Troublante Usurpation

Chapitre 25

Je fixe l'heure sur mon ordinateur. Encore quelques heures avant la vente de ce soir. Faut que je rentre chez moi pour me vider la tête. Je ne peux pas me permettre de montrer un quelconque signe de faiblesse ici, devant mes gars.

Ma conscience me hurle de ne pas aller au rendez-vous. Je vais acheter des filles pour les jeter dans la gueule du loup. Ce soir, par ma faute, elles perdront le peu d'innocence et d'insouciance qui leur reste. Je sais que ça pèsera sur ma culpabilité toute ma putain de vie. Et que quoique je fasse, rien ne pourra l'effacer. Mais ma raison me dit que si je ne le fais pas, je ne pourrais pas recueillir les preuves nécessaires pour stopper ce trafic et que de toute façon, d'autres personnes iront les acheter.

Je sors de mon bureau et retrouve Chris qui traîne un peu plus loin.

-Je peux te laisser gérer jusqu'à la fermeture ?

-Tu peux compter sur moi.

-À demain alors.

-À demain Eddy.

Arrivé dans mon chez moi, je m'enferme dans mon bureau. Je prends des photos de la mallette et de son contenu, relèves les empruntes. J'ajoute le tout à mes notes sur le dossier de mon ordinateur personnel.

Une fois la tâche accomplie, je me change et je nettoie mes armes minutieusement sur ma table de cuisine.

Je jette un regard circulaire à la pièce silencieuse et poussiéreuse en me disant que si je ne devais pas revenir, je ne laisserais rien et ne manquerais à personne. Ce constat plombe le reste de courage que j'avais.

Je prends mes flingues, la mallette et une grosse liasse d'argent liquide -juste au cas où- et me mets en route pour une agence de location de véhicule.

Une fois les clés du suv en main, je ne tarde pas à me mettre en route. Je ne voudrais pas me prendre une balle à cause des embouteillages.

Je prends le même chemin que celui que j'avais utilisé avec Dick. Une fois la sécurité passée et les escaliers descendus, je me retrouve dans cette grande pièce, mais cette fois, je suis seul à prendre les décisions. Je joue à la roulette russe avec ma vie.

Tout se déroule exactement de la même façon que la fois précédente. J'observe attentivement les jeunes filles proposées quand mon regard se porte sur l'une d'entre elles.

Je me dépêche de donner les numéros des lots souhaités à l'organisateur. Je règle la somme avec le petit boîtier électronique.

Je m'apprête à partir mais mes mots sont partis sans m'en rendre compte.

-Combien pour la numéro neuf ?

-Et bien, vu que tu en as pris trois, je te fais dix pour cent sur la fille.

-Vous acceptez le liquide ?

Il me regarde avec réticence mais aux vues du faible nombre de clients potentiels, on sait tous les deux que la transaction va aboutir.

-Ça marche mais va régler directement à la grosse Kim. C'est elle qui tient la caisse.

Je me dirige vers la femme en question. Elle me tend trois enveloppes kraft.

-Y'a la numéro neuf aussi.

Sur ces mots, je lui tends la liasse de billets. En échange, elle me tend une nouvelle enveloppe et se tourne vers le client suivant.

Je repasse dans la salle. Les filles ont déjà disparu. Je regagne ma voiture et attend coffre ouvert comme l'avait fait Dick.

Le logisticien rapporte ma marchandise et se casse. Au volant, je me demande combien de temps ces filles vont rester en vie. Dick et moi avons fait ses courses il y a peu de temps.