Chapitre 8

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***YAMA KHADY MAR DIAGNE***

Après avoir pris le déjeuner et aidé Fifi avec quelques tâches ménagères —malgré sa réticence—, la décision de faire une courte sieste m'est venue naturellement. Je me suis donc assoupie confortablement dans la chambre.

Cependant, cette quiétude n'a pas duré longtemps, car une voix grave et féminine est venue me tirer des bras de Morphée. Sans hésiter, je me suis levée doucement et je suis sortie de la chambre pour voir d'où provenait cette voix.

J'ai alors trouvé ma belle-mère et une femme que je n'avais jamais vue auparavant, assises sur le perron. Elles semblaient avoir une conversation animée.

—Parle doucement s'il te plaît. Les voisins peuvent t'entendre. 'Boul khawi sama soutoura nguir yalla' (Fais preuve d'un peu de discrétion s'il te plaît), a chuchoté ma belle-mère d'une voix à peine audible.

—'Bo beugone koula sangu soutoureu do sétane mafiye nieuwatt lou eupp tourou nak' « Si tu tenais tant à ta discrétion, tu aurais dû t'assurer que je n'aie plus à mettre les pieds ici. Trop c'est trop ! ». Aujourd'hui, je ne partirai pas d'ici tant que tu ne me donneras pas mon argent. A répondu la femme en élevant un peu plus la voix.

À ces mots, elle pivota brusquement la tête dans ma direction, et nos regards se sont croisés. C'est à ce moment-là qu'elles ont remarqué ma présence et qu'elles se sont tues. J'ai alors avancé vers elles.

—Assalamou Anleykoum, les ai-je saluées poliment.

—Wahanleykoum salam. Ah ma fille, tu es réveillée ? Me répondit ma belle-mère, affichant un sourire forcé pour dissimuler la situation délicate dans laquelle elle se trouvait.

—Oui, oui maman. Euh... puis-je savoir ce qui se passe ici ? Ai-je questionné en les fixant tour à tour, mon regard s'attardant davantage sur la femme inconnue.

Ma belle-mère a alors tenté de me répondre rapidement :

—Non, rien. Retourne...

Mais l'inconnue l'a interrompue:

—Ah dédétt ! Waxko lifi nék' « Ah non non ! Il faut lui dire la vérité ».

—Fanta, laisse-la en dehors de ça, d'accord ? A lancé ma belle-mère, dans une tentative de la dissuader.

Mais la femme, comme si cet avertissement n'avait jamais été prononcé, s'est tournée vers moi et a commencé à me parler de la situation.

—Jeune fille, je suis venue récupérer mon argent de loyer, expliqua-t-elle d'un ton ferme. 'Niétt wérr nio ngui ni mafiye diabanté di nieuw tei douma diot dara loudoul ay lay. Tay nak mom dama soneu tei douma fi bougé iota té fayouma sama xaliss' « Depuis trois mois déjà, je fais la navette ici mais je ne peux toujours pas recevoir le paiement. À chaque fois que je suis venue, Ndeye Lisoune me servait des excuses et j'ai toujours été compréhensive. Mais je n'en peux plus ! Je veux qu'elle me paie et cela par A ou B ».

—D'accord, d'accord, ai-je répondu rapidement pour la faire cesser de parler fort. À combien s'élève l'argent ?

À cette mention, elle sembla se calmer un peu.

—Trois cent mille francs, qui est la durée des trois mois accumulés, a-t-elle répondu d'un ton plus posé.

—Très bien, attendez-moi, je reviens, ai-je dit en me tournant pour aller vers ma chambre.

Ma belle-mère voulut m'interpeller, mais je lui ai fait un signe discret pour lui signifier de ne pas s'inquiéter et de me laisser gérer la situation.

Une fois dans ma chambre, en cherchant ma pochette, je n'ai pu m'empêcher d'éprouver un sentiment de tristesse mêlé à une pointe de colère. Le comportement de cette femme m'avait laissée sans voix.

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