Chapitre 26

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Quand j'ouvre les yeux, je me retrouve dans l'obscurité. Du bout des doigts, je sens du tissu. Quand je le presse, il est épais et moelleux. Je suis sur un lit.

J'essaie de me redresser pour voir davantage que le plafond mais un mal de crâne et une violente nausée me clouent au lit. J'ai l'impression que ma tête pèse une tonne. J'ai chaud et je suis moite. C'est alors que mon cerveau fait la connexion entre mon état et le gaz que j'ai respiré de force un plus tôt.

Je n'ai même pas le temps de prendre peur sur ce qu'il va m'arriver que la porte s'ouvre à ma gauche. La lumière brutale qui en jaillit, m'oblige à fermer les yeux quelques instants. Je sens une présence près de moi et quand j'entends la porte claquée, j'ouvre les yeux. Malheureusement, la silhouette sombre est toujours là.

-Tiens bois ça.

La voix est celle d'un homme. Elle est grave et un peu sèche mais ne paraît pas agressive. Je ne peux m'empêcher de lui demander :

-Qu'est-ce que c'est ?

Je l'entends soupirer bruyamment. Avant qu'il ne s'énerve et ne me fasse du mal, je prends le verre de ses mains et en bois le contenu cul sec. Beurk. Si c'est de la drogue, tant mieux, au moins je ne serais pas tout à fait consciente de ce qu'il passera. Je ne suis pas stupide, je sais ce qui m'attend même si de prime abord, il joue les gentils.

Un homme n'achète pas une fille juste pour la laisser tranquille dans un coin. Ça n'existe que dans la fiction. Celle qu'on trouve dans les livres et les films. La réalité est tellement plus noire, plus sale.

-Tu veux prendre une douche ?

Qu'est-ce que je dois répondre ? Bien sûr que j'ai envie d'en prendre une, je me sens fiévreuse et le tissu colle sur ma peau. Mais c'est surtout pour effacer le souvenir des regards dégoûtants des hommes qui m'observaient avec perversité, et ce numéro d'animal de foire peint sur ma hanche.

D'un autre côté, si je dis que je suis trop fatiguée, peut-être qu'il me laissera en paix ce soir.

Comme s'il lisait dans mes pensées, il s'approche du lit et j'ai le réflexe de me reculer. Je le vois alors prendre un tas sombre au bout du lit et se diriger vers la porte.

-Ne t'inquiètes pas, je ne ferais rien. Promis.

Voyant que je ne bouge toujours pas, il ajoute doucement.

-Viens, tu te sentiras mieux après.

Il n'attend pas que je me lève et passe dans l'autre pièce. Je le suis jusqu'à la salle de bain sans lever la tête.

D'une, parce que la lumière accentue mon mal de tête et de l'autre, je ne veux pas le regarder pour ne pas croiser son visage dans mes futurs cauchemars.

Il me laisse entrer et je referme derrière moi aussitôt. Je m'adosse contre la porte et souffle un coup, les larmes au bord des yeux.

Pour retrouver mon calme, j'observe la salle de bain. La pièce est petite. Il y a une fenêtre, une baignoire-douche et un meuble. Sur celui-ci se trouve le tas de linge qu'il a déposé, des serviettes, une brosse à dents dans son emballage.

Je ne perds pas de temps et me déshabille pour rejoindre la douche et son jet chaud.

Je ferme les yeux en luttant pour ne pas penser à l'homme qui m'attends derrière le mur mais la barrière cède et les larmes coulent.

Je me reprends et me lave en quatrième vitesse tout en frottant avec force.

Il a peut-être été gentil et correct jusqu'à maintenant mais je ne tiens pas à ce que mon comportement change la donne.

Troublante UsurpationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant