Murder Party

Jour 3 : San Diego (CA)

Ecrit par l'avocate senior, auragostini

Consigne : organiser une réunion de la société secrète.

14h08 – Suite Poséidon

La porte de ma chambre légèrement entrouverte, j'aperçois mon fils assis sur l'un des fauteuils du salon, le regard figé sur les eaux sombres de l'océan. Il semble préoccupé, comme ailleurs ou peut-être essaie-t-il d'entendre ma conversation ? C'est devenu son habitude depuis quelques temps. Cette situation m'amuse beaucoup. Alors, comme une provocation, je sors de la pièce pour le rejoindre, terminant mon appel avant même qu'il ne puisse deviner mon interlocuteur.

Je sens son air hésitant, attendant le bon moment pour m'interroger le plus discrètement. Je sens que ces quelques jours ensemble vont être amusants. Je suis très proche de mon fils, nous avons très longtemps vécu ensemble, après le départ de son père. Il a finalement déménagé quelques rues plus loin mais nous travaillons toujours ensemble dans le même cabinet d'avocats. Nous partageons tout, une relation quasi fusionnelle que m'envient toutes mes amies ; alors j'ai parfois du mal à comprendre sa méfiance.

— Qui est-ce ? finit par demander Louis, ne parvenant pas à dissimuler son air suspicieux.

Il doit s'imaginer que je lui cache quelque chose. Un autre homme ? Un successeur pour reprendre mon cabinet et ainsi l'évincer ? J'ai l'impression que toutes ces questions le torturent mais je ne sais moi-même pas comment lui en parler.

— Amanda ! finis-je pas répondre, après tout je n'ai rien à cacher.

Louis m'adresse une moue interrogative m'invitant à développer mes propos.

— Amanda Distone ! J'avais défendu une de ses actrices dans une affaire de photos volées et nous sommes finalement devenue amies. Figure-toi qu'elle est sur le bateau, elle me propose d'aller boire un verre dans une heure !

Il acquiesce finalement, quelque peu rassuré. Je ne sais pas pourquoi mais je suis sûre qu'il ira vérifier. Quoiqu'il en soit, je décide de sortir prendre l'air, profiter du soleil du Pacifique et de ce sublime bateau de croisière.

Je sors de notre suite, vêtue d'une longue robe à fleurs et me dirige vers l'arrière du bateau où sont alignés les transats réservés aux clients quelque peu privilégiés.

J'aperçois alors quelques marches plus bas la femme du capitaine descendre quatre à quatre les escaliers menant au pont. Elle semble pressée, presque agacée en arrivant à l'extérieur. Je prends place sur mon transat tout en l'observant s'approcher d'un homme à quelques pas de moi. Je la vois s'accouder à la rambarde sans pour autant lui adresser un regard. Pourtant c'est évident, ils se connaissent. J'entends alors un « Qu'est-ce que tu fais ici ? », rempli de reproches et de méfiance. L'homme d'une trentaine d'années, visiblement peu étonné par tant d'animosité, la salue poliment.

— Bonjour Avery ! Cela faisait longtemps... constate-il presqu'avec regret.

— Pas encore assez ! Pourquoi es-tu sur mon bateau ?

L'agressivité de la jeune femme ne semble par le surprendre, comme s'il y était habitué.

— J'ai besoin de te parler et c'est la seule façon que j'ai trouvé pour entrer en contact avec toi, sans éveiller les soupçons de ton mari.

Le ton grave qu'il emploie m'intrigue. Je donne l'illusion de lire mon magasine tout en tendant davantage l'oreille. La femme du capitaine le laisse alors poursuivre.

— Je reçois depuis quelques semaines des menaces de mort...

— Qui te les envoie ? questionne-t-elle légèrement inquiète.