Jour 12 : El Salvador

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Ecrit par Mathieu Crowley le capitaine, talidup_

Consigne : deuxième indice.


La conversation que la jeune actrice Mély Adams a entretenue quelque temps plus tôt avec moi me revient en mémoire. Je ne sais plus quoi faire. Je n'ai pas osé me présenter aux différents repas organisés lors de la soirée précédente, de peur de perdre mon sang froid. Cloîtré dans ma cabine, la tête avachie prestement dans mes mains moites, je réfléchis aux bons moments que ma femme et moi avons pu passer ensemble. Il est vrai que ces derniers mois, une tension s'était inlassablement installée entre nos deux esprits qui diffèrent sur bien des points. Je ne m'attendais seulement pas à un tel écart...

Je relâche ma prise sur mon visage et envoie violemment mon poing s'écraser contre mon bureau, éparpillant mes dossiers sur le parquet. Le souffle saccadé, je me retourne vivement et envoie mon fauteuil valser à l'autre bout de la pièce. Le bruit de sa chute est insoutenable.

Ressaisis-toi ! Je ne cesse de me répéter cette simple phrase. Elle tourne en boucle comme un disque dont la palette est raillée.

Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Oscar était mon ami. J'avais confiance en lui. Je comptais même bêtement lui offrir une promotion. Pourquoi ? POURQUOI ? Dix années d'amitié pour rien. Nada. Le néant.

Mes supérieurs hiérarchiques me foutent déjà assez la pression comme cela. L'assassinat de ce fameux John Harisson n'aurait-il pas pu être orchestré sur un autre bateau ? Non bien sûr. Le karma se joue de moi. J'entends son rire mélodieux qui me taquine les tympans.

— Fais chier ! m'époumonné-je.

Jurant contre mon impuissance, je me rassois cette fois-ci à même le sol.

Que suis-je en train de faire ? Je ne suis pas une personne faible. M'apitoyer sur mon sort ne sert strictement à rien. Je dois me reprendre, leur montrer que tout cela ne m'atteint pas.

Comment m'y prendre ? Je pense avoir ma petite idée. Je vais redevenir le Mathieu intrépide de ma jeunesse. J'ai gardé trop longtemps le visage du parfait gentleman sérieux qui ne s'intéresse qu'à son poste. Je compte bien reprendre gout à la vie ! Je me redresse déterminé. C'est fini. Oui. Finis ! Je vais m'amuser, chérir le monde qui m'entoure et ne plus jamais me laisser abattre. J'ouvre mon uniforme et déboutonne les premiers boutons de ma chemise, laissant ainsi entrevoir ma musculature. Je remonte élégamment les manches de mon veston, un tatouage se dessinant au niveau de mon bras droit. Mes mains passent d'elle-même dans mes cheveux pour leur redonner leur fougue d'antan. Mon regard retrouve inconsciemment sa détermination et une lueur rieuse apparaît en son centre.

C'est un nouveau départ, vers une nouvelle destination. Mon chemin sera probablement rempli d'embûches, je n'abandonnerai plus.

Je pense rompre avec Avery, ce petit manège ne peut plus durer. Lorsque l'on trompe un homme, on peut très bien recommencer. Je ne me laisserais pas amadouer par ses belles paroles. Je n'y crois plus. À notre arrivée, Oscar ira servir une autre compagnie, je ne souhaite pas être entouré de faux amis.

Quant à ce John Harisson, je vais trouver son ravisseur et le faire enfermer ! Je prends une grande inspiration et ouvre la porte, pénétrant ainsi dans le couloir. J'avance avec prestance, mes talons claquant à chaque pas.

La faim me taraude l'estomac. Je jette un rapide coup d'œil à ma montre et constate qu'il est midi passé, les repas doivent déjà être commencés. Mais quelle importance ! C'est ma croisière après tout, donc c'est moi qui fixe les règles.

Murder PartyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant