☆ 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚜𝚎𝚙𝚝

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– Le repas est prêt, indique la cuisinière tandis que ma famille et moi sommes dans le salon.

Nous nous levons tous et allons dans la salle à manger.

Je m'assois à côté d'Anaïs et en face de mon père, ma mère étant dans ma diagonale. Mon petit frère est chez un copain. Nous sommes donc que tout les quatre pour un dîner « en famille ».

Il y a quelques jours, ma mère, sachant que j'allais rentrer pour mes dernières vacances avant mes partiels, m'a appelée. Elle m'a dit qu'elle voulait faire un dîner en famille. Sauf que nous ne sommes plus vraiment une famille : Milan ne parle plus à nos parents depuis quelques années déjà, Luc est en pleine crise d'ado, il ne passe à la maison que quand il n'a plus d'argent. Et moi, mes parents ne m'appellent que pour savoir comment se passent mes cours. Je n'appelle plus vraiment ça une famille, mais ma mère continue de dire que nous en sommes un.

La cuisinière apporte l'entrée et nous nous servons et commençons à manger.

– Raphaël ?

– Oui maman ?

– Tu vas te marier dans six mois.

J'avale ma tomate de travers et mets un moment avant d'arrêter de tousser. Je bois mon verre d'eau d'une traite et réponds à ma mère :

– Pardon ?

– Tu as très bien compris.

– On a jamais parlé de mariage avec Anaïs, tu vas pas nous imposer ce mariage. C'est pas que je veux pas me marier avec toi Anaïs, je lui dis.

– Mais non, rigole-t-elle. Pas avec Anaïs, avec Émilie.

– Émilie qui ? demande stupéfait Anaïs, qui me devance dans mes paroles.

– Émilie Cohen, la fille de Sandrine et Corentin. Elle va devenir avocate.

– Vous vous rendez compte de ce que vous faites ou pas ? je dis en rigolant nerveusement. Je ne vais pas me marier maintenant et encore moins avec une fille que j'ai vu quand on avait dix ans.

– Tu n'as pas le choix, Raphaël.

– Tu m'imposes déjà de faire des études et de devenir patron de ma propre entreprise il faut qu'en plus je me marie avec la fille que tu as choisi ? Tu crois en plus que je vais dire « oui » devant le maire, je dis interloqué.

– Ils viennent pour le dessert tu verras qu'elle est très gentille, tu vas l'adorer.

Je passe mon regard de ma mère à mon père. Ma mère est souriante. Elle est contente de ce qu'elle fait, devant Anaïs en plus. Je sais que ma mère n'aime pas ma copine mais je ne pensais pas qu'elle ferai ça devant elle. C'est un manque total de respect. Mon père a le regard dans le vide, un visage sans expression. Il mange le poulet infecte que la cuisinière fait à chaque fois que nous avons un « repas de famille ».

Et puis Anaïs, je me sens mal pour elle. Je lui ai toujours dit que même si ma mère ne l'appréciait pas, elle ne dirait jamais des choses aussi désobligeantes. Jamais je ne penserai qu'elle annoncerait que je marierais avec une inconnu devant elle. Elle a la tête baissée dans son assiette et trie ses pommes de terre de ses légumes.

La fin du repas se passe dans le silence, seul le bruit des couverts qui glisse sur nos assiettes se font entendre.

– La famille Cohen est là, intervient la cuisinière.

– Dites leur d'aller se faire foutre, je souffle pour moi-même.

Mes parents se lèvent et vont jusqu'à l'entrée pour aller accueillir les invités. Je reste assis à table avec Anaïs. Je lui lance un regard désolé avec un petit sourire, puis ajoute :

– Tu sais très bien qu-

– Raphaël, enfin, tu te lèves pour dire bonjour. Toi aussi, dit-elle en désignant Anaïs du menton.

Je me lève en roulant des yeux et m'avance vers eux.

Une jeune fille d'à peu près mon âge s'approche de moi, toute joyeuse avec le sourire aux lèvres.

– Ah, ravi de te rencontrer Raphaël, mon futur mari, rit-elle en me faisant la bise mais je l'arrête d'une main.

– Ça suffit, Anaïs prend tes affaires on s'en va.

J'écarte de mon chemin la fille, prends ma veste et Anaïs par la main et pars de l'appartement en disant :

– La seule personne avec qui je me marierai c'est Anaïs, maintenant salut !

Je cours les premières marches puis lâche la main de ma copine. Arrivés à la voiture, je sors les clés et m'installe au côté conducteur.

– Lève toi, dis Anaïs en ouvrant la porte.

– C'est pas le moment, je souffle.

– Je te laisse pas conduire autant énervé, alors tu te lèves et passes passager.

Je me lève du siège conducteur, passe mes bras autour de ses épaules et lui embrasse le front. Je suis super énervé contre mes parents mais ce n'est pas une raison pour m'en prendre à elle.

– Je suis-

– Va t'asseoir, on en reparle chez moi, quand tu seras moins énervé.

Elle s'assoit devant le volant, fait tous les réglages et conduit jusqu'à chez elle. Nous entrons chez elle et allons dans sa chambre. Ces parents me voient énervé et nous laisse tranquille.

– Bébé, je suis vraiment désolé.

– T'excuses pas pour ce que font tes parents. T'y es pour rien. Je sais très bien que tu ne vas pas te marier avec une fille que tu connais pas.

– Je suis tellement désolé, c'est ma faute, j'aurais pas dû accepter ce dîner. Je savais que y'avait un truc.

– Regarde moi. (J'enlève ma tête de mes mains et fixe ses yeux bleus.) Tu ne savais pas. Tu ne vas pas accepter ce mariage et puis c'est tout. Tu fais ce que tu veux c'est ta vie.

– Je te promets que jamais je me marierai avec elle. C'est toi que j'aime et pas une autre.

– Je t'aime, sourie-t-elle.

Six Years LaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant