Chapitre 7

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— Une piste de karting ? Qu'est-ce que ...

Pierre se demande furtivement si l'émission a été chercher dans leur biographie jusqu'à leur enfance. Jusqu'à ce qu'ils avaient l'habitude de faire tous les deux. Charles évite son regard et cela le blesse. Il n'en dit rien.

Sa main effleure le mur, parcoure les inscriptions d'un rêve, d'un autre temps auquel ils ont appartenu. Devenir pilote. Être rattrapé par la réalité, figé par la peur, entourage oppressif et il n'est pas assez fort. Rupture de son amitié avec le monégasque, éloignement, jusqu'à devenir ce qu'ils sont aujourd'hui.

Et pourtant c'est ce même garçon à qui il tenait la main sous le ciel étoilé, sur le toit de sa maison de campagne alors qu'ils avaient réussi à convaincre leurs parents de les laisser rester ensemble. Ce même garçon à qui il parlait de ses espoirs, de leur espoirs.
Qui lui a brisé le cœur irrémédiablement.

On leur tend des casques. Leur indique où prendre place. Le plus jeune parle avec un sourire enjoliveur, charmeur, avec tout le monde sauf avec lui. L'habituelle. Il ne sait pas pourquoi il ne s'y est toujours pas fait.

Le contact du kart lui est familier. L'appui sur le volant, sa respiration qui s'alourdit légèrement alors qu'il prend de la vitesse.
Et il chasse ces mauvais souvenirs qui lui reviennent en mémoire. Ce choc.

La course est assez simple. Ils y vont au coude à coude. Il a perdu de la technique, son adversaire aussi. A la recherche de la victoire, un sourire de grave sur son visage. Virage un peu trop serré, leurs karts entrent en contact, il va voir les bordures d'un peu trop près. Cogne contre elle.

L'adrénaline. Il reste un instant figé dans le véhicule, à reprendre son souffle. Plus loin, il entend Charles qui sort de son véhicule précipitamment et qui vient à sa rencontre en courant.

— Mon dieu, mon dieu ! Pierre, est-ce que tu vas bien, mon cœur ?

Un rire franc s'échappe de ses lèvres alors qu'il ôte son casque et s'extirpe enfin du kart. Le monégasque affiche un air outré.

— Bon sang tu m'as fait peur ! Ne refais plus jamais ça !

— Il faut que ce genre de choses arrive pour que tu t'inquiètes pour moi ?

— Je ...

Il passe une main dans ses cheveux qui se sont légèrement humidifiés. Un soupir franchit ses lèvres et il secoue la tête.

— Ce n'est pas grave. Je n'ai jamais pensé que tu aurais les mêmes sentiments. Juste, ça m'a rappelé des souvenirs tu sais ? Avant qu'il ... ne nous quitte. Tous les trois.

Le mutisme de celui qui a été son ami d'enfance le frappe. Il se résigne lui aussi. Pas le moment d'évoquer ce genre de choses.

— Bon, on va devoir rentrer je pense ? J'ai pris le virage plus large que prévu, c'est ma faute. Je me suis loupé, haha.

Il fait quelques pas sur la piste. Il se sent encore un peu étourdi par le choc mais n'a rien de grave. Une main agrippe son poignet.

— Charles ? Qu'est-ce que-

Il est coupé lorsqu'une paire de lèvres chaudes se pose sur les siennes. Il y répond de toute son énergie. Le baiser les laisse haletants, à se fixer, yeux dans les yeux, bleu contre vert.

— Mais pourquoi ?

— Tu as tort en disant ça. Je t'ai aimé. Je t'aime ... parce que tu as toujours pris soin de moi même si j'ai voulu te repousser, te laisser à l'écart. Tu ne t'es jamais démonté. Je ne comprends pas la raison.

Sa poitrine se remplit d'une douce émotion. Une chose dont il aurait à peine pu rêver. Il vient poser sa main sur la joue de celui qui lui fait face, la caresse avec affection.

— Charlie ... je t'aime aussi.

Le plus jeune soupire avant de revenir l'embrasser encore et encore. Il doit stopper son élan mais le garde contre lui alors qu'il remonte l'allée pour revenir au plus proche du staff. Ce dernier les examine soigneusement, inquiet, mais tout va bien.

Le retour à la villa se déroule dans une drôle d'ambiance. Il ne sait même pas ce qui a été filmé ou non et si cela correspond à ce qui "plaît" à l'audience.

— Pierre ?

— Oui ?

— Je te promets que je vais tout faire pour me rattraper. Je sais que je t'ai fait du mal d'une certaine façon mais je te prouverais que je t'aime. Que ça n'a pas été vain. Et que je suis désolé.

— Tu n'as pas ...

Il perd ses mots en cours de route, marmonne, fourrant son visage dans ses mains, embarrassé. L'autre étudiant ne le quitte pas une fois du regard, attendant la suite de sa phrase. Il se reprend.

— Sois toi-même. C'est tout ce que je veux.

— Tu es sûr ? Je veux dire, tout ce qui s'est passé c'est de ma faute et je-

— Oui. Oui j'en suis sûr.

Un sourire timide prend place sur les lèvres de son monégasque qui lui offre une œillade discrète. Comportement totalement contrasté par rapport à toute à l'heure où ils se sont embrassés farouchement. Le retour à la villa signe l'extinction des caméras et ils se retrouvent en tête à tête puisqu'ils sont les premiers à revenir.

Il a un petit bruit surpris en sentant les mains de son compagnon se glisser sous son t-shirt.

— C-Charles ?

— Je vais trop vite ?

Il pousse un profond soupir, conscient du temps qui passe. Conscient des moments comme celui-ci, rares, parce qu'ils sont seuls. Et se penche pour récupérer un autre baiser.

— Non.

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