{ Crever l'abcès }

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J'entends la porte grincer. Mes yeux s'ouvrent brusquement, et je me retourne afin d'au moins analyser la silhouette à l'encadrement de la porte. De larges mains se plonge dans sa tignasse brune, et je reconnais instinctivement la voix rauque de grey, lorsque celui-ci lâche un râle de mécontentement.

Sans même allumer la lumière, il enlève son tee-shirt ainsi que son pantalon, et vient se coucher dans les draps frais du lit. Il enlace mon ventre et niche sa tête au creux de mon cou, qu'il embrasse avant de murmurer un "bonne nuit".

Mais ne voulant pas finir la conversation ici, je me retourne vers lui et le regarde attentivement avant de lui demander :

« - Tu as bu ? »

Il me toise un instant, puis répond simplement :

« - Légèrement. »

Je secoue la tête de gauche à droite d'exaspération, et Grey se met à rigoler comme un enfant. Il dépose sa main sur ma joue et embrasse chastement mon front.

« - Tu as passé une bonne journée? Me demande-t-il.
- Assez bonne, répondis-je, mais tu m'as manqué ce soir. Avouais-je soudainement timide.
- Mais qu'arriverait-il à notre Juvia ce soir, me taquine-t-il, ne serais-tu pas amoureuse ?
- Juste un peu, boudais-je. »

Il rigole à nouveau, et me serre plus fort contre son torse.

« - Tu es fatigué ? Lui demandais-je d'une voix peu innocente.
- Hmm... râle-t-il, plus maintenant. »

Sans me laisser le temps de répondre, il capture violemment mes lèvres et se positionne au dessus de moi. Il fixe un instant mon ventre légèrement gonflé, et finit par déclarer moqueur :

« - Vaudrait mieux en profiter avant que tu ne sois trop bedonnante.
- Hé! Murmurais-je vexée. »

•••

Je me lève du lit tout en sachant que Grey est toujours en train de dormir paisiblement. Je regarde l'heure sur mon téléphone, celui-ci affichant 6 heures 37. J'enroule mon corps nu dans un peignoir douillet, et gagne le salon d'un pas lent, lorsque j'aperçois Wendy affalée sur un tabouret de la cuisine. Surprise de la voir levée si tôt pour un jour où elle est sensée commencer à 9h, je m'approche doucement d'elle, et pose ma main sur son crâne. Elle se relève brusquement et me scrute le regard confus.

« - Désolé, chuchote-t-elle, je crois que je m'étais endormie.
- Que fais-tu debout si tôt ce matin ?
- Mon réveil a sonné trop tôt, râle-t-elle, j'ai pas réussi à me rendormir.
- Je vois. Tu as déjeuné ?
- Non. Elle se place correctement sur son siège et commence à tracer des cercles sur le plan de travail.
- Je te prépare un petit dej'? Lui proposais-je alors.
- Ok... »

Elle détourne le regard, et un silence s'installe une énième fois depuis notre dispute.
Pendant ce temps, je sors une poêle ainsi qu'un saladier, puis décide finalement de crever l'abcès entre nous :

« - Wendy, soufflais-je. On ne va pas s'en vouloir éternellement si?
- Non... répond-elle d'une petite voix.
- Écoute, commençais-je, je regrette de ne pas t'en avoir parlé. Je sais que ça te concerne tout aussi bien que moi, mais après ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'on l'a vu, je pensais que tu ne voulais plus entendre parler.
- Je sais que j'ai réagis violemment, dit-elle en faisant la moue. Et je suis désolée si je t'ai blessé, je t'ai dis des mots méchants.
- Tu as du te sentir délaissée je comprends, ne t'inquiète pas.
- Je sais que tu fais beaucoup pour moi, tu sais ? Mais je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir de la colère à ce moment là. Même si c'était pour me protéger ...
- Nous avons vécu beaucoup de choses toutes les deux, et toi tu es plus jeune que moi, mais tu es devenu très forte et mature. Je n'aurais pas du avoir peur de t'en parler.
- Je suis désolée de t'avoir traitée de lâche... s'excuse-t-elle à nouveau."

D'un sourire attendrit, je m'approche d'elle et serre sa main contre la mienne.

"- Il faudra que je te parle de quelque chose tout à l'heure, murmurais-je.
- Pourquoi pas maintenant ? Demande-t-elle curieuse.
- Ca doit être qu'entre nous."

Douteuse, elle me scrute les yeux plissés un instant, puis détache son regard du mien et s'écrie :

"- Je crois que ma pancake est cuite!"

Je me retourne vivement et aperçoit que de la fumée âcre sors de la crêpe de façon abondante. Je retourne rapidement celle-ci, et je pouffe de rire en voyant qu'elle est bien cramée.

Wendy se lève de son tabouret et me rejoins en contournant le plan de travail. Elle rigole à son tour en voyant l'état de sa crêpe.

"- T'es pas trop multitâche ... me dit-elle moqueuse."

Je lui jette un regard mi-amusé, mi-noir et lui pince sa joue droite.

"- Œufs brouillés ou au plat ?
- Deux œufs au plat s'il te plaît."

Je m'apprête à sortir les œufs du frigo, lorsque la voix de Grey retentit dans la pièce :

"- Excusez moi mesdemoiselles..., mais vous êtes trop belles pour que je ne sois pas dans un rêve."

Je ferme la porte du réfrigérateur et souris en le regardant se tenir debout mais toujours endormi, se frottant les yeux comme un enfant.

"- Charmeur dès le matin. Lui fis-je remarquer en me dirigeant vers lui.
- Toujours, répond-il taquin."

Il place sa main autour de ma taille et vient embrasser mes lèvres. Il descend son regard affamé sur mon peignoir, sachant qu'il n'y a rien en dessous.

"- N'y pense même pas, le grondais-je à voix basse.
- Mais tu étais d'accord pour dire qu'on devait en profiter... répond-il comme un gosse gâté.
- Mais tu vois bien que c'est pas le moment, rétorquais-je amusée. »

Résigné, il se décolle de moi l'air boudeur et se dirige vers Wendy, celle-ci -heureusement- n'ayant pas fais attention à écouter notre conversation.

« - Tu préparais quoi de bon ? Me demande-t-il en reniflant l'odeur de cramée dans la poêle pleine de pâte à crêpes.
- Heum... comment dire... balbutiais-je gênée.
- Des pancakes, me coupa Wendy, mais elles ont finit par cramer, rajoute-t-elle en rigolant. »

Grey pouffe de moquerie et se tourne vers moi.

« - Alors comme ça on ne sait pas faire cuire de pauvres de crêpes ?
- On réglait quelque chose, raillais-je pour ma défense. »

Il secoue la tête de gauche à droite et lance un regard vainqueur à Wendy :

« - Donc on est bien d'accord qu'entre elle et moi, c'est moi qui cuisine le mieux ? »

Je lui lance un regard noir, et annonce avant même que ma soeur ne puisse répondre :

« - Si tu réponds oui, tu peux dire au revoir à ton petit déjeuné fais maison.
- Hé ! S'écrie-t-elle de manière indigne, ça c'est pas juste !
- J'avoue, ajoute Grey à la suite, c'est pas fair-play.
- Oh que si c'est très fair-play. Répondis-je fière. »

Comme réponse, mon brun se jette sur moi les mains pleines de pâte crue et les fais glisser le long de mon visage. Encore surprise de son geste, je le regarde méchamment et lui lance l'âme vengeresse :

« - Alors ça, grognais-je, tu vas le payer. »

Une pluie marécageuse 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant