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La vie, bien souvent, nous fait regretter notre existence. Elle nous martyrise et comme pour se jouer de nous, elle n'hésite pas à remettre le couteau dans la plaie. Parce que, elle, elle ne souffre pas. Elle ne sait pas ce qu'on ressent. A la fin, il n'y a qu'une issue: la mort. Bien que ce soit difficile de l'accepter, la mort nous offre une nouvelle vie. Peut-être même la meilleure...

***

J'ai une grave douleur à l'échine. J'ai mal à la tête et aux os. J'essaie d'ouvrir les yeux. Les rayons du soleil me cachent la vue. Je penche la tête sur le côté.

Mais où suis-je?

Presque tout m'échappe. Pourquoi je suis sur ce lit et dans cet état? Que s'est-il donc passé? Pourquoi est-ce que Georges n'est pas à mes côtés? Est-il déjà parti travailler?

Je tapote mes doigts sur mon front comme pour essayer de me rappeler quelque chose. Comme un éclair, certaines images me reviennent.

- Merde! Je dois être en train de rêver.

Un coup d'œil rapide sur mon corps fait remonter d'autres souvenirs. J'essaie de récapituler: alors, je me suis rendue chez mon ancien professeur de karaté, je suis rentrée à la maison et puis c'est là que mon cauchemar va commencer. Mon cœur se resserre contre ma poitrine et ses battements se redoublent. Je ne peux pas croire que tout ça est vraiment réel.

J'essaie de m'assoir sur le lit mais je laisse échapper un petit cri à la vue de cette photo. Je me frotte les yeux. Soit je rêve ou on est en train de me jouer un tour. Papa et maman, avec moi au milieu. Comme pour dissiper mes doutes, je reconnais l'endroit où je me trouve. D'un geste rapide, j'épouse la position verticale. Mes yeux voyagent du lit de mes parents jusqu'aux différents encadrements de photo de famille.

Mon reflet dans le miroir du placard me fait sursauter. Alors c'est à cela que je ressemble maintenant? J'ai failli m'étrangler avec ma salive quand j'aperçois une silhouette masculine derrière moi.

- Shuuut! Me fait-il.

Je Lui fais face.

- Tu étais exactement sur le lit où on l'avait mise le jour de sa mort, continue-t-il.

Il pointe le plafond du doigt:

- Et ton père s'est suicidé ici, avec cette ceinture-là qui est attachée au plafond.

J'essaye d'articuler quelque chose mais ma voix est tellement faible que je me tais. J'avale ma salive et lui demande en bégayant:

- Qu'est-ce... Que fais-tu ici?

- Remercie-moi d'être venu à ton secours.

Je le regarde sceptique. Il me fait signe de m'asseoir. Méfiante, je ne bouge pas.

- où est ma tante? Demandé-je.

- Elle m'a confié la garde de cette maison. Tu vois comme le monde est petit ? Qui aurait pu croire que je serai un attaché de ta famille?...Disons, de ta tante. La seule qui reste.

Il s'approche de moi et dépose sa main droite contre ma joue.

- Ma belle-sœur bien aimée! Dit-il dans un soupir.

Brusquement, je repousse sa main:

- Je ne suis pas ta belle-sœur, Emmanuel.

Le grand frère de Georges me dévisage de ses yeux noirs et ronds en essayant vainement d'étouffer un rire. Sa voix grave résonne dans la pièce et m'effraie soudain. Je ne l'avais plus revu depuis la dernière fois où il s'est fait rejeter par Georges, ce jour où je l'ai invité à dîner chez nous. Son rire
est sincère pourtant je m'en méfie encore. Il m'avait traité de pute riche et cela je ne l'ai jamais oublié.

Mon bien, mon mal [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant