Chemin de croix

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Aarius se réveilla avec un mal de crâne terrible. Salia n'y avait pas été de main morte. Il grimaça. Le soleil venait lui taper dans la figure, l'éblouissant. Comme il n'était pas encore levé quand il s'était fait battre, il en déduit que quelques heures s'étaient déjà écoulées. C'est dans ce genre de moments qu'il regrettait les appareils technologiques ultra avancés des Alfides.

Enfin, technologiques... Le terme le plus correct serait ''fluidiques'' ou quelque chose s'en approchant, vu que ces appareils utilisaient les flux. Les humains en avaient aussi, bien sûr, mais bien moins fiables et pratiques. Il se contentait donc de l'avancée du soleil ou de la place des étoiles pour deviner l'heure. Voilà une des nombreuses choses qu'il était réduit à faire, à cause de ses choix. Ses stupides choix.


Il cligna des yeux, à présent habitués à la lumière et se leva. Il regarda autour de lui et fronça les sourcils. Quelque chose clochait. Les armes des soldats de l'escorte étaient toujours là, et personne ne l'avait remarqué, alors qu'il traînait en plein milieu d'une rue, aux alentours de dix heures du matin. Ce n'était pas normal. Il regarda du côté de la porte et vit, à sa grande surprise, qu'elle était toujours entrouverte. La patrouille du matin n'aurait jamais laissé cela se produire ! A grande enjambées, il s'y rendit et alla regarder de l'autre côté.

La plaine était vide, désespérément vide. Aucun danger venant de là. Il dû mettre toutes ses forces pour refermer la porte, pourtant à peine entrebâillée, à l'aide d'un treuil. Suite à son effort, il s'éloigna de quelques pas et chercha à voir les gardes faisant habituellement leur ronde sur le chemin en haut des remparts. Là encore, tout était calme et silencieux. Il ne vit que deux gardes, postés loin l'un de l'autre, regardant vers l'intérieur de la ville. Vers le centre. S'y passait-il quelque chose ?


Aarius décida d'aller dans un poste de garde afin d'avertir les soldats que leurs semblables étaient encore en position difficile. Heureusement, il y en avait un sur le chemin le menant au centre de la cité. En marchant, il s'autorisa enfin à revenir sur son combat avec Salia.


Il avait d'abord voulu les suivre discrètement, sans intervenir, pensant que les soldats se chargeraient d'eux. Puis, Zeika était arrivée. L'agent double de l'histoire, ayant d'abord tourné le dos à sa patrie puis à ses nouveaux alliés. Au final, il ne savait pas de quel côté elle se trouvait. Voyant que l'escorte s'était finalement fait dissoudre sans trop d'effort et que ses supposées proies s'enfuyaient, il avait dû intervenir, laissant ses questions de côté.

Pour lui, Zeika, ses soldats et les prisonniers de seconde zone n'étaient pas importants. Ses ordres étaient de rendre inefficace la tête pensante de la délégation ennemie infiltrée. C'est-à-dire, Salia et son frère. Et le Général Thundarius aussi, bien sûr. Jacriph, quant à lui, étant dans une condition physique déplorable, il n'avait pas été un danger.


Voilà pourquoi le jeune Alfide avait d'abord neutralisé le Septième Général, en le poignardant. En son for intérieur, loin, très loin sous la surface, ce geste l'avait horrifié, répugné. Il s'était dégoûté lui-même mais n'avait pas eu le choix. S'il n'avait pas agit ainsi, il serait sans doute mort à l'heure qu'il était.


Il pensait pouvoir maîtriser facilement les deux jeunes, ce qui avait été le cas, mais seulement pour Laocris. Bien que le plus jeune ait bien progressé, on sentait que le combat n'était pas son fort. Il espérait juste que Lao ne s'était pas cogné trop fort. Après tout, il restait le petit qu'il protégeait encore il y a quatre ans...

La SilhouetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant