Chapitre 22

97 17 131
                                    

Dick s'installe sur le siège passager et me fait prendre un nouvel itinéraire. Un dernier arrêt je l'espère, parce que la journée s'éternise et que ça commence doucement à me faire chier de jouer les larbins.

On se retrouve dans l'Upper Est Side. Le business des Ghosts rapporte gros. C'est autre chose que les petites affaires du gros Clyde à Détroit.

On entre dans un parking souterrain et empruntons l'ascenseur. Dick tape un code sur le pavé numérique pour accéder à l'étage. Je vois les numéros défiler sur l'écran digital. Je suis impatient de connaître l'identité du chef. J'ai l'impression d'approcher le saint graal.

Tous les efforts, les mois d'attente pour ce moment. Le moment où les Ghosts et tout ce qu'ils possèdent sera anéanti ; où ils seront jugés et punis pour leurs méfaits.

Le signal sonore d'ouverture des portes me sort de mes pensées. Faut que je me reconcentre. Rien n'est encore joué. Ma mère m'a toujours dit que quand on jubile trop vite, on se pète les dents.

On se fait fouiller à l'entrée par quatre types puis on passe sous un portique. La sécurité ici est importante. Tu m'étonnes que ce mec soit au sommet et ne craint rien depuis des années.

À regret, je dois laisser ma veste, mon portable et mes armes dans un bac en plastique. Je me sens comme pris au piège dans une forteresse sans aucun moyen de défense. Même Dick, qui d'ordinaire transpire l'assurance, semble mal à l'aise d'être là.

Un des sbires nous escorte jusqu'à l'entrée d'un très grand salon. D'un geste, ils nous faits signe de nous arrêter. On le voit disparaître dans coin non visible de là où nous sommes. On se retrouve seuls un instant avant qu'il nous invite à le rejoindre.

On s'avance dans la pièce. Tout ici, du sol jusqu'au plafond, transpire le luxe et l'argent.

Sur un immense canapé en cuir blanc se trouve un homme, entouré de trois jeunes filles de différentes nationalités. Elles sont déguisées en chat sexy. Sous-vêtements tigrés transparents, pieds nus, maquillées d'un trait d'eye liner noir et affublées de serres tête avec des oreilles de chat. Lorsque l'une d'elle se tourne, j'aperçois une fausse queue à l'arrière de son string. Pas du tout mon délire, paraît que l'argent permet de s'offrir tout ce qu'on veut.

Une jolie noire me reluque et me fait un petit sourire timide avant de tourner sa tête vers notre hôte et de frotter sa joue contre la sienne. À bien y regarder, elles ne se contentent pas d'être costumées en félin, elles en ont aussi l'attitude. Le chef des Ghosts nous invitent à nous asseoir avec un geste théâtral. Je suis déçu du personnage.

-Richard, et toi, tu dois être Eddy ?

-Oui m'sieur.

-J'entends beaucoup parler de toi en ce moment.

Je hoche la tête ne sachant que répondre. Si les échos sont négatifs, se retrouver ici est mauvais signe pour ma poire. En revanche, s'ils sont positifs, je ne sais pas trop ce que je fous là. Il a pas l'air du genre à distribuer des félicitations.

-J'aime que mes gars fassent bien leur boulot, ferment leur gueule, m'obéissent et me rapportent un max. Quand c'est plus le cas, je vais te montrer ce qui arrive.

J'avale ma salive avec difficulté. J'essaie de me dire que je ne suis pas démasqué. Que ma dernière heure n'a pas encore sonnée. Je me repasse les événements des derniers mois pour voir où j'aurais merdé. Quelle attitude m'aurait trahi mais rien ne me vient.

Je me raidis quand il sort un pistolet de sous un coussin et le pointe dans notre direction. Quand j'entends le coup de feu, j'ai le réflexe de fermer les yeux.

Troublante UsurpationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant