Chapitre 4

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Ce n'est pas une interrogation prononcée de manière méchante ou sarcastique mais il s'en sent blessé d'une certaine manière. Lando préfère choisir le silence et se relever lentement, se dirigeant vers l'intérieur.

— Lando ?

Il secoue la tête négativement, comme pour chasser ses propres pensées. Il se sent défaitiste. Ne devrait pas. Ses mots s'échappent tous seuls de ses lèvres :

— Non, c'était probablement idiot de ma part, désolé.

À l'intérieur, il va trouver du réconfort auprès de Max. Se laisse tomber à côté de lui et ce dernier sans poser plus de questions le laisse se blottir contre lui.

— Mauvaise convo ? lui demande-t-il dans un murmure.

Il se contente de pousser un gémissement. Les yeux du néerlandais n'ont pas lâché l'écran, il joue à Fifa contre Pierre. Le partenaire de ce dernier n'est nulle part de visible autour.

— Charles ?

— Je crois qu'il ne m'aime pas trop. Enfin, c'est assez réciproque. Tu le connais depuis longtemps Pierre ?

— C'est plutôt ... qu'on a été amis d'enfance. Mais c'est une surprise de le retrouver ici tu sais. Je n'aurais jamais pensé qu'il était gay.

La voix du français semble assez hachée, peut-être est-ce une histoire douloureuse. Quoiqu'il en soit de ses états d'âme, l'autre Youtuber ne s'en soucie pas vraiment et en profite pour marquer un but.

— Hé ! Ce n'est pas juste, merde.

— C'était du français ça ?

Le plus vieux lève les yeux au ciel.

— Oui, je vais pas sortir de l'italien.

— Tu aurais pu, je ne connais pas tes origines.

Pierre marmonne quelque chose qu'aucun d'eux n'entend. Un peu amusé par la situation, Lando en vient à oublier ce qui vient de se passer et se relève légèrement, restant proche de son comparse.

— J'en viens à vous envier, vous semblez proches tous les deux.

— Ah ? s'étonne-t-il, un poil gêné. Je suppose qu'on est des bons amis.

— J'étais un bon ami de Charles et on a jamais réussi à être aussi proches.

Il se lève définitivement, venant se caler plus proche de leur adversaire. Il ramène ses genoux contre sa poitrine, posant sa tête dessus, lui lançant un regard.

— Tu veux te confier ? Tant qu'on a encore la paix.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

— C'est une proposition.

Le français hausse les épaules.

— Charles était mon premier amour. Ma première désillusion aussi.

— Il ne t'aimait pas ?

— Je ne pense pas. Être ici est une drôle ironie du destin.

Il fait la moue. Le plus âgé lui tend la manette et il la saisit au vol, haussant les sourcils, parce qu'il a la flemme d'affronter Max à Fifa.

— Je vais retourner dans ma chambre, bonne nuit les tourtereaux !

Laissés seuls, le silence retombe quelques instants. Il retourne s'appuyer contre son camarade, à la recherche de chaleur.

— Et à la fin c'est juste toi et moi.

— Drôlement romantique, Lando. Tu commences à m'envisager ?

— Jamais. Tu es un trop bon ami je dirais.

Le néerlandais lui offre un clin d'œil appuyé, lui tirant un petit sourire. Il gagne la partie d'après, célèbre joyeusement.

— Vous êtes toujours debout ?

Lewis entre dans le salon, toujours habillé, l'air maussade, il finit par s'installer dans le canapé à leur droite. Comme il ne le connaît pas vraiment, il se sent un peu maladroit et tente d'en faire fi.

— Et toi ? Tu n'arrives pas à dormir ?

— Je ne sais pas. Ça semble étrange ... marmonne le mannequin en se frottant le visage. Tout ça est étrange. Dormir dans le même lit qu'un homme dont je ne connais quasiment rien.

— Ton partenariat ne te convient pas ?

— Tout ne peut pas être aussi parfait que vous, vous savez. Je me questionne sur mes raisons d'être ici.

Il échange un regard avec son compagnon, hilare, avant d'éclater de rire en cœur. Ils ne sont pas les seuls apparemment à s'être perdus en venant ici. Bon sang, ça fait du bien.
Le plus âgé leur lance une œillade interrogatrice.

— On est ici à cause d'un pari, d'amis. Et non, ce n'est clairement pas parfait. On s'est mis ensemble par dépit.

— Vous vous intéressez à d'autres ?

Il grimace. Pas loin de lui, Max fait une grimace semblable.

— Plus âgés, plus beaux. Dur de se dire qu'ils vont s'intéresser à nous.

— Mais vous dites ça parce que vous êtes jeunes, vous ne vous voyez pas objectivement. Je suis sûr que vous pouvez faire tourner les têtes.

Il cligne des yeux, surpris. Cette soirée comporte des montagnes russes, il ne s'est pas attendu à ce que le britannique les encourage. Cela lui fait chaud au cœur. Il n'est peut-être pas seul après tout.

— Tu veux jouer avec nous ?

— Eh bien ... ça fait longtemps que je n'ai pas eu de temps libre. Je ne suis plus sûr de savoir comment jouer !

— Attrape ! s'exclame-t-il, lançant encore la manette qui fait un parfait arc de cercle jusque dans les mains de leur interlocuteur. Le plus simple c'est de s'y essayer directement.

Le métisse leur sourit doucement. Il passe une soirée agréable, honnêtement. Il laisse les deux jouer la plupart du temps, se contenant de les observer. L'autre étudiant semble presque briller au milieu du salon, les yeux pleins de malice, un sourire continuel sur les lèvres. Il ne remarque presque pas le poids qui se fait sentir sur l'arrière du canapé à cause du boucan qu'ils causent.

— Et ça n'invite pas les autres ?

Daniel murmure ces mots calmement et bien que ce soit ses propres paroles, il ne semble pas décidé à déranger les joueurs, yeux rivés sur Max, un intérêt plus que visible, encore une fois.

— Tu sais jouer au moins ?

— Ce n'est pas parce que j'ai une carrière que je n'ai pas de loisirs à côté !

— On parle de jeux vidéos, c'est notre domaine.

Il glisse cette phrase avec un clin d'œil appuyé à ces mots et un rire franc s'échappe des lèvres de l'australien.

— Tu devrais arrêter de le dévorer des yeux par contre.

— Jalousie ?

Il hausse les épaules. Cela ne l'intéresse pas. Pour le bien de leur plan, il devrait répondre oui mais il y a quelque chose de terriblement déconcertant chez son interlocuteur qui le pousse à rester honnête.

— C'est toi qui parlait avec Carlos pas vrai sur le patio ?

— Oui, pourquoi ?

— Il avait l'air contrarié en revenant, je me demandais pourquoi.

Il cligne des yeux et c'est au tour de Daniel d'afficher un sourire amusé, constatant avec malice :

— J'ai l'impression que ces couples ne dureront pas.

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:)

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