Chapitre 4

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Mardi 10 Janvier 1984.

Aujourd'hui j'ai décidé de faire une pause et me détendre. Depuis le début de l'année je passe mes journées et mes soirées à l'hôpital. Certes j'aime ça, mais j'ai l'impression de ne plus avoir de vie. Et pour y remédier, j'ai proposé à Grace de faire quelques achats pour renouveler ma garde robe.

− Pourquoi tu dis que tu renouvelles ta garde robe si tu n'achètes que les mêmes fringues, tu préfères les robes et les jupes je te l'accorde mais tu as le droit de mettre un pantalon tu sais ?! Je ne comprends pas pourquoi vous restez accrochées à vos jupes, on est en 1984 bon sang !

− Je sais mademoiselle la féministe, mais je préfère de loin les jupes aux pantalons. De nos jours, certaines femmes noires bannissent la jupe au profit du pantalon pour prouver tout un tas de choses et c'est leur choix ; c'est ton choix. Tu as le droit de ne mettre que des pantalons si cela te plait, considère simplement que je suis de celles qui se sentent belles dans une robe. Comment tu trouves cette jupe ? Dis-je en me tournant vers elle avec la jupe que j'ai sortie du rayon.

− Elle est mignonne mais je n'ose même pas imaginer ce que ça fera quand tu te pavaneras dedans à l'hôpital, ceux qui croiseront ta route auront soit besoin d'un cardiologue soit d'un bon avocat !
− Grace... je mets toujours une blouse et à t'entendre on croirait que je me fringue comme une prostituée !
− Mais bien sur que non, je te fais un compliment là, tu es une très belle femme et tu t'habilles bien c'est juste que depuis que tu n'habites plus à la maison je me fais du souci pour ta sécurité... écoute on fait un deal, je choisis tes tenues et je les dépose chez toi et pendant ce temps tu peux aller chez la coiffeuse !
− Qu'est-ce que tu reproches à ma coiffure ? demandé-je en passant nerveusement la main dans mes cheveux.
− Rien mais j'ai pensé que tu voudrais te faire toute belle quand je te dirai que Drew est de retour... dit-elle d'un air sournois.
− D-D-Drew est de retour, mais depuis quand ?
− D-d-depuis hier, il est passé voir papa juste après son arrivée et ce soir il vient diner ; je suppose que toi aussi ?
− Euh non, je, j'ai autre chose de prévue ; Margaret est allée voir sa mère dans le Connecticut et Georges veut que je l'accompagne à un diner.
− Raison de plus pour aller chez la coiffeuse !
− Mais qu'est-ce que tu reproches à mes cheveux à la fin !?
− Rien je te dis ! Ils sont mochement beaux, comme d'habitude !

Je lui fais une grimace.

– J'ai des cheveux magnifiques, mais je vais quand même aller chez Miss Katy, question de te faire taire une bonne fois pour toute !
– Ca marche !

Oh non... à la base je n'avais aucune envie d'aller à ce diner avec Georges, et lui non plus ne voulait pas y aller.

− Ma puce tu pourrais m'aider à nouer ma cravate ? Me crie Georges depuis la pièce de séjour.

Je vide mon verre d'eau dans l'évier avant de le rejoindre. Il se tient élégamment vêtu d'un costume bleu marine près de la cheminée sa cravate en main.

− Une cravate, rappelle moi où on doit aller déjà ?
− Chez mon futur meilleur ami, le maire.
− Le maire ?
− Oui, soupire-t-il. Depuis notre première rencontre Jonathan GRANT fait officiellement parti de mes patients et jusque là tout se passe bien mais il semble que le maire ait besoin d'être rassuré sur mes compétences en tant que psy.
− Mais je croyais que vous vous connaissiez !
− Oh on s'est bien rencontré lors de certains galas mais on ne se connait pas à proprement parler.
− Et donc aujourd'hui tu vas défendre ton diplôme devant le maire, quelle aventure !
− Je ne te le fais pas dire, pauvre de moi qui n'ai été que major de ma promo à Harvard ; tu l'as trop serré... en fait tu sais quoi ? Pas de cravate ce soir, je n'ai jamais aimé ça de toute façon et Maggy n'est pas là pour m'obliger à en mettre une.

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant