Chapitre 22 : « Famille » partie 3

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Nathaniel

J'inspirai une grande bouffée d'air avant de me retourner, les mains tremblantes tel un enfant prit la main dans le sac.

Sauf qu'aucun enfant ne méritait de vivre un tel calvaire. Pour aucune raison. Sous aucun prétexte.

Son regard posé sur moi me glaça le sang, me rappelant des souvenirs que j'avais jusqu'alors réussi à enfouir si loin que j'avais presque cru les avoir imaginés.

Presque.

Parce que maintenant qu'il me faisait face, son regard véritable posé sur moi, je me sentais comme la dernière des merde. Invulnérable. Seul. Comme à chaque fois que maman et Ambre nous avaient tourné le dos, fermant involontairement les yeux sur ma détresse. Me croyant enfin libre, j'avais osé rêver d'un avenir loin de mes cauchemars, sauf que mon quotidien avait fini par me rattraper.

Mes yeux résolument fixés au sol, j'étais tout bonnement incapable de bouger, même lorsque sa main se posa sur mon épaule et que son haleine vint chatouiller mon oreille.

- Tu ne mérites pas l'amour de cette fille. Tu verras, quand elle se sera rendue compte d'à quel point tu es une cause perdue, elle aussi te trouvera pitoyable. Tu penses que je ne suis pas au courant de tes magouilles ? C'est grâce à moi si tu ne croupis pas en prison à l'heure qu'il est.

Et soudain, plus rien.

Plus de boule au ventre, plus d'air dans mes poumons, plus de main glacée pour me broyer l'épaule.

Juste un bruit sourd de pas qui disparaît dans l'obscurité.

*

Respire.

J'agrippais le mur derrière moi d'une main pour me soutenir.

Putain respire !

L'air glacial entra avec une telle brutalité dans mes poumons que j'en crachai de douleur. Appuyé contre la façade arrière de la demeure, mon ventre se noua avant que j'expulse l'intégralité de mon repas sur le gazon parfaitement entretenu. Un demi-sourire aux lèvres, j'essuyai le coin de ma bouche d'un revers de main complètement tremblante. J'espère que le cadeau leur plaira.

La neige, celle-ci ayant commencé à tomber depuis un moment déjà, étouffait le moindre son, rendant ma respiration suffocante encore plus insupportable à contrôler. Sentant la panique m'envahir après ses paroles, j'étais sorti précipitamment pour espérer retrouver mon calme. Mais comment le retrouver ? Il avait raison sur toute la ligne ! Quand Andraste allait se rendre compte qu'elle perdait son temps avec un bon à rien comme moi, elle me quitterait, c'était sûr. Qu'est-ce qu'elle foutait avec moi d'ailleurs ? Si mes propres parents n'avaient pas réussi à m'aimer, pourquoi est-ce que quelqu'un d'autre y arriverait ? Et de plus, depuis quand était-il au courant de mes activités ? Putain, cet enfoiré en savait bien plus qu'il ne le montrait, ça me rendait fou !

M'accroupissant contre le mur, je regardai mes mains d'un air absent. Cette visite était décidément la pire idée que j'ai eu. Et dire que j'avais vraiment cru que ça pouvait changer quelque chose...

Les flocons égarés sur mes paumes ouvertes se retrouvèrent soudain recouverts d'une épaisse couverture. Levant les yeux, je croisai un regard aussi doré que le mien.

- Je savais que je te trouverai là quand je l'ai vu sortir du couloir.

Ma jumelle s'installa alors contre mon flan gauche avant de se glisser à son tour sous l'épais tissus.

- Ta crise de panique a l'air finie.

- Je ne faisais pas de crise de panique, me défendis-je, piqué au vif.

Imprévisible Attirance [Amour Sucré - Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant