☆ 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚘𝚗𝚣𝚎

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– Allez Raph', on se lève, me secoue Milan. C'est le jour-J.

– Je préfère mourir, je réponds en me recouvant de ma couette.

– Moi aussi, mais on n'a pas trop le choix, il répond en ouvrant les volets et en laissant la lumière du jour entrer. Si tu te lèves pas, je vais chercher un verre d'eau.

Je lui lance un doigt d'honneur et relève ma couette. Je pousse un cri de frustration. Putain de journée de merde. J'enlève la couette de mon corps et me lève. Je rejoins mon frère et sa copine dans la cuisine. Marine a fait des crêpes. Qu'est-ce que je l'adore cette fille. Milan a vraiment trouvé la femme parfaite. C'est plutôt lui qui devrait se marier et non moi.

– Alors ? Prêt ? me demande Marine.

– Plus que prêt, je dis ironiquement.

– Tu sais très bien ce que tu peux dire pour tout arrêter.

– Je ferai quoi après ? J'ai plus rien...

– Allez stop, intervient mon frère. On va pas le déprimer pour un jour si important.

*

A 10 h 30, Marine finit par ajuster ma cravate.

– Et voilà, tu es tout beau, me sourit-elle.

Je la remercie et je descends avec le couple pour qu'on prenne la limousine que mes parents ont loués pour mon entrée au mariage.

Plusieurs minutes plus tard, la limousine se gare devant l'église. Je descends en premier et je suis accueilli par tous les invités. La plupart sont des gens que je n'ai vu qu'une seule fois, et très peu son mes vrais proches : mon grand frère - qui a bien voulu venir et revoir nos parents -, Rémi ainsi que Thomas, mes deux meilleurs amis.

– Le marié est enfin arrivé ! crie Thomas en faisant un cri bizarre que seul lui sait faire.

– Bonjour à toi aussi, je dis en lui faisant une accolade.

Nous rions et je fais également une accolade à Rémi. Je continue de dire bonjour à quelques personnes, certaines me félicitent de ce mariage « si fabuleux ». Fabuleux de quoi ? Tout est faux, et seulement quelques personnes sont au courant.

– Mon fils, accoure ma mère en me prenant dans ses bras. Je suis tellement heureuse.

Elle continue à blablater sur ce mariage si « fantastique ». Je la laisse parler et à onze heure vingt quand tout le monde est arrivé, nous entrons dans l'église.

Avec mes proches, nous allons tous au premier rang. Les parents d'Emilie sont aussi là, ainsi que quelques uns de ses amis.

J'ai encore quelques secondes de libre. Je prends alors mon téléphone et vais sur la seule application sur laquelle elle ne m'a pas bloquée.

Un seul mot de toi, et j'arrête tout.

Je le range ensuite dans ma veste costard puis fais comme si de rien était en parlant avec mes proches.

– Bro, t'es le premier à te marier, sourit Rémi.

– J'espère que tu suivras avec Ella, je lui dis en lui faisant un clin d'œil.

– Tu sais très bien que je comptes bientôt la demander, il me répond.

Nous sourions puis vient l'heure où tout va commencer, ou plutôt finir. Je regarde mon téléphone une dernière fois. Absolument rien, elle l'a lu et a fini par me bloquer aussi sur cette application. Je n'ai plus aucun moyen de lui la contacter, c'est vraiment fini.

La fameuse musique de mariage retentit dans toute l'église. Je me mets à ma place, entre le prêtre et mon témoin, Milan.

C'est à ce moment là qu'Emilie arrive. Elle est vêtue d'une longue robe blanche qui la met en valeur. Ces cheveux sont en chignon tressé, avec un voile blanc à moitié transparent qui recouvre sa chevelure. Elle tient à son bras son grand-père. Ils avancent tout doucement vers le prêtre. Et je pleure, non pas parce que je vais me marier avec la femme de ma vie, mais parce que la femme de ma vie est partie. J'essaye au maximum de sourire, pour paraître heureux, alors que c'est tout l'inverse, je suis dévasté. Émilie arrive devant moi et sourit de toutes ses dents. Elle se retourne vers sa cousine qui est son témoin et lui lance un grand sourire. Elle se replace correctement et regarde le prêtre pour lui faire comprendre qu'il peut commencer. S'en suit le spitch habituel de mariage, ce qui comprend la fidélité et blablabla... Et bien sûr les deux dernières questions fatidiques :

– Émilie Béatrice Jeanne Cohen, voulez-vous prendre pour époux Raphaël Théodore Julien Morel ?

– Oui, elle répond sans hésitation.

Il se retourne vers moi et me sourit. Émilie me prend les deux mains et me scrute.

– Raphaël Théodore Julien Morel, voulez-vous prendre pour épouse Émilie Béatrice Jeanne Cohen ?

Je regarde tristement Thomas, qui est assit au premier rang à côté de mes parents. Il est le seul à qui j'ai dit que tout ça était monté de toute pièce. Il me sourit et monte ses pouces en l'air à son visage. Pour lui, je devrais me marier, et après ma vie ne me convient pas, tout quitter. En soit, ce n'est pas une mauvaise idée, je peux très bien tomber fou amoureux de cette femme. Mais je ne pense pas.

Je regarde mon frère et il me sourit aussi et son regard veut dire que quoi que je dise, il me soutiendra.

– Oui, je le veux.

– Vous pouvez embrasser la mariée.

Elle s'approche de moi et entour ses bras à mes épaules. Je pose une main sur sa joue et l'embrasse. Je ferme les yeux et repense à tous les moments que j'ai passé avec Anaïs, qui sont maintenant très loin.

Six Years LaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant