Chapitre 14

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Carlos a pensé qu'il se l'imaginait au début. Que Lando agissait comme d'habitude, qu'il voyait des choses. Puis il a compris que ce n'était pas vrai. Il s'est rendu compte qu'il y avait vraiment quelque chose de bizarre.

D'une certaine manière, plus rien ne semblait comme avant et son compagnon avait l'air brisé. Il s'inquiète rapidement. Il ne sait pas ce qui se passe.

Dans la journée, tout semble presque normal. Parce que le britannique semble composer avec, comme s'il jouait avec lui, au couple absolument parfait. Les fans sont ravis. Et dès que les caméras s'éteignent, il redevient terne, morne, absent.

Il se lève tôt. Quitte les draps qu'il partage avec son garçon qui s'est blotti de l'autre côté du lit, refermé sur lui-même, une triste situation qui évoque celle de tous les jours. Un café et il s'assoit au bord de la piscine, écoute le bruit de l'eau caressée par le vent.

S'il fait le lien, son partenaire a commencé à changer après la soirée. Mais s'en rappeler lui fait mal au cœur. Il avait trouvé le plus jeune dehors, cheveux en bataille et yeux rouges et gonflés, encore larmoyants, peinant à arrêter de trembler.

— Lando ? Cariño ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il s'approche prudemment parce qu'à cet instant son interlocuteur lui semble si fragile, comme s'il pouvait se briser à son simple toucher. Ce dernier respire un grand coup, ne réponds pas.

— Dis-moi ? Tu sais que tu m'inquiètes ?

Sa main se pose sur la nuque trop froide de l'étudiant qui frissonne et s'en dégage aussitôt, un air peiné sur le visage.

— Je vais bien. Je vais bien. Je suis juste fatigué ... de tout ça.

Il s'est approché de nouveau et a pris la main de son camarade qui ne s'est cette fois pas éloigné et en a embrassé les phalanges dans un geste doux.

— On retourne à la soirée ou tu préfères rentrer, corazón ?

— Non, non, on va y retourner. Ce serait dommage de gâcher une si belle occasion pas vrai ?

Et le sens ironique de ces paroles lui échappe. Mais son comparse garde sa main dans la sienne alors qu'il rentre dans la salle. Il est passé à côté de quelque chose ?

Le silence.
Il ne peut que entendre quand quelqu'un pousse la porte de la baie vitrée pour venir s'asseoir à ses côtés. Max.

— Je te cherchais.

— Moi, vraiment ? Pourquoi ?

Le plus jeune laisse échapper un long soupir. Le vent semble se rafraîchir légèrement et il frissonne quand il atteint ses bras nus.

— Pourquoi est-ce que tu as accepté de jouer l'amoureux transi au début de l'émotion ? Et pourquoi Lando de surcroît ?

— Tu as tout entendu ?

— Tu n'étais pas le seul à avoir été convoqué par la direction.

Le néerlandais renifle de façon méprisante. Il secoue la tête, plongé dans des souvenirs qu'il ne sait jamais refluer.

— Je n'avais pas particulièrement l'envie ou le besoin de participer.

C'était l'ennui. L'ennui pur. Après toutes ces tournées, ces moments, l'apogée de sa carrière en quelque sorte. Être connu dans le monde entier et pouvoir faire quasiment ce qu'il voulait à ce sujet-là.

Et se faire voler la plupart de sa fortune. Être obligé de la reconstituer par soi-même. Cela l'agaçait, bien sûr. Mais il s'y était attendu. Un moment de faiblesse et ses « proches » s'étaient jetés sur lui pour le dépecer comme des corbeaux à l'affût d'une proie.

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