Une pluie marécageuse 2

{ Le passé rattrape }

En rentrant à la maison, je me suis préparée pour ma soirée avec Grey. Celui-ci m'a prévenu que l'on sortirait pour le dîner, j'ai donc décidé de prendre soin de mon apparence. Il est vrai que j'ai toujours été minimaliste pour mon physique, je ne sais pas me maquiller comme sait le faire Mirajane ou encore Lucy, je n'ai pas le goût du luxe comme Erza, et je n'ai encore moins le style tellement féminin de Lévy.

J'attache mes cheveux en un chignon désordonné, dépose le long de mes cils un léger mascara brun, sur mes pommettes une poudre de jour, une légère touche d'encre à lèvres sur celles-ci, et m'en vais vers ma chambre, bien décidée à choisir la tenue parfaite.
J'opte enfin pour une simple combi-short noire, des collants fins avec des bottines à talon noir. Alors que j'allais me parfumer d'une touche fleurie, la sonnette de l'appartement interrompt mon geste. Alertée, je me précipite vers la porte d'entrée. Seulement, je ne tombe pas nez à nez avec la personne que j'espérais. Mon visage pâli brusquement, je m'apprête à refermer brusquement la porte, mais celle-ci se bloque par son pied.

"- J-Juvia, je t'en supplis, j'ai à te parler.

- On a plus rien à se dire, lui crachais-je au visage, la peur faisant trembler mes membres"

Je force du mieux que je le peux, tentant de claquer la porte une bonne fois pour toute, priant que tous ceci soit un cauchemar.

"- Juvia ! s'écrit-il de sa voit forte, me faisant sursauter, j'ai changé ! Je regrette le passé, je regrette tout, je ne veux plus vous faire de mal, je te le jure !"

Les larmes coulent à flot sur mon visage. Je n'arrive plus à les retenir, ma tête tourne, je me sens glisser puis tomber à genoux. Profitant de cette opportunité, mon père entre dans la maison, s'accroupissant près de moi. Il s'apprête à déposer sa main sur mon épaule, que je repousse en m'écartant de lui, reculant pas à pas jusqu'à être coincée contre mon canapé.

"- Ne me touches pas! M'écriais-je paralysée."

Renonçant, il repose son bras sur sa cuisse, son regard fixant mes larmes.

"- J-Juvia, bredouille-t-il confu.

- Hey ! S'écrie la voix de Grey derrière mon père. Vous n'êtes plus la bien venu ici, alors dégagez, ou j'appelle la police. Tranche-t-il d'une voix autoritaire et menaçante."

Je fixe mon copain, celui-ci dégageant une aura protectrice.
Mon père se lève, las, les bras ballants, se retournant vers mon copain. Il se dirige vers lui, mon brun ne bronchant aucunement, ses poings se retenant de lui arriver dans la figure. Mon géniteur finit par dépasser le pas de la porte, se retournant une dernière fois.

"- Juvia, j'aimerais vraiment qu'on discute, dans un lieu public si tu le souhaite, ou... Il hésite un instant, puis se reprend, où tu le souhaites, je t'en supplie, réfléchis-y."

Puis il quitte enfin la pièce, me laissant tremblante, en pleurs devant mon copain. Grey accoure enfin vers moi, me prenant de manière précipitée dans ses bras, embrassant mon crâne de mille baisers. Il me serre contre lui d'un geste protecteur, refermant une barrière autour de moi.

"- Tu m'as fais peur ..."

Je ne réponds pas, sanglotant contre son torse, une boule au ventre s'étant formée au creux de ma gorge.

"- C'était ton père, n'est-ce pas ? Me demande-t-il la voix grinçante."

Je réponds d'un gémissement plaintif.

Après une vingtaine de minutes bercée contre Grey, mes pleurs et tremblement cessent. Je restent blottie contre lui, ne pouvant ouvrir la bouche.

"- Viens, on va s'allonger sur le canapé, décide-t-il en me soulevant puis m'amenant sur le sofa. A peine se décroche-t-il de moi pour s'installer, je le réclame à nouveau, sa chaleur s'étant évaporée. Il revient, et me cale contre son torse bétonné, enfouissant ses mains dans mon cou, qu'il caresse délicatement.

Ses gestes m'apaisent, il embrasse ma tempe, amoureusement, et je finis par déclarer, la voix enrouée :

"- J'ai eu l'impression de retourner 3 ans en arrière ...
- Je sais, me murmure-t-il. Moi aussi figures-toi. »

Un silence s'installe un instant, puis il est à nouveau coupé par la voix de mon brun :

« - Juvia, je veux que vous veniez vivre à la maison, toi et Wendy, chez moi, dans mon appartement.
- Quoi? Lui répondis-je surprise. Mais pourquoi ?
- Je ne veux pas te savoir sans moi pendant que cet ogre te tourne autour. M'avoue-t-il la voix grave.
- Grey...
- Non, me coupe-t-il, je sais déjà ce que tu vas répondre. Il y a de la place dans mon appartement.
- Pas assez pour trois... le contredis-je.
- Juvia s'il te plaît... tu ne te rends pas compte à quel point je suis inquiet.
- J'imagine très bien, mon ange.
- Je ferais de la place, et je ferai tout pour que vous vous sentiez à l'aise, me promet-il.
- Grey je... je m'arrête un instant, puis plonge mon regard dans le sien. Sa mâchoire est crispée, ses poings se sont rétractés. Bon c'est d'accord, acquiesçais-je enfin. »

Ses muscles se détendent brusquement. Sa bouche vient se plaquer brusquement sur mes lèvres, il me serre contre lui, tout à coup soulagé. La tension est rapidement redescendu après la scène de tout à l'heure. Et moi même suis tellement rassurée de ne pas être seule, et d'avoir Grey pour nous protéger avec Wendy.

Il m'allonge le long de mon canapé, continuant ses baisers. Il se met à caresser mon cou, embrasser mes clavicules. Ses mains sont brûlantes, sa jambe gauche vient s'enfoncer dans le creux des miennes. Ma poitrine se soulève irrégulièrement, sentant précipitamment la chaleur monter. Mes mains s'enroulent autour de son cou, approfondissant notre échange tout en le rapprochant de moi.

Le passé me retient, je ne sais plus, ne vit plus, les mots se bloquent, mon âme est muette, comme si elle ne pouvait exprimer sa terreur.