Détruite. N'est-ce pas là le mot qui puisse me décrire le mieux à cet instant? Je suis déçue. Déçue de comment il m'a remercié de l'amour que je lui porte. Alors, c'est ce à quoi ma vie est résumée: rejetée, trompée pour finir seule? C'est donc ça mon destin? Je suis dégoûtée, répugnée. Je revis la scène dans ma tête à chaque seconde. Ça fait juste mal de voir comment il la touchait, comment
ses fins doigts qui me caressaient s'entremêlaient avec les siens. Ces lèvres pulpeuses qui s'écrasaient autrefois sur les miennes ont osé embrasser une autre. Ce corps qui me réchauffait le soir est désormais possédé par quelqu'un d'autre. Qu'ai-je fait pour mériter un tel châtiment?Je ne sais pas depuis combien de temps je marche à travers les rues qui, à cette heure-ci, sont désertes. Le peu de gens qui m'aperçoivent m'offre un regard de pitié. Mes jambes qui, ce matin, étaient affaiblis ont comme redoublé de force. Elles m'emmènent vers l'inconnu car je n'ai pas de
destination. J'ai envie de fuir. J'ai envie de laisser derrière moi ce bordel qu'est ma vie. Mais où aller? Plus que tout, je souhaite que mes parents soient encore vivants. Je me jetterais dans les bras de mon père, j'écouterais les conseils de ma mère. Oh! Que oui, j'aimerais faire un bond dans le passé, me retrouver à l'instant où j'avais choisi de m'infliger tout ça. Ce jour où j'ai quitté la maison. J'aurais aimé que mes parents m'emprisonnent chez eux au lieu de me laisser partir. Peut-être que j'en aurais beaucoup souffert mais je sais que leur amour, cet amour sincère qui ne trahit pas, aurait comblé ce vide. Mais sincèrement, aurais-je accepté?Je n'ai plus personne. Je suis seule, abandonnée dans cette putain de vie. Mon cœur est endeuillé et cicatrisé à jamais. Comment ai-je pu choisir Georges à l'amour que me portaient mes parents? Ou encore à celui que me portait...
Édouard
Mon cerveau essaie de récapituler les faits. Édouard. Mon ami d'enfance, mon ami de toujours. Comment ai-je pu le rejeter? J'étais sa princesse et il prenait soin de moi comme l'aurait fait un grand frère et surtout un homme amoureux. Alors que Georges m'offrait baffes et jurons, Édouard,
lui, m'avait offert des fleurs, des conseils, de l'amitié, de l'amour. Il m'avait demandé de le suivre et
je sais que ma vie aurait changé dès l'instant où j'aurais déposé ma main dans la sienne mais mon satané de cœur n'a rien voulu comprendre. Il a préféré se laisser briser sous les pieds insouciants de Georges. Parce que malgré tout, j'aimais mon homme. Malgré les week-ends passés sans lui à la maison, les nuits passées à l'attendre dans notre chambre pour me réveiller sans lui le matin. Malgré son indifférence certaines fois à mon égard Ou encore son manque d'affection, malgré nos disputes, mes pleurs et malgré les bleues sur ma
peau, j'aimais Georges et j'ai peur que je ne l'aime encore.Le grand immeuble se dresse devant moi. Je ne sais pas comment j'ai pu me retrouver là: c'est peut-être l'habitude. Une fois de plus, je viens chercher réconfort sur ses épaules. Une fois de plus, j'ose me présenter devant sa porte. Une fois de plus, j'avance avec mes larmes, dans mon état piteux, pour qu'il les essuie de ses mains délicates et douces parce qu'elles semblent avoir été faites pour ça: que pour me consoler. J'enfreins la grande barrière et toque la porte d'entrée. J'attends impatiemment qu'il m'ouvre. Il fait déjà nuit et je me sens fatiguée. Fatiguée de tout: de cette vie, de tous ces gens qui me mentent. Je veux qu'Edouard me prenne dans ses bras et me chuchote que tout ira bien. Je veux qu'il me serre contre lui comme il le faisait avant parce que ça me rassurait, ça me donnait la force de continuer. Je veux qu'il essuie mes larmes et qu'il me regarde droit dans les yeux pour me dire qu'avec je suis encore belle. J'ai simplement besoin que mon cœur soit réchauffé par de l'amour vrai et ceci, seul lui me le porte.
Je toque une deuxième fois. J'entends des pas s'approcher.
- Éd?
On ne m'ouvre pas. Au lieu de ça, les lumières sont éteintes. Je me mets à crier en toquant de plus bel:
- Ed, ne fais pas ça. Ouvre-moi stp.Je frappe de toutes mes forces jusqu'à avoir mal.
- Tu es occupé ? Toi aussi tu es avec une autre? Vous me faites pitié, vous les hommes. Marmonné-je dans un cri de rage.
Je recule de quelques pas pour aller ramasser une pierre que je balance à travers une fenêtre. La vitre est cassée. J'en ramasse une autre, je n'ai pas la force de la lancer. Je m'approche de la porte une fois de plus:
- Tu te souviens que tu m'avais fait la promesse d'être là quand j'aurai besoin de toi? Eh bien, maintenant, princesse a besoin de son chevalier. Viens à mon secours, je t'en supplie.
Trop faible, je me laisse glisser contre la porte. Je sais que, malgré tout, derrière il y a une oreille attentive qui m'écoute:
- Tu sais, il m'a trompé Édouard. Tu t'en rends compte? Georges a osé me tromper! C'est une insulte à ma fierté de femme. Te souviens-tu de notre mariage? Je sais que cela t'avait pris
à l'improviste. Mais, tu te souviens quand même. Tu as été témoin de nos vœux, tu as vu combien j'étais enthousiaste à l'idée de l'épouser. Je sais que tu te méfiais de lui, j'ai toujours considéré ça comme une petite crise de jalousie. Tu as même tenu à me ramener chez mes parents. Dans ma naïveté, je n'ai rien vu venir. Rien. Rien du tout. Je suis conne, non?Je laisse échapper un petit rire:
- Ouais, ça doit être ça. Je sais que tu m'aurais répondu que je l'ai toujours été. Et ça c'est vrai. Je suis conne d'avoir cru en son amour, en sa fidélité. Mais je sais qu'il m'aime...Les
hommes ne savent pas ce qu'ils veulent: quand on leur ment, ils nous glorifient et quand on les aime, ils nous trompent. Tu peux me dire de quoi je manquais? Est-ce parce que j'ai perdu ma beauté? Si tu me dis oui, laisse-moi te dire que j'ai tout perdu à cause de lui: ma famille, ma beauté et... Toi. Bref, je ne sais pas comment j'ai supporté ces nuits sans lui, toutes les fois où il ne rentrait pas. Je ne me suis jamais faite des idées, tu sais? De peur qu'elles soient fausses. J'ai toujours refusé de croire qu'il pourrait être avec une autre. Parce
que mon homme à moi était fidèle. Bien évidemment, ça c'était dans ma tête.Je rapporte mes genoux à la hauteur de mes seins et appuie ma tête contre la porte:
- Ed, tu m'écoutes?
Comme si son silence m'avait répondu, je continue:
- Je suis dans un état piteux. Si tu me voyais, tu aurais honte de moi. De ce qu'est devenue ton amie d'enfance. Je n'ai pas mangé de toute la journée, j'ai les yeux bouffis et les cheveux en bataille. Et quand j'ai voulu me faire belle et me reposer, je suis tombée sur
eux. Je t'épargne la scène. Tout ça, c'est à cause de lui. Mais est-ce que tu peux me dire pourquoi il m'a remercié de mon amour d'une telle façon? Hein? J'ai osé sacrifier mon bébé pour le garder près de moi! Oui, c'était pour ça que j'avais pris tous ces comprimés. C'était ce qu'il voulait et tu sais que mon cœur de femme amoureuse céderait toujours à ses
caprices.Les larmes me viennent aux yeux et j'essaie de les retenir vainement. La voix presqu'étouffée, je continue:
- Tu me manques Édouard. Dans ces genres de situation, il n'y a que toi pour me réconforter. J'aimerais sentir tes bras minuscules sur mes épaules et ton souffle sur ma nuque. J'aimerais que tu me dises que rien de tout ça n'est vraiment arrivé et que demain, la vie-ma vie-continuera comme avant. Oh Ed, dis-moi que ce n'est pas vrai. Je n'aurais pas dû te
repousser la dernière fois mais si tu étais dans mon cœur, tu aurais vu combien je t'aimais et combien je regrettais. Je t'aime, Ed. Peut-être pas assez pour te préférer à Georges mais je t'aime quand même.D'un geste rapide, j'essuie mes pauvres larmes.
- Si tu ne veux plus me revoir, tu as toutes tes raisons. Tu sais, je ne sais pas encore le sort de Georges. Mais elle, je la tuerai.
Je sens le temps se stopper un instant. Je n'entends plus rien, et je me sens bien avec mes paupières qui désirent enfin se reposer.
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Mon bien, mon mal [TERMINÉ]
Romance« A chaque baffe, je t'aime encore plus. A chaque gifle, je te désire encore plus. Qu'est-ce qu'une esclave sans son maître? Que suis-je sans toi ? » Emma aime son homme Georges et adore être menée à sa guise. Elle a dit:" oui, jusqu'à ce que la...