Murder Party

Jour 8 : Acapulco (Mexique)

Ecrit par Amanda Distone la manager, blackpearl2006

Consigne : réunion de crise entre les membres de la société secrète.

Le soleil me réveille à l'aube et l'envie de rester dans mon lit me traverse l'esprit, mais je l'oublie vite car je dois aller à la réunion pour le meurtre horrible de mon cher ami. Son corps a été découvert il y a déjà deux jours, et nous n'avons toujours aucune information sur ce qu'il s'est passé.

Je me lève avec comme vue de ma fenêtre l'océan et le soleil mexicain. Je m'habille à la va-vite et prends mon téléphone pour prévenir tout le monde de la réunion à propos du meurtre.

Je n'arrête pas d'y penser, qui aurait pu vouloir la mort de John? Ça me semble insensé. J'aimerais connaître les raisons de cet assassinat. Organiser cette réunion est sûrement la meilleure chose à faire pour essayer de récolter des informations et trouver le meurtrier le plus rapidement possible. Quelqu'un lui en voulait, il m'avait prévenu et je n'ai rien fait. Je lui dois bien ça, trouver son meurtrier, le venger.

Une heure plus tard, je sors de ma chambre pour me diriger vers la salle de réunion. En entrant, tous les regards se tournent vers moi, certains plus abîmés que d'autres.

— Je pense que tout le monde sait pourquoi nous sommes tous réunis, dis-je en survolant la salle des yeux.

— À cause de meurtre de John, me répond Peyton.

Elle a le visage marqué d'une forme d'inquiétude, son regard cerné trahit cette nuit blanche qu'elle a passé. Je la connais suffisamment pour déceler dans cette expression crispée et tendue sa profonde culpabilité. Au fond d'elle-même Peyton s'en veut d'avoir été impuissante. John nous a appelées à l'aide et nous n'avons rien fait. C'est malheureusement à cette conclusion que nous en sommes arrivées toutes les deux. Il est temps que justice soit faite.

— Vous l'avez compris un meurtrier se cache sur ce bateau. Pour le démasquer, nous devrons faire preuve de discrétion et d'une surveillance de chacun des passagers quel qu'il soit.

— Vous n'allez pas espionner mes passagers ?! rétorque Avery, outrée.

La femme du capitaine n'était pas du genre à se préoccuper des affaires de son mari. Je trouve sa réaction surprenante. Pourtant il est évident que la mort de John l'affecte. Une tonne de fond de teint et un maquillage plus marqué qu'habituellement ne suffisent pas à masquer ses yeux rougis, gonflés par ses larmes de la nuit. Je me demande comment a-t-elle fait pour le cacher à son mari. Je m'interroge également sur la réaction de celui-ci. Il était impossible de ne pas remarquer la relation étrange et ambigüe qu'elle entretenait avec John. Sa tristesse ne peut que la trahir, j'espère qu'elle en a conscience. Après tout, elle aussi est impliquée. Cette histoire a tué John et si on ne veut pas qu'Avery en soit la prochaine victime, il va falloir trouver le moyen de la protéger sans éveiller les soupçons. J'en parlerai à Peyton plus tard, elle seule me semble digne de confiance. Pour lors, je dois faire illusion auprès d'Avery.

— Bien sûr que si ! Si le meurtrier n'est pas arrêté il pourrait tuer d'autres personnes ou faire de ce bateau un bain de sang que sais-je !

— J'aimerais dire qu'une croisière est remplie d'excitation et d'amusement mais je pense que ça serait déplacé, dit Mia.

Qu'est-ce qu'elle m'agace l'écrivaine avec ses sarcasmes et son humour noir. J'aimerais bien savoir quel service a pu lui rendre John pour qu'elle soit si redevable. Mais est-elle aussi loyale qu'il le pensait ? Après tout, il avait commis un meurtre, un accident, une erreur de jeunesse que je lui avais toujours pardonnée mais... Le fait est que quelqu'un n'avait pas pu, quelqu'un sur ce bateau connaît son secret. Quelqu'un qui a préféré faire justice lui-même plutôt que le dénoncer. Il faut suffisamment de cran pour abattre un homme en l'ayant prémédité d'une façon aussi froide. Seule la colère, la vengeance et le sentiment de n'avoir plus rien à perdre peuvent amener à de tels actes. Il faut trouver cette personne ! Peyton la trouvera ! Elle a ce don pour cerner et comprendre les gens, elle lit en eux comme dans un livre ouvert. J'imagine le meurtrier comme froid, impassible, le genre d'homme ou de femme qui ne passe pas son après-midi à profiter de la piscine en sirotant des cocktails. Sur un bateau de croisière ça doit vite se repérer. Je l'espère.

— Quoi qu'il en soit, faites tous bien attention ! Je ne veux pas avoir la mort de l'un d'entre vous sur la conscience.

Qu'on le veuille ou non, John nous a embarquées dans son histoire. En connaissant son secret et en cherchant à trouver qui l'a tué et surtout pourquoi, nous devenons toutes des victimes potentielles. Nous sommes à présent en danger et cette idée me terrorise autant qu'elle me motive à trouver le coupable.

J'invite notre société secrète à se disperser discrètement, en empruntant des chemins différents. Personne ne doit découvrir l'existence de ce pacte qui nous lie à John. Je fais signe à Peyton que je l'appellerai dans la journée.

Une fois les filles parties, je me dirige vers le bar puis m'assois sur une des chaises en bois longeant la table. Je me commande un verre de vodka. Il est midi passé et j'ai besoin d'un remontant.

— Tenez ma jolie, me dit le barman en me mettant le verre d'alcool devant moi.

— Merci.

Je tourne ma bague d'améthyste, un tic que j'ai fini par prendre au cours de mes réflexions. Ça m'aide à réfléchir sur certaines choses. Le meurtre est évidemment au cœur de mes pensées. J'essaie de recouper chaque élément, chaque détail, chaque parole dans mon esprit. Qui pouvait t'en vouloir, John ? Quel est le lien entre ta mort et ce qu'il s'est passé il y a cinq ans. Qui se venge ? Lorsque mon regard balaie le bar et l'immense terrasse, je réalise que cela pourrait être n'importe qui, de la femme de ménage aux serveurs en passant par cet homme seul qui lit son journal ou encore cette jeune femme qui fait son yoga. Après tout, c'est sûrement un excellent moyen de se détendre après avoir commis un meurtre.

Cette croisière ne sera pas de tout repos comme je l'avais pensé, et rester dans ce bar me semble être ma meilleure option, au beau milieu des gens, au cœur de tout, au cœur de l'action. Le meurtrier est peut-être là devant moi, il n'y a qu'à observer et attendre.

Je prends mon verre d'alcool et le bois cul-sec.

— À la mémoire de ce défunt John, me dis-je en pensant qu'il ne méritait pas un tel sort.