Partie 24

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- tu es sûr que tu ne peux rien faire?

- non Zahra. Au moins on a de quoi payer la location et les agents.

- je suis désolée mon coeur juste ne te décourage pas

En effet depuis un moment le travail de Chérif stagne. Depuis le marché de Tamsir il n'a plus reçu aucun contrat. Bien vrai qu'il se tue matin et soir pour ce travail, On croule sous les dettes. On survit grâce à ses économies et à l'argent que je gagne à l'atelier.

Chérif a beaucoup de mal à s'adapter à cette situation qui affecte aussi son attitude envers les enfants. Il n'y a pas plus dur que de ne pouvoir donner le meilleur à ses enfants: les meilleurs jouets, les meilleurs aliments, les meilleurs habits, les gadgets indispensables; ce qui le frustre encore plus et je le comprends car je ressens la même chose. Mais je repose tout entre les mains d'Allah en espérant des jours meilleurs.

Plus les jours passaient, plus le couple s'enfonçait et plus leur relation devenait difficile et problématique. Chérif s'énervait pour un rien. Il était devenu irritable mais Zahra prenait toujours sur elle essayant de comprendre et de soutenir son homme. Malheureusement elle sentait qu'elle allait craquer bientôt.

De son côté, Djénaba vivait mal son exile au village. Tout était tellement différent de la ville. Elle qui se plaignait que sa maison à Mbour n'était pas assez bien se retrouve dans une case à la toiture de paille, pas d'électricité, pas d'eau devant aller tous les matins au puits, la nourriture est juste .... Bon passons Djénaba dépérissait à vu d'oeil, n'ayant pas le choix, elle devait s'adapter à sa nouvelle vie et c'était vraiment dur.

Au village une femme ne devait pas s'habiller n'importe comment... les jeans les jupes étaient bannis. Elle était obligée de s'habiller comme la parfaite peulh traditionnelle: pagne et T-shirt.

Elle se réveillait à l'aurore pour se doucher, faire ses ablutions et prier pour ensuite se diriger au puits avec sa bassine sur la tête ou elle pouvait faire plusieurs aller-retour pour approvisionner la maison en eau. Ensuite elle faisait toutes les corvées ménagères balayer et tamiser la grande cour, preparer le petit-déjeuner, ranger les chambres pour ensuite aller au marché, revenir cuisiner et faire la vaisselle.

Après les corvées elle vendait des sandwiches devant la maison. En gros la vie de Djénaba a changé radicalement.

Elle apprenait aussi le coran et passait sa nuit à demander à ya Allah de lui pardonner. Oui elle regrette beaucoup ce qu'elle a été. Quand à Bira, il lui arrive de penser à lui mais au fil du temps elle a arrêté de l'attendre. Elle s'est rendue à l'évidence qu'il ne reviendrait plus. Après comment lui en vouloir? Personne ne veut avoir une ancienne prostituée comme épouse.

La vie est dure pour elle mais à bien y réfléchir elle n'est facile pour personne

Zeina avait décidé de couper tous contact avec sa soeur quand elle a appris la nouvelle. Elle en a pleuré, souffert et après elle s'est dite que Djena n'en valait certainement pas la peine. Depuis elle se concentre sur ses cours et honnêtement elle est sur une belle voie.

Zahra revenait du marché et trouva son mari les yeux dans le vide. Elle déposa son pannier et vint s'asseoir près de lui

- chéri? Que se passe t'il?

- rien qui ne te concerne

- Chérif en un moment ou un autre tu vas devoir me parler. Tu ne peux pas garder tous tes problèmes pour toi. On est un couple. Je suis ta femme, ta moitié et tu sais que quoi qu'il arrive je te soutiendrai toujours. S'il te plaît parles moi

- je n'en peux plus Zahra je je ne sais pas ce qui n'a pas marché pourtant je me suis donné corps et âme sur ce projet je ne comprends tout simplement pas tout était réuni et calculé pour que ça marche

Le bonheur de vivre pauvreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant