Une discussion déterminante

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L'intérieur de la mairie était un exemple typique de l'architecture alfide. Les murs étaient espacés, percés de nombreuses ouvertures, plus ou moins grandes. Des plantes parsemaient les murs, les plafonds et les côtés de la pièce, prouvant encore une fois la grande affinité de ce peuple avec la nature.

Les meubles étaient tous d'une couleur brun chaud, s'apparentant à la couleur du caramel ou du sirop d'érable, tandis que le reste était de couleur plus clair, oscillant entre le blanc et le beige. Le tout donnait une impression d'espace, de réconfort. Il aurait suffit de s'asseoir sur l'un des bancs du hall et d'admirer le décor pour se sentir reposé. La majorité des bâtiments alfides ressemblaient à ça, avec parfois des touches de couleurs vives ici et là ou des meubles un peu plus sombres, selon les résidents.


Comme toujours, Salia se sentit rassurée une fois qu'elle fut entourée de ce décor connu. Il lui suffisait de se tenir au milieu du hall de la mairie de Tandero pour se sentir comme chez elle. Un petit sourire fleurit sur ses lèvres et ses pas se firent plus calmes, plus détendu comme elle suivait Rius Galfar dans le bureau du maire.

Celui-ci, situé au deuxième étage avait vue sur la grand-place du village au moyen d'une baie. Cette dernière, bien différente de celles que l'on trouvait chez les humains était arrondie et semblait se fondre avec le mur, aucune séparation n'étant visible. Les nuances de couleurs étaient plus foncées qu'en bas, plus proches du chocolat.

Le reste de la pièce comprenait un bureau et une chaise, devant la baie et une table entourée de deux canapé entre le bureau et l'entrée de la pièce. Sur le mur de droite, il y avait un meuble de tri et sur celui de gauche, une étagère de livres. Un tapis rouge foncé complétait le tout.


Le maire et Salia s'assirent dans les canapés, l'un en face de l'autre. La jeune alfide refusa poliment l'encas que lui proposait Rius et commença à raconter ce qui les avait amenés ici. Elle débuta par leur mission, expliquant simplement qu'ils avaient du faire une mission de repérage chez les humains. Ils allaient partir mais la situation avait mal tourné, les forçant à se battre contre des soldats humains. Les conséquences de cette bataille étant, bien sûr, leur état d'épuisement et la blessure grave de Thundarius.

Salia enchaina sur celui-ci, expliquant que c'était trop grave pour qu'ils puissent le prendre avec eux. Et qu'il faudrait l'opérer. Rius, ayant appris que des visiteurs étaient arrivés, était déjà passé par l'hôpital et avait donc déjà eu certaines informations. Cependant, avoir la version plus détaillée de la jeune femme lui permettait de mieux appréhender la situation.

Salia lui laissa le temps de réfléchir et de penser à d'éventuelles solutions avant de continuer son récit. Elle termina en expliquant où ils étaient réapparus et la destination qu'elle avait de prime abord choisie – à savoir le camp de Larcita – ce qui suggérait que le Pilier avait une défaillance importante. Elle mentionna le Gardien Za, qui était censé lui aussi parler du Pilier à ses confrères sylvains. Le maire proposa alors d'aller parler avec les Sylvains pour voir ce qu'il faudrait faire pour réparer le Pilier.


Une fois que ces points furent abordés, la jeune alfide se tut. Elle ne voulait pas, d'une part, en dire plus que ce qu'il fallait – les points plus graves étaient réservés au roi – et d'autre part, elle ne savait pas quoi rajouter à son compte-rendu. Une fois que Rius eut tourné toutes ces informations dans sa tête, il reprit la parole.

- Je vois. Pour Thundarius, nous ferons le nécessaire, ne t'en fais pas. Avoir l'un des treize Généraux alité dans notre village est une grande responsabilité. Et nous ne permettrions pas la mort de l'un des nôtres, encore plus si elle est causée par un humain. Quand au Pilier, comme je l'ai proposé, je pense que j'irai avec deux de nos mécaniciens des fluides pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Je vais envoyer une tirielle pour prévenir les Sylvains.


Salia sourit à la mention de l'oiseau. Les tirielles, rapides et très affectueuses, avaient beaucoup de succès. Les Alfides leur demandaient souvent de faire le relai entre eux et d'autres races, ce qu'elles faisaient contre rémunérations. Ces petits oiseaux, en plus d'être beaux et particulièrement agiles, étaient aussi très intelligents. Bien plus que leurs cousins, que les humains appellaient colibris.

- D'accord, ça me rassure un peu plus. Je vous laisse donc vous occuper de cela. Avec mon père et Laocris nous devons essayer d'atteindre le camp de Larcita avant demain soir. De là, une fois que nous aurons récupéré notre matériel et les rapports des autres infiltrés, nous nous mettrons en route vers la capitale, afin de parler au roi. Si Thundarius se rétablit d'ici là, pourriez-vous l'escorter jusque là-bas s'il vous plait ? Nous devons transmettre certaines informations sensibles à sa Majesté...

- Pas de souci, Nous l'accompagnerons avec plaisir. Surtout s'il est encore convalescent à ce moment-là, ce que je crains. En attendant, reposez-vous, vous et votre famille, vous en avez déjà beaucoup fait et vous en avez besoin. Je vous reverrai demain matin, lorsque vous partirez. Je vous souhaite donc une bonne nuit, qu'elle soit douce et calme.

- Et qu'elle vous soit profitable et intéressante.


Salia quitta ensuite le bureau, laissant le maire préparer ce dont ils avaient parlé. Elle retraversa le hall, sortit et s'arrêta afin de contempler la lune. Celle-ci, encore basse sur l'horizon, brillait d'un éclat magique. Bien plus visible que de l'autre côté du voile, elle dévoilait ici toute sa beauté. Le chemin jusqu'à l'auberge fut rapide. Elle monta à l'étage, passa dire bonne nuit à son père et à son frère puis rentra enfin dans sa chambre.

La fatigue qui s'abattit soudain sur elle la fit chanceler. Elle l'avait réprimée pendant toute la journée et ne se rendait compte que maintenant qu'elle ne tenait plus debout. Elle se déshabilla et enfila sa chemise de nuit, puis fit sa toilette de nuit, le tout en baillant et en clignant beaucoup des yeux. Finalement, Salia s'écroula sur son lit et ne tarda pas à sombrer dans le sommeil. Dehors, la lune continuait sa lente ascension, veillant sur le repos de la jeune alfide.

*

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