Une pluie marécageuse 2

{ Un plan infaillible }

Me trouvant seule dans l'appartement de Grey, j'ai décidé de me rendre chez Lucy, celle-ci étant en jour de congé.
Assises sur le canapé avec un thé chacune, mon amie blonde me raconte sa première échographie. Ses mains son collés sur sa tasse brûlante d'eau chaude.

"- Et toi alors ? Après avoir finit son récit, comment se passe cette grossesse ?"

Comme simple réponse je souffle de fatigue et secoue la tête de gauche à droite.

"- Mal ? Tente-t-elle de déchiffrer.
- Il y a mieux on va dire."

Elle penche sa tête sur le côté, m'incitant à lui en dévoiler plus.

"- C'est un peu compliqué ces temps ci. Beaucoup de choses s'entremêlent et je n'arrive pas à gérer du tout.
- Ma pauvre, geint-elle compatissante. N'hésite pas à venir me parler, tu sais que je suis là hein?
- Je sais Lucy, mais je n'ai pas envie de t'entraîner dans des histoires qui ne feront que te nuire.
- Me nuire ?! Gronde-t-elle, enfin Juvia, ne va pas me laisser croire que tu peux te débrouiller seule. On vit toutes les deux une grossesse, et je sais aussi bien que toi que c'est difficile. Alors s'il te plaît, si il t'arrive quoi que ce soit, appelle moi. »

Touchée, je souris et baisse les yeux sur mon thé.

« - Mon père est de nouveau en ville, et il m'a récemment contacté. Avouais-je alors à mon amie. »

Elle suffoque de surprise me fixant avec ses yeux écarquillés.

« - J'avais pris la décision de ne pas en parler à Wendy, sauf qu'elle l'a appris ce matin.
- Oh non...
- Je suis coincée. Peut être que le revoir apaiserait les choses, a vrai dire, il a disparu du jour au lendemain, mais Grey me l'interdit.
- Et il a raison répond-elle soudainement sévère. Juvia tu portes son bébé, et si jamais ton père venait à être violent ?
- Nous serions en public ... me défendis-je en vain.
- Tu ne peux pas prévoir ce qui arriverait. Il te manipule peut être.
- Je sais... »

Un silence s'installe dans la salle, lorsque Lucy tape brusquement dans ses mains.

« - J'ai une idée ! S'écrie-t-elle. »

Je tourne ma tête afin de croiser son regard noisette pétillant.

« - Je peux t'accompagner.
- Lucy je ne-
- Je sais ce que ça fais de perdre contact avec un proche, j'ai coupé les ponts avec mon père et il n'a jamais essayé de me récupérer... raconte-t-elle nostalgique.
Alors si tu as peut être l'occasion de mettre les choses au clair avec lui, je suis prête à t'aider. »

Un regain d'espoir s'empare alors de moi, et je demande curieuse :

« - Comment tu comptes t'y prendre ?
- Il suffit que vous vous posiez dans un café, et je resterais pas loin avec une limite d'intimité. Si jamais il se passe quelque chose de louche, je n'hésiterais pas à intervenir. »

Je hoche positivement la tête, les yeux brillants.

« - Il faut que tu fixes un rendez vous avec lui qui colle avec mes horaires de libres.
- Je m'occuperais de ça, dis moi quand tu es disponible. »

Elle se lève et de dirige vers son frigo dans la cuisine. Elle fait glisser son doigt le long d'un grand calendrier, puis s'arrête sur une case.

« - Vendredi je finis à 13h, clame-t-elle de l'autre bout. »

Instinctivement je me munis de mon téléphone et vérifie sur mon calendrier aussi si mon après midi est libre.

« - J'essayerais de négocier avec lui vendredi pour 15h alors.
- Parfait, répond Lucy victorieusement. »

Elle revient dans le salon et me lance un sourire complice. Mais celui-ci s'évanoui rapidement lorsqu'elle me demande :

« - Tu comptes en parler à Wendy et Grey? »

Ma gorge se bloque. Devrais-je leur dire ? Que va-t-il arriver si Grey apprend que je suis allée rencontrer mon père ? Et Wendy ?

« - Je ne sais pas... balbutiais-je perdue. »

Mon amie contourne le canapé pour venir s'agenouiller malgré son ventre légèrement gonflé.

« - Ça va aller, m'assure-t-elle compatissante. »

Sa main vient affectueusement frotter mon genoux et elle m'offre un sourire encourageant. Je lui souris en retour, et pose ma tête sur son épaule.

•••

Une fois rentrée, je me précipite vers les placards de la cuisine, fouillant à la recherche d'un en cas sucré. Ma faim s'agrandit de jours en jours, et cela devient de plus en plus difficile de résister.

Mon téléphone vibre, et j'aperçois la réponse de mon père. J'envoie alors un message de confirmation à Lucy pour vendredi 15h au café Lamia Scale. Il ne reste plus qu'a attendre l'heure du rendez vous.
Mon mobile sonne à nouveau, cette fois-ci pour un message de Grey, celui-ci m'annonçant qu'il passerait une partie de la soirée avec Natsu et un collègue à eux.

Je souffle de mécontentement. C'est toujours tendu entre Wendy et moi, et j'aurais préféré qu'il soit là pour apaiser un peu les tensions. Je devrais faire avec.

Je m'installe dans le fauteuil, munie de mon roman que je viens d'entamer. Je mets une musique en fond et laisse les minutes voir les heures défiler à travers ma lecture.

C'est lorsque Wendy descend bruyamment les escaliers que je sors de l'univers fantastique de mon livre.

« - On mange ? Réclame-t-elle simplement. »

Je pose mon livre sur la cheminée et me lève pour me diriger vers la cuisine.

« - Tu as faim?
- Un peu, répond-elle. »

J'acquiesce, et sors deux bols et deux paires de couverts que je lui tend.

« - Je prépare une poêlée de légumes et du steak, ça te convient ? »

Elle hoche sèchement la tête et finit de mettre la table.
Lorsque le repas est servi, le dîner se déroule en silence. Seul le bruit grinçant des fourchettes dans l'assiette résonne dans la pièce, celle-ci plongée dans une obscurité presque totale.

Wendy mangé sans grande conviction, ses gestes sont lents et mous. Son regard est plongé dans son plat, ses cheveux retombent lourdement sur ses épaules.

« - Tu comptes ne pas me parler jusqu'à quand ? Décidais-je enfin de demander. »

Surprise, elle relève la tête et croise mon regard.

« - J'ai rien à te dire, finit-elle par répondre froidement.
- Écoute ... je voulais simplement te protéger d'accord ?
- J'avais le droit de savoir crache-t-elle. »

Je souffle d'impatience. La discussion n'aura aucune utilité à ce rythme là.

« - On en reparlera quand tu seras moins sûr les nerfs d'accord ? »

Furieuse, elle se lève sans un mot, quitte la table en débarrassant son plat, et se rue vers sa chambre.

Je frotte mes doigts contre mon front et secoue la tête. Si en plus elle apprend que je vais voir papa sans elle, elle me détestera définitivement.