☆ 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚒𝚡-𝚜𝚎𝚙𝚝

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– Papa ! crient mes enfants lorsque je referme la porte d'entrée.

Je prends mes enfants dans mes bras, content de les revoir et les embrasse.

– Vous allez bien ? Vous m'avez tellement manqués !

Ils me racontent tous les deux ce qu'ils ont fait pendant que je n'étais pas là et retournent dans leur salle de jeux à jouer aux petites voitures.

Je monte dans le bureau de ma femme où je la retrouve face à sa fenêtre, les écouteurs dans les oreilles et en train de taper sur son ordinateur. Je rentre dans la pièce et m'avance vers elle, elle ne m'entend pas à cause de ses écouteurs. J'enlève ses écouteurs - ce qui lui vaut un petit sursaut - et je lui embrasse le cou.

Pourquoi je fais ça alors qu'hier encore j'étais en train d'embrasser Anaïs ? Je ne sais pas non plus. Je joue juste mon rôle. Mon rôle de mari parfait et aimant alors que je suis tout sauf ça. Je trompe ma femme et je ne l'aime pas.

– Me touche même pas ! crie-t-elle presque.

– Qu'est-ce qu'il y a ? je demande en me reculant.

– Et en plus tu nies ! T'es vrai-

– Mais de quoi tu parles ? Je ne comprends pas.

– Arrêtes de nier ! T'es vraiment qu'un sal con ! Comment j'ai pu me marier avec toi ?!

Elle se lève et commence à marcher en rond dans son bureau. Elle cherche quelque chose, mais quoi ? Elle prend ensuite un journal et me le lance à la figure. Je le prends au sol et regarde la première page. « Qui est cette jolie brune qu'embrasse Raphaël Morel ? ». C'est une blague j'espère ? On voit un homme de dos qui embrasse une femme, on peut voir les cheveux bruns de la femme mais on n'a aucun indice sur l'identité des deux personnes. Bien évidement c'est Anaïs et moi. Je le sais parce qu'on voit un petit bout de robe rouge, c'est celle que j'ai acheté à Anaïs.

Que dire à Émilie ? Elle croit que c'est moi - ce qui est vrai. Je peux très bien mentir, aucun indice informe que c'est moi à part le titre que le journaliste a mis. Dans ce milieu on peut très bien prendre des photos et faire des fake news. Si elle sait que je l'ai trompée elle va m'en faire voir de toutes les couleurs. Pour être marié avec elle depuis six longues années je le sais bien. Elle est capable de beaucoup de chose et je sais qu'en ce moment, son cerveau est en train de bouillonner pour s'avoir quoi faire pour se venger.

– Ce n'est pas moi, je dis en étant le plus convainquant possible.

– Ce n'est pas ce que dit le titre.

– Tu sais très bien qu'on peut prendre n'importe quelle photo et dire que c'est telle personne. Raphaël Morel, le PDG de la plus grande entreprise de prêt à porter de l'Europe qui trompe sa femme, c'est sur que ça intéresse toutes les petites commères. Ça nous ait déjà arrivé avec mon père.

– Arrête de dire n'importe quoi ! Arrête de me mentir.

Je me lève et m'approche d'elle. Elle recule un peu mais j'attrape ses mains pour qu'elle reste près de moi. Elle me laisse la toucher donc c'est déjà bon signe.

– Est-ce que je t'ai déjà menti une seule fois ? je demande doucement.

– Non, elle répond.

– Pourquoi je te mentirai ? C'est une fake news, ça arrive tout le temps ce genre de chose.

Elle souffle et je la prends dans mes bras.

Je me gifle mentalement. Pourquoi j'ai fait ça ? Je ne vais pas pouvoir éternellement lui mentir. Un jour ou l'autre elle va découvrir la vérité et me détester pour ça. Ce qui est sûr c'est qu'il va falloir que j'ai une discussion avec elle. Je ne l'aime pas, ce mariage à assez durer. Il faut aussi que j'ai une discussion avec Anaïs. Qu'est-ce qu'on va devenir ?

Je passe la soirée avec ma famille. Mes enfants me racontent plein de choses qu'ils ont fait avec leurs grands-parents, leur nounou et leur mère pendant que j'étais à Montpellier.

*

Il est 22 h 02, lorsque la première pub coupe le film. Je décale doucement Emilie qui est à moitié endormi sur moi et me lève pour aller mettre les enfants dans leurs lits. Ils se sont endormis devant la télé. Je prends d'abord mon fils et l'amène dans sa chambre. Il dort tellement profondément qu'il ne bouge pas d'un poil lorsque je le pose dans son lit. Je redescends prendre ensuite ma fille. Elle marmonne quelques trucs incompréhensible lorsque je la prends.

– Papa ? elle demande quand je quitte sa chambre.

Je m'approche du lit et me mets à genoux. Je replace correctement sa couverture sur son petit corps et passe ma main dans ses cheveux blonds.

– Rendors toi ma puce, il est tard.

– Tu m'as manqué.

– Moi aussi, je souris.

– Maman, elle était en colère l'autre jour...

– Comment ça ?

– Elle criait beaucoup, elle disait des gros mots.

– Tu te souviens ce qu'elle disait ?

– Non, je jouais aux poupées.

– Elle ne vous a pas fait mal ? je demande inquiet qu'Emilie est levée la main sur nos enfants.

– Non.

– D'accord, rendors-toi maintenant. Je suis là.

Je lui embrasse le front et elle s'endort presque instantanément. Je redescends ensuite dans le salon où Emilie regarde la télé. Je m'installe à côté d'elle et elle en profite pour se coller contre moi.

– Chéri ? elle demande quelques secondes après.

– Ouais ?

– C'était qui la fille avec qui tu es allé au gala ?

– Une fille qui travaille dans la nouvelle boutique, une responsable je crois.

– Pourquoi tu es allé avec elle ?

– C'est Thomas. Il devait venir mais finalement il est pas venu, il voulait pas laisser en plan cette fille.

Elle acquiesce et s'endort peut de temps après.

Heureusement qu'elle n'a pas reconnu Anaïs, sinon elle allait me tuer directement. Et j'espère qu'elle a gobé mon mensonge. J'ai sorti le premier truc qui m'est venu.

Et pourquoi s'est-elle énervée la dernière fois ? Elle a l'habitude de s'énervée pour un rien, mais en présence des enfants elle ne dit jamais de gros mots. Et si ma fille m'en parle c'est qu'elle devait vraiment crier. Je suis quand même rassuré que les enfants n'étaient pas à côté. Elle aurait très bien pu leur faire du mal juste parce qu'ils étaient à côté.

Six Years LaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant