{ La rivière perce le rocher }

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Allongée -affalée- sur le canapé, je caresse tendrement mon ventre, m'assoupissant due à la fatigue accumulée après un enchaînement de nombreuses nuits blanches. Wendy à mes côté regarde attentivement et silencieusement la télé, me laissant me reposer en paix. Après mon accident, Meldy a informé mon patron durant le jour qui a suivi, et celui-ci m'a alors imposé de manière protectrice trois jours de congé. Grey quant à lui joue aux fantômes. Notre relation est au plus mal depuis qu'il a appris l'annonce du bébé, et surtout, depuis l'annonce de mon docteur.

"- Je suis rentré ... murmure Grey après avoir passé le pas de la porte."

Wendy n'ayant pas plus d'enthousiasme que lui, tourne simplement la tête vers lui et fais un signe de main. Mon brun vient embrasser mon front, et s'assied à mes côtés.

"- Ca va ? Me demande-t-il distant, cependant toujours inquiet de mon état depuis l'autre jour.

- Oui, lui répondis-je sèche."

Face à ma réaction, sentant à nouveau une dispute éclater entre nous, il fait signe à ma petite soeur de monter, me laissant seule face à lui. Mon coeur bat la chamade, mes poings se joignent, je souffle d'impatience.

"- Juvia, m'appelle-t-il autoritaire, on ne va pas en rediscuter."

Je reste silencieuse face à son regard.

"- De quoi tu as peur Grey ? Lui demandais-je en ignorant son ordre."

Soudainement sur les nerfs, il se lève et s'écrie en plongeant sa main dans ses cheveux :

"- Tu sais très bien de quoi j'ai peur bordel !

- Le docteur a dit que ça pouvait changer.

- Ton placenta s'est déplacé durant l'accident, hurle-t-il à s'en casser les cordes vocales. Tu crois vraiment que ça peut changer ?!

- Non! Répondis-je sur le même ton, mais moi au moins je garde espoir!

- Mais mets toi à ma place bord-

- Et toi à la mienne ! Le coupais-je les sourcils froncés. C'est peut-être difficile pour toi d'entendre que tu vas être père mais-

- Tu sais très bien que ce n'est pas de ça, ce dont je parle. Il baisse légèrement sa voix.

- Alors quoi ? l'interrogeais-je en croisant mes bras contre ma poitrine.

- C'est de le perdre idiote! Il détourne le regard et ajoute, et de te perdre toi, ce qui est encore plus effrayant..."

Je le scrute un instant, puis je m'approche de lui, en tendant mes mains vers les siennes.

"- Grey..., je l'entends alors renifler. Il dégage son coude et vient le frotter contre ses yeux. Mon amour, l'appelais-je d'une voix douce. Viens donc t'asseoir."

Il me suit sans un mot, ses mains serrant les miennes. Je l'installe près de moi, et dépose sa main sur mon ventre nu après avoir soulevé ma tunique. Il laisse ainsi ses doigts frôler ma peau, découvrant un ventre légèrement arrondi.

"- Cette petite boule qui va grossir, c'est notre bébé, le notre, à nous, répétais-je en sentant ma voix faiblir. Et cette petite chose qui grandit en moi va avoir un papa formidable.

- Pas si tu n'es plus près de moi, me contredit-il n'osant pas même me regarder et stoppant ses gestes.

- J'ai confiance en toi, je sais que tu prendras soin de lui quoi qu'il advienne.

- Je ne peux pas vivre sans toi Juvia, gémit-il.

- Ne t'inquiète pas, lui assurais-je moqueuse, de tout façon je serais toujours là à hanter toutes les filles qui essayeront d'approcher ce beau père célibataire, tentais-je de rigoler, les larmes me montant aux yeux.

- C'est pas drôle, dit-il. Comment peux-tu rigoler sur ce genre de choses. Me sermonne-t-il me regardant enfin droit dans les yeux.

- Parce que j'ai peur, moi aussi Grey."

Il prend alors ma tête en coupe contre ses mains et vient embrasser mon crâne, puis la dépose sur son torse. Il me berce un instant, la tension étant retombée.

"- Regarde tout ce qu'on a traversé jusqu'ici. Je ne t'abandonnerai pas maintenant, assurais-je en lui frôlant de ma bouche son nez.

- Tu as intérêt ... Grogne-t-il."

A ce moment précis, la sonnerie retentit. Grey s'est levé et ouvre, tombant sur une grande femme aux yeux pétillants.

"- Coucou mon beau... Quel bel accueil. Annonce une voix charmeuse mais familière.

- Meldy !"

Je me lève à mon tour, mon amie aux cheveux roses après avoir fait un clin d'oeil à mon copain me câline tendrement contre elle.

"- Comment vas-tu? Me demande-t-elle alors.

- Je ne serais pas ici sans toi, merci infiniment..."

Elle rigole d'un rire franc, puis se tourne vers mon brun, tout en lançant à mon égard :

"- Et bien, tu n'es vraiment pas tombée sur un champignon toi."

Je rie à mon tour, Grey ne comprenant pas la situation.

"- Chéri, je te présente Meldy, une amie à moi que j'ai rencontré au travail, c'est elle qui nous a aidé -héroïquement- à sortir de la voiture avec Lévy.

- Je vois, répond-il simplement. Enchanté.

- J'étais juste venue voir comment tu allais, m'avoue-t-elle, ta bouille au boulot me manque.

- Je serais là demain, c'est promis."

Elle me baise la joue, puis s'exclame en frappant dans ses mains.

"- Bon! Les amoureux, moi je vais devoir vous laisser, mon homme m'attend à la maison ... Laisse-t-elle sa phrase en suspens.

- Tu sors avec quelqu'un ?"

Suite à ma réaction elle rigole à nouveau, puis avoue d'une petite voix :

"- Ca ne fait pas depuis très longtemps, il squatte un peu mon studio. Je te le présenterais bientôt, c'est promis !"

Elle ouvre ma porte d'entrée, me fais un signe de main, et disparaît de mon champ de vision.

"- Quel spécimen cette fille ... Souffle mon taciturne en se frottant le front."

Je ne réponds rien, souriante et me dirige devant la porte de ma soeur, décidant d'y passer un moment, tandis que Grey s'est mis aux fourneaux.

Être profondément aimé par quelqu'un fait notre force, tandis qu'aimer profondément quelqu'un fait notre courage, et ce bébé je vais l'aimer, et pour lui donner une vie formidable, si il le faut, je lui sacrifierais la mienne.

Une pluie marécageuse 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant