Je me regarde dans le Long et grand miroir de la chambre. Encore vêtue de ma chemise de nuit, je
peux distinguer sur le fin tissu blanc chaque partie de mon corps meurtrie par ses coups.
- Je suis une femme. Me soupiré-je.
Les mots sont sortis comme ça. Mais en suis-je vraiment une? Ai-je acquis la maturité depuis que
je suis partie de la maison? Mon mariage a-t-il fait de moi une femme? Une vraie?
Comme pour m'auto-analyser, je laisse tomber ma chemise de nuit à mes pieds et recule d'un pas.
Depuis quand suis-je devenue cette squelette ambulante? J'ai maigri. Mon soutien-gorge semble
tenir mes os au lieu de mes seins. Très peu de chair recouvre mes membres. Je n'ai plus ma forme
coca d'autrefois. Mon visage n'a plus de vie. J'ai des cernes sous les yeux. Et ces derniers ont perdu
leur éclat. Plus de rondeurs, plus de beauté. Il ne reste rien d'Emma sinon le nom. J'ai tout perdu...
Les marques partout sur mon corps m'effraient. Certaines sont des bleues et d'autres les suçons
qu'il m'a faits la nuit dernière avant de repartir. Je n'ai plus de mari, en fait. Il rentre rarement à la
maison et le peu de fois qu'il vient, je fais en sorte de profiter de lui. Que ça se finisse en bagarre
puis en amour, l'essentiel pour moi c'est de l'avoir à mes côtés. Rien que quelques secondes. Il me
manque tellement!
Comment suis-je arrivée là? A qui revient la faute de tout ça ? N'est-ce pas à mon cœur? Pour une
deuxième fois depuis mes 17 ans il a commis l'erreur d'aimer. Ça sonne faux de dire ça, en fait car
je sais très bien ou ne veux pas accepter que ça soit une erreur, que mon mariage est une erreur.
Georges est la meilleure chose qui puisse m'arriver. Depuis déjà longtemps, je l'ai accepté tel qu'il
est. Je suis enchaînée à lui comme si son nom, son corps sont cicatrisés sur mon cœur. Et je ne
peux n'aimer que lui. Lui seul.
Pourtant, je commence à être fatiguée de souffrir. Nos nuits d'amour comme celles d'autrefois me
manquent. Lorsqu'il ne dort pas à la maison, j'ai le cœur qui se fend et j'ai peur de penser au pire.
D'ailleurs, je sais qu'il n'est qu'à moi.
Réfléchir est devenu ma routine. J'ai de fortes migraines. C'est difficile de faire le vide dans son
esprit quand ce qui nous arrive est si évident. Pourtant, je dois me changer les idées, dégager toute
la colère qui est en moi. J'enfile une robe blanche trouvée au passage avant d'aller me laver le
visage. J'ai passé trop de temps sans visiter cet endroit. Il faut que j'y aille aujourd'hui et faire ou
refaire ce que je savais faire avant.***
L'homme me dévisage comme s'il me voyait pour la première fois. C'est fou comme le temps a
passé. Il a vieilli mais il est toujours resté aussi beau.
- Emma... Marmonné-je ne savant pas trop comment réagir.
- Je sais. Dit-il sur un ton froid et sec. Je ne vais pas t'empêcher de rentrer, c'est ouvert à tous.J'incline la tête et l'esquive pour rentrer. L'atmosphère qui règne dans la salle est un peu bruyant et
c'est tout ce dont j'ai besoin pour le moment. Je me dirige vers une pièce-ma pièce- sans son
approbation.
Elle est vide pourtant elle me rappelle tellement de choses. Je ne sais pas pourquoi il a tout fait
débarrasser. C'était peut-être sa façon à lui de faire mon deuil. Je caresse du bout des doigts les
gravures que j'avais faites sur le mur. Ce sont les noms de ceux que j'aimais plus que tout, des mots
que j'ai écrits pour expliquer ce qui me traversait l'esprit. A 17 ans, j'étais vraiment tourmentée.
La chaleur m'étouffe. Les cris venant du dehors m'énervent. Pourtant j'adorais ça: entendre les gens
crier pour moi parce que j'ai mis K.O une ceinture noire. A l'époque, j'avais à peine 6 mois depuis
que je fréquentais le club de Karaté. Pourtant, j'étais la plus douée. Mon professeur m'aimait bien
et je m'entraînais beaucoup plus que les autres. Il m'avait accordé une attention qu'il leur avait
négligée et ça m'aidait à m'améliorer. Au moins lui, il croyait en moi.
Cette pièce était en quelques sortes mon réservoir d'émotions. Si je n'étais pas dans les bras
d'Edouard, c'était ici que je m'enfermais la plupart du temps. Elle m'écoutait quand je lui parlais,
elle ne me jugeait pas. D'ailleurs, une pièce ne peut parler. J'en avais fait ma confidente. Je
m'entraînais toute seule aussi car il y avait fait mettre les matériels nécessaires qui,
malheureusement, ne sont plus là. J'ai grandi, je sais. Mais une partie de moi avait osé espérer qu'il
n'y toucherait à rien.
Mes yeux parcourent la pièce, j’aperçois un petit bout de fer- lequel j’attrape-sur le sol. Avec ce
taux d’adrénaline qui augmente en moi, je l’utilise pour griffonner quelques mots sur une partie
vide du mur. Mes doigts s’exécutent et ne veulent plus s’arrêter. Je me perds dans tout ce que
j’écris sans en saisir préalablement le sens. Je sue et les battements de mon cœur m’accompagnent
comme un roulement de tambours. Puis, je m’arrête net, à bout de souffle. Mes yeux sont brouillés
avec les larmes alors que je lis mon œuvre, laquelle j’ai signé ainsi : « Pour M.Thomas, E. ».
Comment ai-je pu m’imaginer tuer mon homme ?
VOUS LISEZ
Mon bien, mon mal [TERMINÉ]
Romantik« A chaque baffe, je t'aime encore plus. A chaque gifle, je te désire encore plus. Qu'est-ce qu'une esclave sans son maître? Que suis-je sans toi ? » Emma aime son homme Georges et adore être menée à sa guise. Elle a dit:" oui, jusqu'à ce que la...