Troublante Usurpation

chapitre 1

-Tu es en état d'arrestation pour détention et revente de produits stupéfiants, tu as le droit de garder le silence, tout ce que tu ...

Blabla... J'ai déjà décroché, je connais la chanson. On me met à l'arrière de cette bagnole qui pue la mort. Le pire, c'est que le boulet qui conduit fait joujou avec sa sirène et ses gyrophares, ce qui a pour but d'attirer toutes les pervenches du coin et leurs yeux curieux. Génial ! Moi qui n'aime pas me faire remarquer.

Après un temps de route qui me semble interminable, deux connards en bleu jouant aux gros durs me réceptionnent et me font prendre un dédale de couloirs pour arriver dans une salle d'interrogatoire. Je suis menotté à la table et on me fait patienter. Deux officiers se pointent. L'un d'eux s'accole au mur et l'autre s'assoit face à moi, demande l'enregistrement de l'entretien et récite des trucs dont tout le monde se fout. Quand il a enfin fini, il se tourne vers moi et me dit son nom... sérieux qu'est-ce que j'en ai à foutre, on va pas devenir pote !

-Édouard Adler, vous avez été interpellé ce jour à 22h36 aux abords de Chandler Park pour détention et revente de produits stupéfiants ...

-Non.

-Pardon ?

-J'ai dit non.

-Non à quoi ? fait l'autre flic qui n'avait jusqu'à maintenant pas ouvert la bouche. Ils vont sûrement me faire le coup du gentil flic/méchant flic. Plus ringard et cliché tu meurs.

-J'avais pas de dope sur moi et je revends pas. Quand votre gars est venu me voir, je me suis pas enfui. J'ai coopéré même quand vous m'avez passé les menottes et emmené ici sans preuves.

-Alors pourquoi on a attrapé un de tes gars pas loin et que de la dope a été retrouvée à quelques mètres de là où on t'a arrêté ? En plus, un de nos chiens est venu direct vers toi.

-Je connais personne moi. Pour la dope, y'a de quoi faire dans le parc. C'est d'ailleurs pour ça que vous y étiez non ? Pour finir, je me promenais juste quand votre clébard est venu me renifler. J'y peux rien s'il cherche de l'affection où il peut.

Je les regarde droit dans les yeux avec un grand sourire.

-Tu fais le malin mais t'es dans la merde mon gars, on a ...

-Vous avez que dalle. Le coupais-je

-C'est peut-être des preuves circonstancielles mais y'en a pas mal et avec ton casier long comme mon bras, le proc' va pas chercher plus loin à moins que ....

Je souris malgré moi, je vois déjà clair dans son jeu. Il va me faire une proposition à la con, soi-disant pour que je m'en sorte en donnant le nom d'un mec au-dessus de moi et dès que j'aurais « vendu » le truc, il m'arrêtera pour complicité. Ils me prennent vraiment pour une bille. Ou alors ça marche en temps normal. Je sais pas ce que je trouve le plus désolant.

Je l'invite à poursuivre avec un mouvement de menton. Le crétin est vraiment sûr de l'effet de sa déclaration.

-À moins que tu nous donnes des infos genre qui est le dealer pour qui tu bosses ?

Il pense donc que je ne suis qu'un pauvre gamin qu'on envoie dans la rue, le dernier maillon de la chaîne, s'il savait ce con ! M'enfin, je pourrais m'en servir pour minimiser mon implication et sauver mon cul.

-Ça serait dommage de te faire piquer la vedette par l'autre jeune non ? Il va sûrement tout cracher vu la flèche que c'est.

C'est clair que plus jamais je prends des gars que j'ai pas moi-même recrutés. Ce con est un incapable qui m'a foutu dans une grosse merde. Surveiller une rue et m'appeler au moindre truc louche c'est quand même pas la mer à boire. Heureusement, ce n'est pas moi qui lui ai donné le téléphone et ses ordres. J'étais déjà en affaires. Il ne connaît donc pas mon visage.