Nathaniel
Ce soir là, profitant du double des clés que m'avait donné Kim et du calme de la nuit, je m'attelai dans la salle de sport dans un silence de plomb. J'avais abandonné la présence salvatrice d'Andraste pour retourner à mes occupations habituelles, moins reposantes. J'étais épuisé, à la fois physiquement et mentalement, du train de vie que je menais depuis maintenant près de quatre ans. Il m'arrivait souvent de me demander où est-ce que j'en serais à l'heure actuelle si je n'avais pas croisé la route de ces dealeurs et de tout ce trafic de drogue même si, pour être tout à fait honnête, c'était un travail dans lequel j'excellais. J'avais si vite monté dans la hiérarchie, au point d'ailleurs, de donner des conseils aux personnes les plus hautes placées dans ce système. Je déterminais les endroits stratégiques pour vendre ainsi que ceux à éviter et, croyez-moi, les guerres de "gangs" n'étaient clairement pas jolies à voir. C'était d'ailleurs pour cela que j'avais commencé la boxe, le self-défense étant le seul moyen de survivre dans cet univers. Ici, il valait mieux manger qu'être mangé.
La boxe s'était révélée avoir d'autres vertus que je n'avais alors pas soupçonnées. Une tension constante semblait courir en moi et, frapper de toutes mes forces s'était montré être le plus incroyable des effets libératoires. Je frappais souvent, voire même trop souvent, à m'en exploser les phalanges. La colère sourde, que j'avais tue durant toutes ces années de maltraitance par celui que j'avais, jadis, appelé mon père, s'était comme décuplée en se libérant. Il y avait quelque chose qui grondait en moi et j'avais l'impression que rien ne pourrait jamais l'assouvir.
Alors je frappai, encore et encore, jusqu'à ce que la douleur physique recouvre les tourments de mes pensées. C'était une libération brutale et totalement euphorique, même si je savais qu'elle ne serait jamais suffisante. Le seul moyen de stopper définitivement ce cercle vicieux de haine dans lequel je m'étais perdu depuis ma plus tendre enfance, c'était de voir souffrir l'homme qui m'avait élevé comme il m'avait fait souffrir. C'était de voir sa tête remplacer le sac de frappe. De le voir me supplier d'arrêter comme je le suppliais lorsque j'étais enfant.
Je me mis à frapper plus fort, toujours plus fort, ignorant le liquide rouge qui commençait à recouvrir mes bandages. Le sang battait dans mes tempes à une vitesse folle, totalement assourdissante, à tel point que je ne m'entendis même plus hurler de rage.
Mais c'est alors que deux bras entourèrent mon corps et me tirèrent de ma torpeur. Tous mes muscles se contractèrent sous l'effet de la surprise, prêts à envoyer mon meilleur uppercut dans la face de cet élément perturbateur si nécessaire, quand une petite voix hésitante s'éleva soudain :
- Nathaniel, calme-toi.
C'était elle. La seule personne qui arrivait à calmer mes pires démons se tenait dans mon dos, me serrant de toutes ses forces de ses minuscules bras frêles et tremblant. Mais une fois la surprise passée, je me rendis compte que la peur transperçait clairement dans son intonation. Cette dernière avait peur de moi.
Toute ma colère se tut ainsi immédiatement pour faire place à une autre émotion, plus destructrice encore : la honte.
- Nath, ça suffit maintenant. Tout va bien.
J'abaissai lentement mes poings, évitant tout mouvement brusque dans la crainte de l'effrayer encore plus. Maintenant que mes idées étaient un peu plus claires, une question s'imposa à moi.
- Andraste, qu'est-ce que tu fais ici ?
Mon intonation était grave et froide, mais dans l'immédiat, c'était tout ce que je pouvais lui donner. M'extrayant de ses bras, je me retournai pour lui faire face. L'expression que je lus ensuite sur son visage accentua drastiquement la honte qui m'écrasait. La jeune femme se montrait littéralement effrayée et, le pire dans tout ça, c'est qu'elle avait entièrement raison de l'être. Pour éviter toute question de sa part, j'ouvris la bouche et lui redemandai :
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Imprévisible Attirance [Amour Sucré - Nathaniel]
FanfictionAu premier abord, je ne l'avais pas immédiatement reconnu. Il semblait plus mûr, plus froid également, comme marqué par une charge trop lourde à porter pour lui. Mais à mieux y regarder, il s'était également embelli. C'est ainsi qu'au détour de no...