☆ 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚚𝚞𝚊𝚝𝚘𝚛𝚣𝚎

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Je ferme à clé mon bureau et salue Thomas et ma secrétaire qui discutent ensemble. Je descends ensuite à ma voiture et commence à rouler. Je prends mon téléphone au feu rouge et écrit un message à Émilie : je rentre plus tard ce soir. Je redémarre ensuite et fais un détour pour aller dans un bar. Notre bar.

Ça fait un peu plus d'un mois que je n'ai pas vu Anaïs. Elle me manque tellement. La voir que quelques secondes en seulement six ans, c'est trop peu.

Le mois dernier, lorsque je suis revenu chez moi le lendemain, ma femme m'a fait un interrogatoire. Alors que je l'avais prévenu que je serai avec Thomas et que je ne dormirai pas à la maison. Elle m'a aussi fait la morale sur le fait qu'en ce moment on ne se voit pas beaucoup. Et honnêtement je m'en fou. Mon excuse du moment est mon boulot, en partie elle est vraie, ma nouvelle boutique va bientôt ouvrir, j'ai donc plein de chose à régler. Mais j'en profite également quelques fois, quand je sors le soir avec des collèges ou des amis.

Au bar, je m'installe devant le barman et lui demande une bière. Je me retourne ensuite et regarde les gens. Certains sont seuls et boivent une boisson, d'autres sont avec des amis et rigolent et d'autres sont là en couple. Et dire qu'il y a quelques années, j'étais là avec Anaïs, tous les deux en train de rire pour un rien tout en goûtant toutes les boissons qu'il y avait sur la carte.

– Ça rappelle des choses non ? intervient une voix près de moi.

Je me retourne vers cette voix et mon cœur rate un battement en la voyant. Assise sur le siège à côté de moi avec un cocktail bleu, son cocktail préféré.

– Salut, je dis simplement. Qu'est-ce que tu fais là ?

– Je reviens ici une dernière fois avant de repartir demain.

– Tu repars déjà ?

– Ça fait un mois que je suis ici, j'ai fait tout ce que j'avais à faire ici.

– Pourquoi tu es revenue ? Si ce n'est pas indiscret.

– Ma tante est décédée.

– Je suis désolé, toutes mes condoléances, je dis sincèrement.

– Merci, elle répond avec un petit sourire.

– Et du coup, où est-ce que tu habites ?

– A Montpellier, j'ai trouvé une petite maison et un travail.

– Dans la boîte que tu me parlais tout le temps ?

– Oui, elle sourit.

– Je suis content que tu travailles là où tu voulais.

S'en suit un petit silence gênant. Je finis ma bière et elle commande un autre cocktail.

– Et toi ? Avec Émilie ? elle enchaîne la conversation, même si je suis sûr que ce sujet ne l'intéresse aucunement.

– On s'est mariés et on a eu deux enfants, deux jumeaux, je réponds, fière de la deuxième nouvelle et non de la première.

– C'est vrai ? Comment ils s'appellent ? Tu as des photos ?

Je suis content de son enthousiasme. Je ne pensais pas qu'elle réagirai comme cela quand je lui aurais dit que j'étais père de deux enfants. Mais je sais qu'elle a toujours adoré les enfants : elle adorait garder ses petits cousins.

Je sors une photo de mon portefeuille et lui montre.

– Ils sont tellement mignons, ils ont tes yeux en plus. Comment ils s'appellent ?

– Léo et Maëlle, ils ont trois ans.

Elle regarde encore quelques secondes la photo et me la rend.

– Et toi ? Comment c'est ta vie à Montpellier ?

– Et bien j'ai une maison, où j'habite seule. Enfin il y a mon chat aussi. Je vois souvent Ellie et Rémi qui habitent à côté.

Elle n'a pas l'air d'avoir de petit ami. Ou soit elle a omit de le mentionner.

– Tu as toujours ton entreprise ? elle demande.

– Oui, elle marche plutôt bien, j'en ai plusieurs en France et je vais ouvrir une nouvelle boutique à Montpellier dans pas très longtemps.

– Génial. Tu vends du prêt à porter non ? J'ai vu quelques reportages et articles, il me semble.

– C'est ça, on va bientôt sortir une nouvelle collection.

*

– Bon voyage, je dis.

– Merci, j'espère qu'on se reverra.

– J'espère aussi, j'ai toujours le même numéro.

Elle me fait un signe de main et s'approche des contrôleurs pour valider son titre et elle s'avance vers son train et entre dedans.

Il est maintenant vingt heures quinze. Nous sommes restés dans ce bar assez longtemps et avons mangé dans un restaurant. Je lui ai ensuite proposé de l'amener à la gare, les Uber et taxis étant trop cher, c'était aussi un prétexte pour passer un peu plus de temps avec elle.

J'ai vraiment passé une super soirée. Elle m'avait tant manquée. La revoir après tant de temps m'a tellement fait du bien, j'espère la revoir vite.

Nous avons pu parler de tout. Elle m'a raconté sa nouvelle vie dans le sud, elle n'a pas trouvé de copain et semble très heureuse.

Ce que je voudrais, c'est prendre ce train avec elle et rester avec elle. Sauf que qu'elle est partie, et encore une fois c'est trop tard.

Six Years LaterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant