Imprévisible Attirance [Amour Sucré - Nathaniel]

Chapitre 5 : Doux-amer

Andraste

J'émergeai difficilement d'un sommeil peu réparateur, réveillée par le vibreur d'un téléphone qui reçoit un appel. Je tentai d'ouvrir les yeux, dans un semi-coma, et ne tardai pas à me rendre compte qu'ils étaient totalement boursouflés, voire même douloureux. Des pas se firent entendre autour de moi puis une porte claqua. Une voix masculine s'éleva alors, comme étouffée. Celle-ci ne m'était pas inconnue, elle était douce et chaude et me ramenait dans des fantasmes des plus agréables, dans lesquels elle et moi partagions des instants fugaces.

Petit à petit, alors que je sortais doucement de mes rêves chaleureux, les mots prononcés par la voix se firent plus distincts. Des bribes de conversations me parvinrent plus clairement et je tentai de me concentrer dessus :

- Oui Arthur... Je ferais au mieux, tu le sais bien... D'accord.

Qui était ce Arthur ? Et que voulait-il à ma voix ?

- Non s'il te plait, je ferais ce que tu voudras mais pas elle.

La nervosité fut tout à coup absolument palpable dans son intonation, ce qui me tira un peu plus de mon sommeil. J'ouvris difficilement les yeux et ne reconnus pas immédiatement la pièce autour de moi, quand un chat blanc sauta sur le lit et vint se coller contre mon ventre en ronronnant. Je le regardai, totalement éberluée, quand tous les souvenirs de la nuit refirent surface. J'étais chez Nathaniel et ce chat devait certainement être Blanche, la femelle qu'il avait adoptée quand il s'était émancipé au lycée.

Cette nuit, Nath m'avait tout révélé. Il m'avait fait entièrement confiance et avait accepté de m'offrir ses plus sombres secrets. Tout me revint alors. Le trafic de drogue, son rôle à jouer dans cette organisation qu'il avait l'air de diriger en partie, l'épée de Damoclès suspendue sans cesse au dessus de sa tête et, d'après lui, désormais également au dessus de la mienne. Ce trop plein d'informations me retourna alors le ventre et dans une plainte, je repoussai doucement la chatte qui avait commencé à faire sa toilette contre moi. La voix de Nathaniel s'était tue depuis un certain temps quand je m'extrayais enfin du lit. J'ouvris précipitamment la porte qui séparait sa chambre de la pièce à vivre, craignant qu'il ne se soit volatilisé. Malheureusement, mes craintes se confirmèrent, la pièce étant désormais entièrement vide. Mes yeux se posèrent vers la table basse, sur laquelle trônait un petit post-it jaune avec un mot à mon intention.

" Andraste,

J'ai quelques choses à régler de mon côté, mais après la nuit difficile que tu viens de passer, je ne voulais pas te réveiller. Ce n'est rien de dangereux, ne t'inquiète pas pour moi.

Tu peux rester dans mon appartement autant que tu le souhaites, il n'a jamais connu de compagnie aussi agréable.

Et je dois dire que moi non plus.

Je suis sincèrement désolé de ne pas être là à ton réveil et surtout, de te causer autant de soucis. Ne m'en veux pas s'il te plaît.

Nathaniel."

Je reposai alors le papier là où je l'avais trouvé. Il était parti car il avait des choses à régler, très bien. Mais j'espérais sincèrement qu'il ne me mentait pas quand il disait que ce n'était rien de dangereux, car j'imaginais désormais le pire concernant ses activités. Finalement, dans l'optique de me rafraîchir les idées, je me dirigeai dans la salle de bain pour prendre une douche.

Une fois totalement rincée de mes émotions de la nuit, emplie de l'odeur du gel douche de Nathaniel, j'ouvris sa penderie pour y chercher un t-shirt propre. J'en sortis un au hasard et l'enfilait. Il était beaucoup trop grand pour moi, Nath s'était décidément vraiment musclé depuis le lycée, et je me pris à le renifler. Il sentait si bon, je ne m'en lassais pas. J'avais l'impression d'être encore auprès de lui, dans ses bras, tant tout autour était marqué par son odeur, moi y compris.

Passer la nuit à ses côtés s'était montré être la chose la plus déstabilisante qu'il m'était arrivé de vivre. Et la plus naturelle aussi. Sentir ses bras protecteurs tout autour de moi, ses mains tuméfiées et pourtant si douces caresser mes cheveux ainsi que ma peau dans des gestes lents et doux et par dessus tout, sentir sa bouche se promener délicatement sur moi avaient eu le don de calmer mes frayeurs le temps d'un instant. De ses lèvres, il avait tracé des sillons imaginaires le long de mes bras, avait embrassé religieusement chacun de mes doigts ainsi que l'intérieur de mes paumes, me forçant à lâcher son débardeur que je serrais peut-être un peu trop fort. Il ne s'était rien passé entre nous cette nuit, mais ses gestes chastes avaient totalement électrisé chaque parcelle de mon corps. Quant à ses yeux, ils m'avaient avoué une infinité de choses que sa bouche n'osait me dire.

Mais cette nuit resta comme un souvenir doux-amer au fond de mon cœur. Car cet instant, aussi fort soit-il, semblait destiné à n'être qu'unique. Nathaniel m'avait fait comprendre bien plus de choses qu'il n'en avaient dites. Il semblait s'être résigné à ce qui vraisemblablement, grandissait entre nous, prêt à m'éloigner pour pouvoir mieux me protéger, j'en étais sûre. Il avait ouvert la brèche le temps d'un instant pour me laisser m'y glisser, fugacement, avant de la laisser se refermer définitivement.

C'est pour cela que lors de mon réveil, une peur panique m'avait assaillie en me rendant compte qu'il allait m'abandonner là. Comment se comporterait-il envers moi lors de nos prochaines retrouvailles ? Je n'étais pas prête à ce qu'il redevienne la personne froide et distante qu'il aimait tant jouer.

J'attrapai alors le reste de mes affaires et sortis de ce cocon dans lequel je m'étais réfugiée. Nous étions dimanche et j'avais visiblement besoin de me ressourcer, alors j'envoyai un message à Chani, ma nouvelle amie rencontrée à la fac, et lui demandai si elle était libre. Sa réponse ne tarda pas à arriver et nous nous donnâmes rendez-vous au parc.

J'attendais assise sur un banc quand je vis Chani arriver. Disons qu'avec ses New Rock, on ne pouvait pas la rater. Je me levai alors et la serrai dans mes bras. Cette fille me manquait tout le temps, c'était incroyable.

- Cha, te voilà !

Elle me rendit alors mon étreinte avec un immense sourire, cette fille était adorable.

- Tu as l'air heureuse de me voir Andraste ! Et justement, il me semble que tu as des choses à me raconter !

Faisant très certainement référence au concert de Crowstorm, je me réinstallai et commençai alors à lui raconter toute la soirée, en omettant en revanche de lui relater les révélations que m'avaient faites Nathaniel cette nuit ainsi que ce qui s'en était suivi. Je ne voulais pas briser la confiance qu'il m'avait offerte, alors je restai délibérément vague sur le sujet. Chani s'en aperçut mais ne m'en tint pas rigueur, ce que j'adorais chez elle. Elle était la personne la plus humaine et à l'écoute que je connaissais.

Une fois mon récit terminé, elle baissa alors les yeux sur le haut que je portais et me questionna :

- Et ce t-shirt, il est à qui ?

Oups, j'avais oublié ce détail.

- Il est à Nathaniel, je le lui ai emprunté.

Elle me lança alors un regard suspicieux, un sourire en coin étirant ses lèvres.

- Donc, dois-je en déduire qu'il s'est passé quelque chose avec ce beau blond ?

- Pas du tout enfin ! Je.. j'ai juste dormi chez lui, mais il ne s'est rien passé je te le jure.

- Alors pourquoi est-ce que tu es devenue toute rouge comme ça ?

Son ton était clairement joyeux, elle s'amusait visiblement énormément de cette conversation.

- Andraste, je ne te poserais pas plus de questions. Mais sache que je serais heureuse pour toi si tu te mettais avec Nathaniel. Les autres l'ont peut-être jugé parce qu'il a dû effectivement beaucoup changer, mais de ce que tu me racontes, il a l'air de tenir beaucoup à toi.

- Merci Chani, mais il n'y a rien eu entre nous, je te l'assure.

Je lui offris alors un sourire empli de gratitude, quand je reconnus au loin un visage familier.