa tête de troll prétentieux ! Je ne réponds rien mais je n'en pense pas moins. Alors que je m'apprête à prendre un autre stylo, une petite main se pose sur la mienne. Je me redresse d'un seul coup et regarde à qui appartient cette main.
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En un battement de Cœur
Historical FictionAline a 19 ans, elle est juive et résistante. Son pire démon : les nazis. Déportée à Auschwitz, elle va comprendre que rien n'est prédéfini, découvrir que parmi ces soldats certains ont un cœur. Le Reichführer Himmler est l'exception qui confirme la...