Partie 14

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Zahra Tall

La vie suit son court normal, les priorités changent, la routine s'installe dans ma vie. Au stade où j'en suis, ma vie se résume entre l'hôpital et ma chambre. Effectivement à 8 mois de grossesses je me sens lourde, je suis tout le temps malade. Depuis mon 5e mois, je n'arrive à rien faire, migraine, nausées, vertiges, évanouissements et maux de ventre sont devenus mon quotidien.

Chérif n'est jamais présent je ne le vois que très rarement. J'espérais que quand les complications auront commencé, il serait plus présent. Mais rien. Les seuls qui s'occupent de moi sont maman Mariama et Grand-père qui passe d'ailleurs toutes ses journées à la maison, mes amies gèrent leurs foyer actuellement, Laila est enceinte aussi de 7 mois sa famille est venue rester avec elle, Sadiya et Junior sont partis en Allemagne depuis 2 mois pour voir la famille de Junior. Et les autres vivent leur vie tranquille à Dakar.

Personne ne se doute de la grossesse difficile que je suis en train de vivre.

Maman Mariama: massa ma fille, tu as pris tes médicaments?

Moi: non maman dis-je en sueur

- tu es brûlante Zahra ce n'est pas sûr il faut qu'on t'amènes à l'hôpital

- non ça va aller maman donne moi juste du doliprane

- il y en a plus tu as terminé la dernière boite

- appelle Chérif

Elle prend son téléphone et l'appelle mais ça sonne dans le vide. Elle insiste toujours rien

Elle: il est injoignable, je suppose qu'il est occupé

Moi: ce n'est pas grave

J'ai mal très mal à la tête et au ventre. C'est bon je ne tomberai plus enceinte. J'ai une forte fièvre, je transpire grave et la chaleur n'arrange pas les choses. J'essaie tant bien que mal de supporter la douleur mais je n'en peux plus, maman est complètement paniquée.

Moi: maman allons au poste de santé s'il te plaît je n'en peux plus

Elle: d'accord allons y

Elle m'aide tant bien que mal à me lever mais à peine mes pieds foule le sol que je perd l'équilibre. Heureusement que maman me tient mais avec ses maigres force elle ne pourra pas m'aider.

Je décide donc de me recoucher attendant la mort. Et Chérif qui ne décroche pas. Ah Chérif j'ai vraiment été patiente et tolérante envers lui. Il sort très tôt pour ne revenir que vers 1h ou 2h du matin. La fatigue de la journée fait qu'il s'endort profondément la nuit n'entendant même pas mes gémissements de douleur.

Même les week-ends maintenant il ne les passe plus à la maison prétextant qu'il fait tout pour réunir assez d'argent pour l'accouchement et les frais des bébés. Il ne sait absolument rien de comment se passe ma grossesse. J'aurai aimé avoir un mari présent qui me soutienne, qui partagerait cette merveilleuse expérience avec moi, qui serait là pendant les jours où je serai malade rien que pour me rassurer, qui supporterait mes caprices et mes sautes d'humeur mais rien.

Très souvent le soir j'ai des envies de fast-food mais Chérif n'est pas là pour m'en acheter ou tout simplement parce que je n'ai pas assez d'argent pour me payer un burger ou une pizza. Je me résigne à prendre ma bouillie sans jamais me plaindre.

J'ai 3 meulfeu et quelques robes amples voilà ce qui résume ma garde robe actuellement vu que je n'ai pas non plus le moyen de me payer des vêtements de grossesse.

Niveau santé n'en parlons même pas je suis tout le temps  malade et le plus souvent on a pas toujours les moyens de me faire soigner. Finalement quand je me sens malade et que Chérif n'a pas encore d'argent, je préfère ne rien dire et supporter en silence.

Le bonheur de vivre pauvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant