Chapitre 3

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« Je ne m'en irai que lorsque je serai sûr que vous allez bien. » Jack DAWSON - Titanic.

01 Janvier 1984 - 09 heures 12.

Ce matin je ne me sens pas bien.

Je me sens rarement comme ça. En général je fais toujours tout pour éviter de me sentir comme ça ; mais aujourd'hui les choses sont différentes. Je suis épuisée. Hier je me suis arrangée à partir de chez Peter avant minuit mais je n'ai presque pas fermé l'œil de la nuit. J'ai les mains moites et l'estomac noué.

Seigneur... il ne faut surtout pas que je tombe malade ! Je t'en prie...
J'étouffe complètement dans ce bureau ; j'ai l'impression que le chauffage est en rogne ; c'est infernal !

Je sors de mon bureau, direction celui de Georges. Parler à quelqu'un me fera le plus grand bien j'en suis sure.

Je frappe deux coups à sa porte pour lui faire comprendre que je suis là mais pas en tant que médecin. C'est un procédé que nous avons adopté quand j'ai commencé à travailler à l'hôpital ; deux coups quand je viens en tant que Tanny et trois coups lorsque c'est le docteur PEARS.

− C'est ouvert !

« C'est ouvert, toujours ouvert pour toi Tanoula ! » Il me répète tout le temps ça.

J'entre sans plus perdre de temps, Il est affalé sur son divan la cravate défaite, les manches retroussées ; les cernes sous ses yeux montrent bien que contrairement à moi, lui a bien fêté le réveillon ; en le voyant ainsi qui croirait que c'est un brillant psychiatre et aussi le directeur de l'hôpital ? Surtout avec un bureau aussi mal rangé, il y a des post-it partout !

− Hey ma grande hier tu es partie trop tôt, j'ai exécuté des pas de danse que même James Brown serait incapable de reproduire !
− Je n'en doute pas mais je ne me sentais pas très bien.
− Quoi, mais pourquoi tu n'as rien dit, tu te sens mieux ?
− Ca va ne t'inquiète pas, j'étais juste préoccupée ; il y avait du monde aux urgences et moi je suis rentée fêter le nouvel an avec ma famille pendant que les autres ici bossaient, voilà qui va encore faire jaser sur mon pseudo traitement de faveur !
− C'est donc ça qui te préoccupe ? Tu n'as pas à t'en faire à ce propos, les gens ne se fondent pas sur le fait que tu sois ma fille pour te juger ici mais plutôt sur ton boulot et tu fais de l'excellent travail, d'ailleurs j'ai entendu dire que tu avais sauvé l'un des fils du maire d'une vilaine attaque d'amandes !

Je ne peux m'empêcher de sourire à sa dernière remarque.

− C'était pas grand-chose, ils ne tiendront pas compte de ça pour me qualifier de bon médecin, je suis cardiologue je te signale !

Il soupire, résigné.

- Tu es une véritable tête de mule, comme ta mère !

Il parle d'elle avec une certaine nostalgie pourtant que je sache, ils ne se côtoyaient pas vraiment.

− A propos du fils du maire, j'aimerai que tu passes lui rendre une petite visite. Je l'ai gardé en observation exprès pour que tu aies l'occasion de le voir.

− Tu crois qu'il en a besoin ?
− Oui et pas qu'un peu. Il a tenté de se suicider avec ces amandes, pas commun comme technique je lui accorde au moins ça.
− Son cas te préoccupe beaucoup à ce que je vois, tu as eu le béguin ?

Si tu pouvais pénétrer ma pensée tu réaliserais qu'il m'est impossible d'avoir le béguin pour un GRANT ou qui que ce soit d'autre, à une exception près.

− Non, c'est un gosse, et un gosse déprimé qui plus est !
− Tu pourrais lui redonner gout à la vie !
− Euh non je te vois venir et je t'arrête tout de suite, je n'ai aucune envie d'être en couple !
− Une relation non-exclusive alors ?
− Bon j'ai du boulot, c'était sympa de te parler ; oh et je dirai à Peter que tu me conseilles des relations libres !

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant