Chapitre 21 : « Famille » partie 2

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Nathaniel

- Nathaniel, pourrais-tu enfin te dépêcher d'entrer ? Nous n'attendons plus que toi.

Me sang ne fit qu'un tour, tel un mauvais poison qui se répand aussi rapidement que l'instant d'un souffle.

Réagissant instantanément, mon corps se rappelait.

De tout.

La douleur, la surprise, la peur...

Et surtout de la honte.

De celle qui t'entrave à tel point que tu n'arrives plus à respirer, que la moindre pensée envers celle-ci suffit à te pousser vers le fond, venant te chercher dans les heures les plus sombres de la nuit pour t'étouffer de son poids, te soustrayant ainsi à un silence plus assourdissant que le néant qui te happe. Ce sentiment si brutal, si humiliant, qui m'absorbait si fort qu'il en contractait mes muscles d'effroi, dans l'attente atroce d'une douleur résolument plus morale que physique, que rien ne saurait faire oublier tant elle était encrée en moi.

Des braises, c'est ce que j'étais.

Éteint, mais dans l'attente constante d'être un jour à nouveau remué, jusqu'à ce que mes flammes renaissent, me consumant telle une putain d'erreur de la nature.

C'est alors qu'une main attrapa mon avant-bras, tendant si violemment mes muscles que j'en gémis malgré-moi intérieurement de douleur. Surpris, je me retournai si brusquement envers sa propriétaire que je faillit la renverser dans ma hâte. Andraste me regardait avec de grands yeux, probablement effrayée par ma réaction qui contrastait parfaitement avec mes gestes plus tendres quelques instants plus tôt.

- Cesse de faire attendre ta mère, elle s'inquiète déjà bien assez pour toi en temps normal avec tes idioties habituelles, dit le monstre avant de jeter un regard plutôt étonné envers Andraste. Mademoiselle, vous revoici donc.

Toujours tourné face à ma brune, je contractai férocement mes mâchoires pour ne pas prononcer les mots qui me démangeaient depuis si longtemps. Comment faisait-il pour me rendre dingue en si peu de secondes ?

Ce dernier fit demi tour et entra dans l'immense résidence sans nous attendre. Tremblant de rage, j'attrapai nos affaires et fermai le coffre bien plus fort que nécessaire. La jeune femme me suivi sans un mot jusqu'à la porte d'entrée, et quand j'ouvris celle-ci, je jure que mes jambes défaillirent légèrement. Je pensais vraiment ne plus jamais mettre les pieds ici.

Sans attendre, je m'engageai dans les escaliers affaires en mains, montant jusqu'au premier sans un regard autour de moi. Une fois en haut, je bifurquai sur la gauche sans même chercher à allumer la lumière.

Je connaissais cet endroit par cœur.

Atteignant la porte du fond, je l'ouvrai d'un coup de pied bien moins mesuré que je ne l'avais voulu, faisant claquer bruyamment le battant sur le mur derrière. Je ne lâchai nos affaires qu'une fois entièrement dans ma chambre.

Dos à la porte, j'inspirai faiblement sans même m'en rendre compte cette odeur si familière durant plusieurs longues secondes, désormais perdu dans de lointains souvenirs. C'est seulement quand j'entendis remuer faiblement la jeune femme dans mon dos que je décidai de me tourner enfin face à elle, prêt à affronter son jugement.

Que je ne trouvai pas.

Andraste me regardait droit dans les yeux, nonchalamment appuyée contre l'encadrement de la porte, la lumière des escaliers faisant briller faiblement sa jupe à sequin dorée le long de ses hanches. Aucune désapprobation ne marquait son visage sérieux, seulement de l'inquiétude. Une inquiétude réelle, non face à ma réaction violente d'un instant plus tôt, mais face à ce qui se disputait en moi.

Imprévisible Attirance [Amour Sucré - Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant