Chapitre 19 : Dépendance sentimentale

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Nathaniel

- Tiens mec, t'as fait du bon boulot, me dit Max tout en tendant une liasse de billets dans ma direction.

Sans hésitation, je l'attrapai pour la glisser dans la poche intérieure de ma veste.

- Merci.

- T'as l'air un peu plus en forme ces derniers temps, ça fait plaisir.

Relevant la tête en direction de mon collègue, je décelai une lueur de curiosité au fond de ses prunelles rendues noires par l'obscurité. De toutes les personnes du trafic, Max était le seul que je considérais réellement. Il était loin des attardés qu'on pouvait croiser ici, préférant faire marcher son cerveau plutôt que ses poings, ce qui se montrait agréablement utile et efficace. J'étais loin de le considérer comme un ami, mais il n'empêche qu'il était ici, pour moi, ce qui s'en rapprochai le plus.

Ne sachant quoi répondre, je haussai nonchalamment les épaules face à sa remarque qui m'avait mis, malgré moi, mal à l'aise.

- Je suis comme d'habitude, lui dis-je tout en m'asseyant sur le bord du trottoir, appuyant ainsi mon dos contre le mur derrière-moi.

Tandis que je sortais tout mon nécessaire pour rouler un joint bien mérité, le brun s'affala à côté de moi, réagissant au contact du béton glacé juste sous ses fesses.

- Merde, ça caille de plus en plus ! se plaignit-t-il tout en frictionnant énergiquement ses bras de ses mains.

Amusé, mes lèvres se retroussèrent d'elles-même alors que je jetai un coup d'œil dans sa direction, l'observant ainsi lutter pour ne pas trembler comme une feuille.

- Tu sais que c'est que le début de l'hiver, lui rappelai-je.

- Je sais mec, mais je suis pas fait pour le froid, moi. Quand je me serai fait assez de thunes, je me casserai d'ici pour aller me dorer la pilule au soleil tout le restant de ma vie.

Restant résolument tourné vers ma tâche, j'évitai soigneusement de formuler le fond de ma pensée à Max. Pensait-il sérieusement pouvoir partir comme ça ? Moi je me sentais coincé. Foutrement coincé, même. Comme si, jour après jour, les barreaux de la cage invisible dans laquelle j'avais volontairement accepté de m'enfermer se refermaient chaque fois un peu plus, écrasant mon corps de sa pression insidieuse et mon esprit de son illusion de liberté.

Gardant le silence, j'amenai le joint jusqu'à mon visage pour venir lécher la feuille, terminant ainsi le cône parfait que je venais de rouler. Le filtre improvisé entre mes lèvres, je sortais un briquet d'une de mes poches et en allumai le bout. La bouffée calma immédiatement les pensées qui commençaient à m'envahir, forçant ma cage thoracique à se détendre entièrement pour laisser circuler la fumée dans mes bronches, recouvrant mon cerveau d'un nuage flou et paisible. Arrivé à ma troisième latte, je tendis la clope en direction de Max qui l'attrapa sans se faire prier.

- Je sais très bien ce que t'en penses, commença-t-il, le regard perdu dans le vague. On est que des putains de pantins dans une organisation qu'on n'imagine même pas. Ce qu'on connaît, c'est qu'une infime partie du réseau. On est pas importants à leurs yeux, mais en même temps, ils peuvent pas nous laisser filer aussi facilement. On en sait trop et pas assez à la fois, c'est ça le problème.

Je méditais ses paroles quand il reprit, me faisant tousser de surprise :

- Mais bon, on va pas parler de ça maintenant. C'est qui la brune sur ton fond d'écran ? me questionna-t-il tout en levant un de ses sourcils en l'air.

Imprévisible Attirance [Amour Sucré - Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant