Une pluie marécageuse 2

{ Les éclairs fendent le coeur }

Tournant la serrure à l'aide de ma clé, j'entre à l'intérieur de l'appartement, déposant mes chaussures sur le paillasson ainsi que mon tailleur sur le porte manteau. Le salon est plongé dans l'obscurité, j'allume les interrupteurs de chaque part et d'autre du mur couleur cannelle.

Je me dirige vers ma cuisine, déposant mon téléphone sur mon plan de travail. Étant assez affamée, j'attache mes longs cheveux blancs en un chignon rapide. M'attelant a ma tache, je décide de cuisiner un plat de pâtes à la crème.

Lorsque je me réveille, je me retrouve avachie sur le sofa, la porte d'entrée s'ouvre et une silhouette large s'y dessine à l'encadrement. Je me lève brusquement du canapé, dégageant mon plaid de mes épaules. Je m'approche de l'entrée et aperçois mon blond armé de son manteau de cuir noir. Je me dirige doucement vers lui et attrape doucement sa main.

« - Coucou, dit-il la voix fatiguée.
- Ça va ? Demandais-je un peu inquiète.
- Oui. »

Ne décidant de ne pas plus m'adresser la parole, il me pousse légèrement se dirigeant directement vers notre chambre.

« - Tu ne manges pas ?
- J'ai déjà mangé. Répond-il d'un trait. Je vais me coucher. »

Il n'a même pas pris le temps de m'embrasser, ni de me prendre dans ses bras, il a ouvert la porte et l'a tout de suite refermée, presque dans un fracas.

Blessée, je décide de me recoucher dans le canapé, et de coucher ici pour la nuit. M'endormir d'une telle façon, fâchée, blessée et honteuse, je continue de me retourner dans tous les sens, les pensées embrouillées. De plus, étant en pleins hiver, l'appartement n'est pas chauffé. Vêtue seulement d'un plaid, je grelote de froid. Épuisée et désespérée, je me met à sangloter.

•••

Je me réveille, un mal de crâne me prenant brusquement.

« - Tu ne m'as pas rejoins cette nuit, annonce une voix froide derrière moi.
- Non, répondis-je avec le même ton.
- Pourquoi? »

Je me lève, ne considérant pas sa réponse, et me dirige d'un pas las vers la chambre. Luxus ne l'entend pas de la même manière et m'attrape brusquement l'arrière du bras.

« - Mira.
- Non, Luxus. »

D'un geste sec, je me retire de sa poigne tout en lui lançant un regard noir et m'enferme dans la chambre. Je m'habille et appelle ma soeur Lisanna à la hâte.

« - Mira ?
- Lissana... je...
- Mirajane! Qu'est ce qui se passe ?
- Est ce que vous êtes chez vous avec Bixrow ?
- Heu... non, répond-elle confuse, on est partit en voyage pendant quelques semaines.
- Merde... jurais-je embarrassée.
- Mira, il se passe quoi? Demande-t-elle à nouveau.
- Rien, oublis, je voulais juste passer te voir.
- Tu m'inquiètes sœurette.
- Non! Ne t'en fais pas, une prochaine fois. Profitez bien alors, souhaitais-je a ma soeur, je t'aime fort, à bientôt.
- Moi au...- »

Je raccroche en vitesse, jetant mon téléphone sur mon lit. Je me masse la tête, ne sachant quoi faire. Lorsque je m'apprête à me diriger vers l'armoire, trois coups sonnent à la porte.

« - Mira, entendais-je. »

Je bloque soudainement ma respiration.

« - Mira, ouvre moi s'il te plaît. »

Mes mains se mettent à trembler. Je rassemble rapidement quelques affaires dans un sac à main et ouvre la porte. Luxus se tient à l'aide de son poing contre l'encadrement de la porte.

« - Qu'est ce que tu fais ? Demande-t-il baissant le regard vers mon sac en main.
- Je vais rendre visite à Juvia.
- Il y a quoi dans ce sac ? Il approche sa main des lanières.
- Quelques affaires. Je le recule derrière mon dos.
- Comment ça quelques affaires? Qu'est ce qui te prend ?
- C'est bien à moi de te le dire. Je te laisse du temps de réfléchir, en attendant, tu m'appèleras quand t'auras décidé de me calculer. Lui crachais-je au visage.

Je courre presque au pas de la porte d'entrée, puis me retourne une dernière fois vers lui.

« - Au revoir, Luxus. »

Il se précipite vers moi, criant mon nom, mais je ne l'entend plus. Je claque la porte et descends à toute vitesse les escaliers du bâtiment.

« - Mirajane ! Appelle-t-il désespérément en haut de l'étage. »

Je me hâte de sortir de cet endroit soudainement oppressant, laissant derrière moi de lourdes larmes de tristesse. Cette situation ne pouvait plus durer. J'ai pris la bonne décision. Je sors mon téléphone du sac, décidant une bonne fois pour toute d'appeler Juvia.

« - Allô ?
- Juvia ? Sanglotais-je.
- Mira, qu'est ce que tu as ?
- Je... je peux venir chez toi?
- Oui bien sûr !
- Tu es avec Grey, demandais-je tout de même afin de ne pas la déranger.
- Non. Dit-elle d'une voix douce. Viens donc chez moi, je te prépare un thé d'accord ?
- Hm »

J'entends le bip sonore m'annoncer que l'appel était terminé. J'attends quelques minutes, le temps que mon bus arrive, et agrippe mes écouteurs. Regardant le paysage défiler, je sens à nouveau des perles salées défiler le long de mes joues. Je ne me serais jamais doutée que tout se serait terminé aujourd'hui, ici, à cet instant précis.

Lorsque le bus s'arrête devant l'appartement de Juvia, celle-ci sort en trombe du bâtiment, venant m'accueillir les bras grands ouverts. Elle me berce lentement contre elle d'une manière maternelle, me chuchotant des mots doux. Je m'autorise à pleurer à chaudes larmes contre son épaule, épuisée.

« - Viens te réchauffer chez moi, propose-t-elle, Wendy s'est absentée la journée afin de voir sa copine.
- Merci ... »

Elle m'encadre durant tout le trajet jusqu'à son appartement, traçant de long cercles dans mon dos dans le but de m'apaiser. Elle m'installe dans son canapé, me recouvre d'une couverture en laine et dépose sur la table basse en verre, un mug d'eau chaude infusée.

« - Raconte moi. »

Elle s'assoie près de moi, emprisonnant ma main valide dans la sienne.

« - J'ai quitté Luxus. Avouais-je la voix tremblante.
- Oh Mira... je suis désolée.
- Je n'en pouvais plus de cette situation.
- Je sais, je comprends. Affirme-t-elle. Sais-tu quelque chose à propos de son comportement? M'interroge-t-elle.
- Non, mais je n'ai pas cherché à comprendre.
- Mira... tu aurais tout de même pu mettre les choses au clair.
- Je n'avais pas le courage Juvia. Répondis-je dans un souffle.
Elle hésite un instant, jetant quelques regards autour de la pièce, puis m'annonce :

« - Je peux t'héberger chez moi, si tu veux. Tu peux prendre ma chambre, je dormirais sur le canapé, elle me sourit chaleureusement.
- Hors de question ! M'écriais-je mal à l'aise.
- Mira. Ta situation est plus difficile que la mienne, il serait déjà mieux que tu dormes dans un lit confortable.»

Elle ne me laisse pas le temps de  riposter, elle saisit la télécommande et allume la télé.

« - Bon alors, film d'action ça te branche ? S'exclame-t-elle, prise d'une soudaine énergie. Ça m'étonnerait qu'une romance te remonte le moral. »

Je lâche un doux rire envers mon amie, rassurée qu'elle ne s'apitoie pas sur mon sort.

« - Mission impossible ? »