Chapitre 12 :

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Je pointe du bout de mon stylo la carte étalée devant moi. Pohl hoche la tête comprenant là où je veux en venir. Mon père trouve que le camp est trop petit. Il m'a donc chargé de m'occuper avec Pohl de l'agrandissement du camp. Étant doué en dessin, j'ai dessiné les plans moi même et je partage à présent l'ébauche du projet à Pohl.

- Aber ich dachte, dass wir  neue Gaskammer bauen müssen ? Demande le Obergruppenführer.

- Ich weiß aber ich habe nachgedacht, und wir haben wenig Gaskammer. Wir brauchen nür neue Blocken.

- Ja. Klar.

Bien sûr il s'agissait d'un mensonge. J'avais fait des calculs et la rentabilité de nos chambres à gaz et fours crématoires étaient encore inférieure à ce qui était exigé. Cependant il m'était impensable de faire construire ces lieux qui provoquaient la mort de milliers de personnes. J'avais falsifié les calculs et je comptais faire construire de nouveaux baraquements à la place.

- Hier, es ist ein neuer Mirador und...

La porte s'ouvrît à la volée sur Martens. Il était tout rouge et tout essoufflé. Il prit quelques secondes pour reprendre son souffle.

- Herr...Herr Reichführer ! Wir brauchen ihre Hilfe !

- Für Was ?!! Sehen Sie nicht, dass wir sprechen ? Dis je d'une voix glaciale.

- Ich...ich weiß aber es ist ein Notfall !

- Was ?! Sprechen! M'énervais-Je, alors qu'il mettait trop de temps à trouver ses mots.

- Eine...eine Frau brach bei der Arbeit zusammen. Sie scheint sehr zu leiden.Sie schreit viel.

Je me fige. Une femme ? Blessée ?

- Eine Frau ? Wer ?

- Ich weiß es nicht, aber sie hat braunes Haar und sie ist junge. Sie ist nicht deutsche, französische vielleicht.

Mon cœur rate un battement. Brune, jeune et française. Et s'il s'agissait d'Aline ? Non ce ne peut pas être elle. Elle allait très bien la dernière fois que je l'ai vu et... oui mais je ne l'ai pas vue depuis une éternité. Et si c'était elle ? J'essaye de chasser cette idée dans mon esprit mais le doute me saisit. Je dois en avoir le cœur net et puis dans tous les cas une femme souffre, alors si je peux y faire quelque chose...

- Wir wussten nicht was zu tun. Sollen wir sie hier lassen ? Sollen wir ihr töten ?

- Ich komme ! Répondis-Je du tac au tac.

Mince ! Moi qui ne voulais pas éveiller les soupçons c'est un peu raté, mais à ce moment je n'en ai que faire. Je me lève immédiatement, et enfile mon manteau tout en m'excusant auprès du Obergruppenführer de devoir arrêter là notre réunion. Je me dépêche tellement que je dois m'y reprendre à trois fois pour passer mon bras dans la manche.

Je pars d'un pas rapide et derrière moi Martens a du mal à me suivre. Il me crie de loin les indications pour que je trouve les lieux. Mon cœur bat avec force dans ma poitrine et ma respiration s'accélère au fur et à mesure que j'approche.

Au final il n'est pas difficile de trouver le lieu du « drame » puisqu'un attroupement de soldats et de prisonniers sont disposés en cercle.

- Was passiert sich denn da ? Clamais-Je d'une voix tonitruante.

Toute la foule s'écarte subitement et je peux apercevoir la blessée. Une forme est recroquevillée sur le sol. La jeune femme tremble de tous ses membres et une large flaque rougeâtre semble venir de son entrejambe. Elle pousse un hurlement de douleur et mon âme se fracture. Ce cri... C'est Aline. Immédiatement je prends conscience de la situation. Je blêmis et ma tête se met à tourner. Est ce qu'elle va mourir ?! Non ! Non ! Non ! Elle ne peut pas mourir ! Si elle meurt... je ne sais pas ce que je ferais... je me prends comme une claque en plein visage. À chaque cri, je voudrais être entrain de souffrir à sa place. Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte plus tôt ?! J'ai vraiment été stupide ! Je crois que je l'aime... Mon Dieu mais oui ! Je suis éperdument amoureux d'elle !!! J'ai mis tellement de temps pour m'en rendre compte que maintenant que je voudrais lui dire, c'est peut être trop tard,

En un battement de CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant